Qu’est-ce qui nous attire dans les maisons hantées ?
Les maisons hantées fascinent autant qu’elles interrogent : le sont-elles réellement ? Et par qui ? Et quel plaisir étrange prend-on à s’y faire peur ? En cette nuit d’Halloween, la philosophe Audrey Jougla propose d’y voir une expérience précieuse de confrontation avec ce qui déborde la vie dans un monde dominé par la rationalité et la volonté de maîtrise.
C’est une expérience qui vous tétanise. Ceux qui l’ont vécue s’en souviennent toute leur vie et, se heurtant souvent à l’incrédulité de l’auditoire, peinent à expliquer la stupeur dans laquelle ils ont été plongés. Cette étrangeté effrayante des lieux hantés en est devenue attrayante, créant un tourisme spécifique qui met en avant la présence de fantômes comme une promesse d’expérience inoubliable. Aurait-on besoin d’avoir peur ? Ou de croire aux fantômes ?
Les fantômes : ces morts qui débordent
Qu’il s’agisse de la fête des morts mexicaine à l’esthétique colorée et joviale, ou de la version anglo-saxonne d’Halloween qui plaît aux enfants, la célébration des morts côtoie la frayeur et l’étrangeté des fantômes. Dans son essai La Voix des fantômes (Seuil, 2024), l’anthropologue Grégory Delaplace propose d’observer « la variabilité des façons […] dont les morts sont mis en place par celles et ceux qui leur survivent » et de « rendre compte des situations toujours plus ou moins incongrues dans lesquelles ils s’avèrent ne pas tenir en place ».Ainsi les fantômes sont « saugrenus » et court-circuitent l’ordre établi. « Comment composer les mondes humains, l’ordre vernaculaire imposé à la diversité des êtres qui le peuplent, à partir d’expériences singulières, fragiles – toutes saisissantes qu’elles soient – de l’apparition des disparus ? » interroge-t-il.
“Côtoyer les fantômes (ou vouloir le faire) reviendrait à déjouer l’ordre établi par les sociétés humaines, et défier aussi l’ordre imposé par notre rationalité”
Le propre du fantôme serait donc d’être un mort qui n’est pas à sa place : un disparu qui apparaît, qui se manifeste aux vivants, et, en les perturbant, déroge à la règle prévue pour les défunts par la société. La maison hantée symbolise l’improbable : un lieu où les morts reviendraient, ou bien d’où ils ne seraient jamais partis. Car le revenant fait figure d’errant, de vagabond, ou d’esprit perdu, comme le souligne le sociologue Émile Durkheim dans Les Formes élémentaires de la vie religieuse (1912) :
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