« Il n’y aura pas de Noirs sur mes terres » : 160 ans après l’abolition de l’esclavage, des Afro-américains poursuivent la culture du coton
REPORTAGE - Ils ont tout connu, de l’esclavage à la mondialisation et au changement climatique. Cinquième génération de cultivateurs de coton après l’affranchissement de leur aïeul, les Bridgeforth incarnent tout un pan d’une culture enracinée dans la légende des États-Unis.
Il est 7 heures du matin et les premiers rayons de soleil n’ont pas encore asséché toute la rosée de la nuit dans les longs champs de coton vallonnés du nord de l’Alabama. Les machines ne bougeront que dans deux ou trois heures lorsque la fibre sera suffisamment sèche. Et elles ne s’arrêteront que vers 21 heures, lorsque l’humidité reviendra. Mais les Bridgeforth, Greg, 69 ans, Billy, 66 ans, Lamont 48 ans, et leurs deux ouvriers sont déjà devant les hangars de la ferme, à faire le point sur la journée à venir, les champs à récolter, les machines en souffrance. Seul Kyle, le plus jeune de la famille à 36 ans, diplômé en économie internationale, et passé par Washington, l’Afrique et l’Asie, est resté à son bureau. À quelques centaines de mètres de la ferme, le vieux drapeau confédéré qui flotte dans la grange de leur voisin rappelle tout ce que la famille Bridgeforth, descendante d’esclaves, a traversé. Une histoire du coton américain.
Terres fertiles
Une histoire qui a commencé très tôt, avant même l’arrivée…