Quand il nage le papillon, on ne voit que lui. Cette semaine, Maxime Grousset a volé sur l'eau et dégagé une telle puissance qu'il a éclipsé ses adversaires sur 50 et 100 m papillon. Comme l'escadrille d'avions de chasse qui a survolé le ciel de Singapour dans un bruit assourdissant une heure avant la finale, tout le monde a regardé, un peu interloqué, la performance supersonique du Français. Même son entraîneur Michel Chrétien n'a pas déclenché son chrono, il a savouré.
D'abord la victoire devant Noè Ponti et Ilya Kharun. Puis il a levé la tête pour voir le temps : 49''62 avec un premier 50 m en 22''8. Sans voix. Casser la barrière des 50'', le Néo-Calédonien le prévoyait dès les Championnats de France en juin. Réaliser le record d'Europe, devenir le deuxième performeur de tous les temps derrière Caeleb Dressel (49''45), devancer un mythe comme Michael Phelps (49''82), il ne pouvait pas l'imaginer. « Je voulais un jour casser cette barrière. Je l'ai fait assez fortement, répond-il avec un grand sourire. Je pensais pouvoir faire 49''9, 49''8. De là à faire 49''6, je ne pensais pas honnêtement. Ça fait du bien. »
« Cet après-midi (hier), je l'ai retrouvé comme avant, il sautait dans tous les coins, il blaguait »
Michel Chrétien, entraîneur de Maxime Grousset
Heureux comme un gamin. Comme à Fukuoka après son premier titre mondial sur 100 m papillon en 2023, il a illuminé la piscine de sa joie débordante, « primitive » selon ses termes. Il n'est jamais aussi fort qu'avec cet état d'esprit de gosse qui s'amuse à faire la course. « Cet après-midi, je l'ai retrouvé comme avant, il sautait dans tous les coins, il blaguait, raconte son entraîneur. Je me suis dit : "Ça y est, son petit espace de folie est en train de se remettre en place." Ça fait partie des signes qui ne trompent pas. » Dès le matin, après une bonne nuit de sommeil, Maxime Grousset a senti les bonnes vibrations : « C'est fou. Je voulais frapper un grand coup. Je me sentais vraiment bien en séries et en demi-finales mais quand je me suis levé ce matin (hier), c'était encore autre chose, je me suis senti encore mieux. Bien reposé, bien dormi, serein. J'avais envie de faire une très belle course et gagner. C'est chouette. »
« Je suis un nageur qui a de la puissance et le papillon m'aide à canaliser cette puissance »
Maxime Grousset, champion du monde de 50 et 100 m papillon