C'est la nouvelle coqueluche de Jean-Luc Mélenchon et de la gauche pastèque, pro-Hamas au nom de la cause palestinienne. Celle qui se charge de décloisonner les mondes progressiste et intégriste, comme Tariq Ramadan en son temps. Chacun de ses tweets (plus de 400 000 abonnés) peut déchaîner une communauté de fans contre une cible, souvent mise en danger par l’accusation odieuse d’être un «soutien de génocide» si elle ose s’inquiéter de l’antisémitisme et refuse d’importer le conflit Hamas-Israël en France. Ses cibles ? Raphaël Glucksmann, la rabbine Delphine Horvilleur, Charlotte Gainsbourg ou l’imam Hassen Chalghoumi... Tous ont subi sa meute. Même ses rivaux, comme Aymeric Caron, connaissent sa foudre. Attention à ne pas mettre un pied sur son territoire. L’eurodéputée tient à garder son statut de star de la cause palestinienne.
Serait-elle lassée de siéger au Parlement européen ? Pour la deuxième fois au cours de son mandat, elle préfère prendre la mer et participer à une nouvelle croisière instagrammable. Mission officielle ? Briser le blocus et sauver Gaza. L’objectif paraît noble au moment où Benyamin Nétanyahou n’en finit plus de tuer des civils et de punir collectivement les Gazaouis pour le 7-Octobre. Mais de quel blocus parlons-nous ? L’aide humanitaire arrive par camions à Gaza. C’est le blocus naval, mis en place pour empêcher le ravitaillement en armes du Hamas que l’organisation terroriste cherche à défier grâce à ces flottilles, depuis des années, bien avant le 7-Octobre et la crise humanitaire... Or c’est un certain Zaher Birawi, soupçonné d’être un relais et qui pose aux côtés de dirigeants du Hamas, qui pilote ces expéditions depuis Londres. Rima Hassan ne peut l’ignorer. Elle considère d’ailleurs que le Hamas mène une action «légitime». En août 2024, elle tweetait : «En dehors de la pensée hégémonique occidentale, personne ne rattache le 7 oct à du terrorisme.» Une ligne réaffirmée dans un entretien à Thinkerview.
Notre enquête démontre qu’elle a toujours voulu se rendre en Israël. Un pays qu’elle abhorre et veut rayer de la carte : «Il n’y aura pas de 2 États. Peut-être qu’il faut que je l’écrive en arabe, en français et en anglais pour que ça rentre», a-t-elle tweeté récemment. Alors, idiote utile ou véritable compagne de route du Hamas? Pendant que Rima Hassan largue à nouveau les amarres, l’enquête inédite de Nora Bussigny lève le voile.
Rima Hassan se présente comme Franco-Palestinienne. Elle est née en Syrie, de parents syriens. Son père est soupçonné d'être proche du régime et d'avoir travaillé dans une usine de la région de Nairab, où il réside. Une usine qui fabriquerait des missiles balistiques pour l'Iran. Lorsque nous l'interrogeons une première fois à ce sujet, l'eurodéputée, qui laisse à son équipe le soin de répondre, ne souhaite ni confirmer ni infirmer l'information, arguant qu'il s'agit de sa vie privée. Puis va nous bloquer. Dans ses déclarations, le travail exact exercé par son père varie au gré des interviews qu'elle accorde. Impossible donc d'en savoir plus. Fait qui achève de troubler, elle n’a jamais publiquement critiqué le régime syrien du temps du dictateur. Pas même en 2012, lorsque ses forces armées massacrent des Palestiniens dans les camps de réfugiés !
Plus clair, elle a activement participé et appelé au « soulèvement » (intifada en arabe) des campus occidentaux au nom de Gaza. Une stratégie voulue par les Frères musulmans (dont est issu le Hamas) et la République islamique d’Iran (qui finance et arme le groupe terroriste). Le Guide suprême s’en est félicité dans un tweet. Rima Hassan, qui a mené ces actions à Sciences Po avec Students for Justice in Palestine (organisation affiliée aux Frères), pourrait s’en distancier. Mais elle a choisi de ne pas commenter. Lorsque Thomas Sotto l’interroge sur le plateau de Télématin, elle répond ne pas avoir lu ce message et ne pas «suivre» le Guide iranien sur X.
En revanche, elle suit et soutient les contenus de l’influenceur franco-iranien Shahin Hazamy, étroitement lié au régime de la République islamique (voir Franc-Tireur n° 189). Plusieurs fois invité par ses dignitaires, épinglé par Quotidien en train de distribuer des drapeaux du régime aux manifestants pro-Gaza place de la République, l’agitateur poste des vidéos incitant à la déstabilisation en France et partage des photos d’étudiants propalestiniens jetant du faux sang sur la façade de Sciences Po Paris... que Rima Hassan ne manque pas de liker.
