Curieusement, il n’existe aucun travail scientifique ni même aucun ouvrage sur la MRF, à laquelle appartenait pourtant Mansuy (alias Solnlen), l’assassin de Mandel. C’est également une carte de la « Brigade spéciale » de la MRF que Morlot-Gonnard, qui dirigeait le commando qui allait le tuer, a présenté à Philippe Henriot pour le convaincre d’ouvrir sa porte, au matin du 28 juin 1944, au ministère de l’Information rue de Solférino [Berlière-Le Goarant].
La « Ligue française d’épuration, d’entraide sociale et de collaboration européenne » – son nom officiel – est officiellement créée par Jean Troupeau-Housay (beau-frère du général Bridoux) et Dominique (dit Pierre) Costantini le 15 septembre 1940. Son siège social est situé au 3 rue de la Chaussée-d’Antin. Elle dispose d’un organe, L’Appel, dont le premier numéro paraît le 6 mars 1941, qui ouvrira ses pages à de jeunes auteurs prometteurs comme Michel Audiard. L’en-tête précise que le siège social en est situé au 2 rue Meyerbeer et que le chef et créateur en est Pierre Costantini. Né à Sartène en 1889, ancien combattant glorieux (aviateur, blessé, prisonnier, évadé, décoré, invalide à 100 %…), militaire d’active en 1940, cette figure des ultras de la Collaboration n’a curieusement suscité aucune étude de fond et on sait finalement peu de choses d’un personnage qu’une santé mentale fragile – ce dont il jouera beaucoup après guerre – a protégé, lui permettant d’échapper au sens propre et figuré à la justice de la Libération et encore aujourd’hui aux recherches historiques (son dossier en cour de justice – Z/6/705 dossier 5406 – est manquant : à sa place, une simple note « transmis à la Justice militaire, avenue de La Tour Maubourg, le 13-2-1951 »)…