Archéologie

Le jade, pierre angulaire du Mexique préhispanique

D'où les Olmèques, les Mayas et les Aztèques extrayaient-ils le jade dont ils faisaient masques et statuettes ? Une expédition française a découvert un gisement important de cette pierre précieuse.

DOSSIER POUR LA SCIENCE N° 72
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«Ceux d'expérience qui la cherche [la pierre], ils savent où elle est : ils peuvent voir quand il y a une exhalaison de vapeur. Tôt, au point du jour, quand [le Soleil] se lève, ils trouvent où est sa place, où elle se trouve ; ils font face au Soleil. Et quand le Soleil est déjà levé, ils sont vraiment très attentifs en regardant. [...] De n'importe où, ils peuvent voir que quelque chose ressemblant à une petite [colonne] de fumée s'élève, que l'une d'elles [des pierres] crache de la vapeur, celle-ci est la pierre précieuse. Peut-être est-ce une pierre grossière ; peut-être est-ce une pierre commune. Ils la prennent ; ils l'emportent avec eux. Et s'ils ne sont pas satisfaits, si c'est seulement stérile là où la petite colonne de fumée s'élevait, par conséquent ils savent que la pierre précieuse est dans la terre. Quand ils creusent là où ils ont vu [la fumée s'élever], ils trouvent la pierre précieuse. »

Tiré de l'Historia general de las cosas de nueva España, ce témoignage indien du xvie siècle rapporte comment les Aztèques prospectaient le jade. Précisons que l'on distingue deux formes de jade, le jade-jadéite et le jade-néphrite (voir l'encadré page 64), mais que nous garderons ici le seul mot jade puisque, dans l'aire culturelle qui nous intéresse, seul le jade-jadéite était exploité. Pendant plus de 3 000 ans, cette pierre vert vif ou bleu lavande a été considérée comme précieuse et transformée en ornements par les peuples de Méso-Amérique. L'attirance des Méso-Américains pour le jade a disparu brusquement sous l'influence des conquistadors, qui, s'ils furent avides de métaux précieux, furent indifférents au jade. À tel point que même les lieux de provenance du jade méso-américain furent oubliés. Après avoir expliqué l'importance et la signification culturelles du jade, nous verrons comment nous

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François Gendron

François Gendron est archéologue au Département Préhistoire du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN, CNRS-UMR 7194) de Paris et au Centre de Recherche en Archéologie Préhispanique (CeRAP).

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David Smith

David Smith est professeur à l’École de médecine de l’Université du Maryland.

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Références

Articles

• D. Smith, Mesoamerican jade ; Raman spectroscopy in archaeology and art history, sous la direction de H. Edwards et J. Chalmers, in The Royal Society of Chemistry, Londres, 2005.

• F. Gendron, D. C. Smith et A. Gendron-Badou, Discovery of jadeite-jade in Guatemala confirmed by non-destructive Raman microscopy, in Journal of Archaeological Sciences, vol. 29 (8), pp. 837-851, 2002.

• D. C. Smith et F. Gendron, New locality and a new kind of jadeite jade from Guatemala : rutile-quartz-jadeitite, in Terra Nova, sup. n° 1 au vol. 9, p. 35, 1997.

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