VIE CHÈRE ET RICHES AMIS
Beaucoup se questionnent sur son niveau de vie. Avant même d’être élue au Parlement européen et de toucher 10 927,44 euros brut par mois, alors qu’elle n’était que fondatrice et présidente d’une ONG, elle semblait mener grand train. Elle se rendait alors en Syrie ou au Liban (où elle a donné une interview à la télévision du Hezbollah affiliée au régime iranien), ou se prenait en photo au balcon d’un cinq étoiles en Jordanie. Aurait-elle des mécènes ?
On la sait liée au milliardaire tunisien Kamel Lazaar, dont la fondation lui a octroyé une bourse et dont la fille l’a invité en tant qu’artiste au festival Jaou d’art contemporain à Tunis. L’eurodéputée a également été prise en photo en train de déjeuner très amicalement avec Hana Ghezzar Bouakkaz, célèbre journaliste servant de porte-voix au régime algérien. Son mari est connu pour financer les influenceurs qui se déchaînent contre la France afin de lui faire payer son rapprochement avec le Maroc sur le Sahara occidental.
C’est d’ailleurs le nouveau credo de Taha Bouhafs, un très proche de Rima Hassan. Considéré comme «fils spirituel de Jean-Luc Mélenchon », un temps écarté de LFI en raison d’accusations de violences sexuelles d’une gravité « jamais rencontrée » (dixit Clémentine Autain dans Mediapart), sans dépôt de plainte, il ne quitte pas l’eurodéputée d’une semelle. On les voit partout ensemble : en vacances en Algérie, ou en train de participer à une manifestation pro-Hamas, comme en Jordanie en août 2024.
Elle a toujours voulu se rendre en Israël. Un pays qu’elle abhorre et veut rayer de la carte.
SON PREMIER AMOUR JUIF PARLE
Avant d’être sous les feux des projecteurs, Rima Hassan ne fréquentait pas que des hommes alignés sur ses combats. Elle-même n’hésite pas à mettre en avant « ce premier amour, au lycée, avec un gamin juif dont les grands-parents avaient été déportés » (Libération) pour se dédouaner d’être antisémite. Nous avons retrouvé cet amour de jeunesse. Lassé d’être invoqué comme caution, il a accepté de nous parler. « J’ai compris que son impulsivité, son agressivité et sa violence n’étaient pas réservé qu’à moi mais à n’importe qui», soupire aujourd’hui Raphaël (le prénom a été changé).
Ils se sont rencontrés à Niort. Lui était en 5e, elle en 6e. C’est dans cette ville des Deux-Sèvres, où Rima Hassan a rejoint sa mère à 10 ans, qu’elle a grandi et fait ses premières rencontres. « Ma famille est juive et laïque, on l’a accueillie à bras ouverts, même si elle devait cacher à ses frères qu’elle sortait avec un Juif », confie celui qui en est tombé amoureux. À cette époque, auprès de lui, Rima Hassan adolescente se dit passionnée par le judaïsme, mais secrètement. Elle serait même allée jusqu’à prendre des cours d’hébreu qu’elle aurait suivi assidûment, nous dit-il. Au point d’être celle qui rappelle à la famille de Raphaël certaines célébrations juives, qu’elle connaît sur le bout des doigts. Elle leur demande aussi des conseils. L’un des membres de cette famille nous raconte qu’elle rêvait de se rendre « seule » en Israël. Afin, lui aurait-elle dit, de se « ressourcer ».
À l’époque déjà, Rima Hassan semble pourtant considérer ce pays comme un pays illégitime ayant colonisé son peuple. Cela déclenche de nombreuses conversations houleuses avec son petit ami. S’ils arrivent encore à se parler, tout va changer après le stage qu’effectue Rima Hassan au Liban. Nous sommes en 2014. Elle s’envole pour une année d’échange en tant qu’assistante de recherche à l’Institut français du Proche-Orient. Un stage qui demande des connexions. Or, jusqu’en 2013, le directeur de l’Institut n’est autre que François Burgat.
Connu pour sa proximité avec les Frères musulmans, il a soutenu le Front islamique du salut (FIS) en Algérie, Tariq Ramadan, et il a été poursuivi et relaxé pour « apologie du terrorisme » en raison de ses propos sur le 7-Octobre. Hasard ?
