A deux pas de l’Arc de triomphe, une Range Rover noire monte sur le trottoir. Un agent de sécurité sort de la voiture, ouvre la lourde porte d’entrée, puis celle du SUV d’où sort Arthur qui s’engouffre, sans un regard autour de lui, dans le sas sécurisé donnant accès aux bureaux de sa société de production, Satisfaction. Pas un mètre sans protection. Même les fenêtres de son bureau sont blindées, comme s’il était un chef d’Etat. C’est sa routine quotidienne depuis le 7 octobre 2023, une vie sous bulle sécuritaire, entre parenthèses. Dans l’Hexagone de 2025, c’est ainsi que vit un juif de France : dans la peur.

Arthur ne pensait pas un jour connaître cette peur : à 59 ans, il est un monument du patrimoine audiovisuel. Sans diplôme universitaire, mais passionné de radio et de franches rigolades, celui qui s’autoproclamait, en 1991, «l’animateur le plus con de la bande FM», a connu un succès foudroyant dans le divertissement et la production audiovisuelle, ce qui a fait de lui un richissime producteur qui produit 1 200 heures de programmes chaque année. Pas mal pour le petit juif marocain de Casablanca déraciné, Jacques Essebag de son vrai nom, qui a pris le pseudo d’Arthur en 1987.

Il débarque en France en 1967, à l’âge d’un an, dans les bagages de ses parents : «On est partis en vingt-quatre heures au moment de la guerre des Six Jours. Mes parents avaient 50 balles en poche et on a été hébergés dans un HLM chez un frère de ma mère à Massy. Il y a énormément de juifs q