Cet article une traduction de The quest to build a truly intelligent machine helps us learn about our own intelligence, publié sur ScientificAmerican.com le 19 mars 2024.

Intelligence artificielle

L’IA peut-elle nous aider à comprendre notre cerveau ?

ChatGPT, Google Translate, Siri : ces IA nous sont bien utiles au jour le jour. Mais leur plus grand intérêt pourrait être, selon les chercheurs, de nous aider à comprendre comment fonctionnent notre propre intelligence et notre conscience.

CERVEAU & PSYCHO N° 170
Article réservé aux abonnés numériques
IA visage

Pour ne rien manquer de Cerveau & Psycho, inscrivez-vous à nos newsletters (gratuites)

À sa conception, l’objectif de l’IA n’était pas de concurrencer un grand maître aux échecs, ni de produire des œuvres artistiques à foison. Le but véritable était de reproduire des caractéristiques de notre intelligence pour mieux en comprendre le fonctionnement. Et c’est toujours cet objectif que poursuivent les chercheurs qui tentent aujourd’hui de construire, non pas une IA, mais une IGA. C’est-à-dire Intelligence générale artificielle, autrement dit un système doté d’une adaptabilité et d’une créativité semblables à celles des humains. Un tel dispositif ne se limiterait pas à des tâches hyperspécifiques et contextualisées, comme le fait ChatGPT.

Les modèles de langage (ou LLM, pour Large language models) ont certes atteint des niveaux de performance remarquables, mais ils commettent toujours des erreurs grossières et ne sont pas encore en mesure d’apprendre sans limite fixée a priori ; une fois qu’ils ont été formés à partir de livres, de blogs et d’autres ressources, leur capacité de stockage reste figée. Ils échouent ainsi à ce que Ben Goertzel, chercheur américain spécialiste en IA et fondateur de la société d’IA SingularityNET, appelle le « test de l’étudiant » : on ne pourrait pas les envoyer à l’université, car ils n’ont pas les facultés nécessaires pour suivre un cursus universitaire de manière autonome.

​​​​​Aujourd’hui, la seule caractéristique d’une IGA que les IA ont réussi à atteindre concerne le langage. Sur ce plan, elles possèdent ce que les experts nomment une « compétence formelle », c’est-à-dire acquise à la faveur d’un apprentissage méthodique. Elles peuvent alors analyser n’importe quelle phrase, même fragmentée ou écrite en argot, et de répondre dans un français (ou un anglais) standardisé. En revanche, elles échouent dès qu’une réflexion est nécessaire. Ce qui concerne à peu près tout ce qui nous est utile dans notre vie quotidienne. « Nous ne devrions pas nous attendre à ce que les IA soient capables de penser », déclare ainsi la neuroscientifique Nancy Kanwisher, de l’institut de technologie de Géorgie. « Ce sont des processeurs de langage. » Ils manipulent habilement les mots, mais n’ont accès à la réalité que par les textes qu’ils ont absorbés.

Subdiviser l’intelligence en modules

D’une certaine manière, les grands modèles de langage n’imitent que les aptitudes linguistiques du cerveau, et non l’ensemble de ses facultés mentales. Notre matière grise permet en effet d’orchestrer un grand nombre de fonctions cognitives qui œuvrent de concert. Mais chacune a une zone cérébrale associée. De sorte que les personnes qui ont subi un accident vasculaire cérébral dans l’une des zones du langage

Vous avez lu 10% de cet article. La suite est réservée aux abonnés.
Déjà abonné.e ? Me connecter
Pour décrypter notre cerveau et nos comportements et profiter de l'intégralité de Cerveau & Psycho,
abonnez-vous !
  • Le magazine au format papier et numérique (11n° / an)
  • L'accès à tous les contenus du site internet
  • Les archives depuis 2003 (Cerveau & PsychoThema et L’essentiel Cerveau & Psycho)
  • L’accès à tous les numéros dans l’application mobile
Découvrez toutes nos offres, à partir de 4,90 € / mois sans engagement
abonnement cerveau et psycho offre intégrale
 

L'essentiel

Grâce à la recherche en IA, de nombreuses théories de la conscience ont émergé, dont notamment la théorie de l’espace de travail global (GWT).

Celle-ci suppose que notre cerveau fonctionne grâce à différents modules – différentes aires cérébrales – qui transmettent leurs informations à un « centre de commande » – la conscience.

Autre découverte : pour développer une intelligence supérieure, les IA devraient être à même de sélectionner les informations à traiter sans s’attarder sur certains détails. Un principe commun à notre cerveau, qui choisirait les informations qui peuvent atteindre la conscience…

george-musser
George Musser

George Musser est journaliste à Scientific american.

Voir tous ses articles
Références

B. J. Baars, Global workspace theory of consciousness : toward a cognitive neuroscience of human experience, Progress In Brain Research, 2005.

O. Selfridge, Mechanisation of Thought processes, Symposium : National Physical Laboratory, 1958.

S. Dehaene & J. Changeux, Experimental and Theoretical Approaches to Conscious Processing, Neuron, 2011.

L. Blum & M. Blum, A theory of consciousness from a theoretical computer science perspective : Insights from the Conscious Turing Machine, Proceedings Of The National Academy Of Sciences, 2022.

R. VanRullen et R. Kanai, Deep learning and the Global Workspace Theory, Trends in Neurosciences, 2021.

Sur le même sujet

Numéros sur le même sujet

Thèmes

Retour en haut de page

En kiosque actuellement

Décryptez le fonctionnement du cerveau et les comportements avec Cerveau & Psycho
> Je m'abonne - À partir de 4,90€ par mois