À son retour du Liban, estime Raphaël, celle qui est partie avec autour du cou la Magen David qu’il lui a offerte semble s’être radicalisée. Les conversations sont plus tendues, comme lorsqu’il découvre, en janvier 2015, qu’elle a reposté la photo d’une « quenelle » (ce geste antisémite promu par Dieudonné) sur son compte Twitter. Il la confronte dans un échange de mails. Elle ne nie pas, nous raconte- t-il : « Elle m’a répondu avec légèreté et une vanne du style “tu n’as pas retweeté ?” »
ELLE REPOSTE SORAL
À cette époque, Rima Hassan n’en est pas à son premier post douteux. Le 12 janvier 2014, déjà, elle a reposté deux messages d’Alain Soral mettant en avant son site d’extrême droite antisémite, Égalité & Réconciliation. Raphaël se souvient : «Je lui ai fait remarquer qu’il s’agit d’un site raciste, et Rima a retourné l’accusation en me disant que j’avais l’air très dérangé par les mecs d’extrême droite en France mais très à l’aise avec ceux d’Israël. Que je n’étais pas choqué par les centaines de milliers de colons et les mecs au pouvoir qui encouragent la colonisation du territoire palestinien. Que ça c’était plus flippant et indigne qu’un type égaré comme Soral. » Une inversion accusatoire déplacée. Car Raphaël rejette aussi l’extrême droite israélienne... Les conversations se font de plus en plus virulentes. «C’est à son retour du Liban qu’elle m’attaque pour la première fois avec des stéréotypes antisémites en questionnant mon rapport à l’argent», se remémore son premier amour. Après avoir rompu, ils vont maintenir un contact épistolaire. Leurs échanges sont parfois très tendus, parfois affectueux, mais le jeune homme finit par s’éloigner : « Elle a souhaité me revoir une dernière fois avant de partir en Syrie, j’ai décliné. »
Rima Hassan, elle, ne cesse d’invoquer ce « premier amour» juif dans des portraits, pour Libération ou, plus récemment, pour Le Monde. Une « caution » que Raphaël ressent comme une « essentialisation ». Il s’emporte quand elle lui apprend l’avoir évoqué dans le cadre d’une interview au New York Times, et lui écrit ce message, furieux : « Je n’ai pas les mots Rima tellement tu es abjecte. Tu me fais honte. Si tu crois un seul instant que je vais devenir ta caution juive, ou pire te pardonner pour tout le mal que tu fais à notre pays et aux Juifs de France. Tu avais tout pour devenir une femme de paix et une icône mais tu t’es rabaissée au pire. » À nouveau, les messages courroucés de Rima se seraient succédé. «Elle m’a raconté, alors que je ne lui avais rien demandé, qu’elle avait fréquenté d’autres Juifs et m’a même fourni des preuves en m’envoyant des captures d’écran de “Juifs de France”. Elle m’a même mentionné le journaliste du New York Times Roger Cohen comme une “énième caution juive” », raconte Raphaël. Roger Cohen confirme avoir été en contact avec elle mais refusera finalement d’écrire son portrait.
Tout en fréquentant Raphaël, Rima Hassan semble s’être mise en quête de rencontrer d’autres hommes juifs, parfois beaucoup plus âgés, et surtout ayant des connexions directes avec Israël... À 19 ans, elle aurait contacté un certain « Ariel » sur Facebook, qu’elle croit résident israélien. Une démarche pour le moins originale : Rima Hassan se serait présentée comme une Palestinienne souhaitant échanger avec un Israélien, car son ami juif (en l’occurrence Raphaël) ne maîtriserait pas assez le sujet selon elle, et surtout n’habiterait pas sur place. Ariel, dont le vrai prénom est Yves, raconte s’être enthousiasmé assez rapidement pour cette jeune étudiante en droit, brillante et curieuse. Une amitié épistolaire se noue. « Elle se livrait beaucoup sur sa vie personnelle, mais aussi sur son sentiment d’injustice. Je me rappelle qu’elle avait un sentiment de fascination-répulsion pour Israël », se remémore Yves.
