Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

L'ultime hommage à l'écriture d'Emile Habibi

Par TAHAR BEN JELLOUN

Publié le 28 juin 1996 à 00h00, modifié le 28 juin 1996 à 00h00

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Je suis de ceux qui ne peuvent pas voir dans le réel ce qui ne s'y trouve pas », disait Emile Habibi. Et pourtant dans ses romans et nouvelles le réel est étrange, souvent traversé par l'absurde, l'incohérence et un vent de folie qui permet à ses personnages de se dégager de la réalité plate et contraignante. Pour lui le réel est forcément plus inattendu, plus terrifiant que la fiction. Il lui suffit d'observer la vie se déroulant comme un mauvais conte de fées, comme une injure à la raison et à la justice pour écrire des textes qu'on classe évidemment dans la rubrique de l'invraisemblable. Il dit lui-même : « La réalité sociale est impénétrable. » Ses romans oscillent entre le tragique et le comique. Le critique Ali Arayi a qualifié Les Aventures extraordinaires de Sa'îd le peptimiste (1) de « comédie d'où coulent le sang et les larmes ».

En cela il était fidèle aux soubresauts de l'histoire israélo-palestinienne. Vivant en Israël, faisant de la politique il fut député du Parti communiste , dirigeant le quotidien Al Ittihad, le plus gros tirage de la presse israélienne en langue arabe, il sentait qu'il avait une légitimité pour donner son point de vue sur l'avenir du peuple palestinien et dire leurs vérités aux frères arabes donneurs de leçons. Très tôt il accepta l'idée de coexistence et de partage. Il accusa la Ligue arabe et certains Etats de la région d'avoir précipité le peuple arabe dans des guerres inutiles et désastreuses.

Si ses positions politiques n'étaient pas orthodoxes, son écriture en tant que romancier tranche toujours sur l'ensemble de ce qui se publie en arabe. Face à une situation dramatique, il oppose l'humour, la distance, la légèreté et cette ironie qu'il manie avec beaucoup de finesse en travaillant sur la langue. Il faut rendre hommage à son traducteur Jean-Patrick Guillaume, qui a su, au-delà de la simple traduction, redonner en français les jeux de mots si fréquents dans l'écriture de Habibi.

Il vous reste 64.58% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.