La jeune femme est alors persuadée que son interlocuteur est un soldat de Tsahal. Yves le lui fait croire. Pourquoi se lier avec un soldat de l’armée israélienne alors qu’elle milite contre ? À l’époque, la jeune Rima ambitionne de partir en Palestine avec un collectif ouvertement antisémite : Europalestine, qui a présenté Dieudonné aux européennes de 2004. Que cherche-t-elle ? Est-elle réellement ballottée, dans le doute, ou s’agit-il d’un double jeu ? Quand elle contacte Yves, ses convictions sont plus qu’affirmées. Son compte Facebook est signé d’un pseudonyme très marqué : « Rima.hassan.88 ». Ce chiffre ne correspond ni à son année de naissance ni au code postal de sa ville. Il sert de signe de ralliement, très connu, aux antisémites. H étant la huitième lettre de l’alphabet, c’est une façon de dire HH... comme Heil Hitler. Une coïncidence ? Yves, en tout cas, s’interroge. « Elle m’a proposé de nous retrouver à l’aéroport en Israël mais comme j’ai décliné, elle a voulu laisser un paquet à mon attention »... Un paquet soi-disant attentionné. Pourquoi ? Yves ne le saura jamais. Il lui a déconseillé de le faire pour des raisons de sécurité évidentes. Lorsque Yves finira par lui avouer qu’il n’est pas soldat de Tsahal, elle coupera les ponts.
AVANT DE VOGUER EN FLOTTILLE, ELLE A VU PRESQUE TOUS SES PROJETS PROFESSIONNELS PRENDRE L’EAU.
OUTRANCES FATALES
Est-elle guidée par ses convictions ou sous influence ? Plus jeune, des messages montrent Rima Hassan épuisée par la précarité de sa vie étudiante, ponctuée de petits boulots. Sur son second compte Facebook, elle écrit parfois : « Je serai une grande de ce monde ou une clocharde. » Pourtant elle voyage, beaucoup, pour faire la fête à Dubaï ou Ibiza.
Avec quels moyens ? Avant d’être eurodéputée et de voguer en flottille, Rima Hassan a vu presque tous ses projets professionnels prendre l’eau. Un temps soutenue par L’Oréal, elle a participé aux « Napoléons », événement réservé aux dirigeants et politiques, mais a finalement perdu son sponsor en 2023 à cause de ses outrances. Un an auparavant, elle annonce avoir été engagée comme enseignante à l’École supérieure de journalisme, l’ESJ Paris. Un recrutement qu’elle devrait au bras droit du directeur : une ancienne diplomate de l’ambassade de Palestine. Mais là aussi, elle sera écartée. Après le 7-Octobre, elle déclare avoir obtenu un poste auprès d’Amnesty International, comme chargée de plaidoyer, qui semble avoir capoté. Son ONG, l’Observatoire des camps de réfugiés, n’est guère active, en dehors de vagues rapports et d’appels à dons. Elle a bien été retenue par le louable Collège des citoyens, mais Rima Hassan y laisse, là aussi, de très mauvais souvenirs. Notamment s’être acharnée contre l’un des bienfaiteurs de l’établissement et avoir entraîné son cyberharcèlement.
Finalement, il n’y a qu’à LFI que ses pratiques et ses discours ne choquent pas. Et ça lui réussit. Le 8 mars 2024, à un adversaire qu’elle menace de pour- suites, elle lance sur X : « J’ai le temps et l’argent. » Rima Hassan est arrivée là où elle voulait être. Grâce à Jean- Luc Mélenchon, à nos impôts et à ses soutiens.
La suite dans “Les Nouveaux Antisémites” (Albin Michel).
3H30 À DÉRAPER
Dans une interview explosive donnée le 3 septembre au média prorusse Thinkerview, Rima Hassan se lâche durant 3h30... Notamment lorsqu’elle refuse de condamner le 7-Octobre : « On ne peut pas [condamner] d’un côté pour 1 200 morts, sachant que près de la moitié de ces morts sont des cibles militaires ou policiers. Dans un contexte d’occupation c’est légitime.» Elle réitère quelques minutes après : «Je peux comprendre cette radicalité. Je ne la justifie pas toujours mais je la comprends.» Interrompue par l’animateur, qui tente de la nuancer, elle insiste même : « Mieux que ça, je pense même qu’elle est nécessaire. » Plus loin, la députée considère ce pogrom, ces massacres et ces viols comme une opération collective (au risque de donner un prétexte à Nétanyahou pour justifier sa punition collective) : « Ce n’est pas seulement le Hamas qui a commandité et préparé [l’attaque du 7-Octobre]. C’est toutes les composantes politiques de la société palestinienne [à Gaza] qui ont participé.» Elle n’hésite pas à reprendre les chiffres du Hamas. En revanche, elle refuse de croire aux chiffres du Crif en matière d’antisémitisme, alors qu’il s’agit de ceux du ministère de l’Intérieur, fondés sur les plaintes déposées. Fière d’elle, elle assume tout, même l’innommable : « Je me refuse à me lisser, à devenir comme certains politiques.» Assurément, elle n’est pas lisse... mais dangereuse.