Machine arrière pour la ligne Barcelone-Toulouse ? "La Renfe doit respecter ses engagements !", dit le Maire

A l'approche du lancement de la ligne Toulouse-Barcelone, le bruit court que la Renfe envisage d'arrêter ses projets en France. Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, réagit.

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Coup d'envoi de la ligne Barcelone-Lyon, ce jeudi 13 juillet. L'AVE de la Renfe était en gare de Perpignan.
La ligne Barcelone-Toulouse va-t-elle être sacrifiée ? Le maire de Toulouse réagit à la possible suspension du retour de la liaison entre la Ville rose et la capitale catalane. (©Emilien Vicens/Actu Perpignan)

Il y a de cela trois mois, la Renfe, homologue espagnole de la SNCF, avait réaffirmé son retour sur les rails toulousains. Les premiers trains de la future ligne directe Barcelone-Toulouse commençaient même à circuler en gare de Matabiau début janvier 2025, faisant grimper l’impatience des amoureux de la capitale catalane, et symbolisant, aussi, l’enthousiasme général pour le retour de la liaison, arrêtée fin 2021 faute de rentabilité.
Celle-ci est attendue pour le second semestre 2025, pour un fonctionnement « dans un premier temps », entre avril et septembre, d’après nos dernières informations. Mais à l’heure où l’arrivée en gare s’apprête à sonner, les trains espagnols pourraient bien rebrousser chemin, selon nos confrères espagnols de La Vanguardia. Une éventualité qui n’est pas du goût du maire de Toulouse. Mais que se passe-t-il ? Explications.

« La Renfe doit respecter ses engagements », dit le Maire 

« La Renfe doit respecter ses engagements ! », s’est exclamé le Maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, sollicité par Actu Toulouse sur l’éventualité d’un retrait de la Renfe sur le marché toulousain. 

Car à quelques jours du mois d’avril, aucun billet de train Toulouse-Barcelone n’est en vente. Silence radio. Aucune nouvelle n’est donnée par celle qui a obtenu le « certificat unique de sécurité » (CSU) entre Perpignan et Toulouse, lançant dès lors la formation du personnel international et les tests de circulation. Pas de son ni d’image y compris auprès d’Actu Toulouse. Et pendant ce temps, outre-frontière, il se murmure que la Renfe envisagerait de mettre fin à ses projets en France

Les trains espagnols pour l’instant refusés vers Paris

Selon le média espagnol La Vanguardia, la société espagnole peine à se frayer le chemin escompté dans l’Hexagone. En ouvrant à l’été 2023 les lignes Barcelone-Lyon et Marseille-Madrid via Barcelone, la Renfe n’avait pas caché son ambition d’arriver à Paris, « point névralgique du réseau ferroviaire en Europe centrale » et « destination plus rentable que les corridors régionaux ». Son objectif était d’ailleurs fixé pour les JO de Paris 2024. Ambition échouée. La Renfe attend depuis trois ans la validation technique des trains de la marque espagnole Talgo sur le tronçon Lyon-Paris, contre six mois d’ordinaire. Et l’affaire pourrait durer jusqu’en 2029, aurait annoncé au Sénat la directrice générale de la stratégie globale de Renfe Operadora.

Ses premières rames, actives pour les lignes Barcelone-Lyon, Barcelone-Marseille et envisagées pour le Barcelone-Toulouse, n’avaient pu faire l’objet d’homologations pour Paris, jugés « incompatibles avec les technologies actuelles ». Or, d’après La Vanguardia, le plan B proposé – les trains Talgo – pourrait fortement faire concurrence à la SNCF. Jusqu’à l’inciter à lui mettre des bâtons dans les roues ?

Une arrivée compliquée pour Ouigo en Espagne, rappelle la SNCF

Contactée par Actu Toulouse, la SNCF n’a pas souhaité répondre à ce sujet « qui est à voir avec la Renfe ». Elle n’a, en revanche, pas manqué de rappeler ses antécédents en Espagne. La même année que la fermeture de la ligne directe Toulouse-Barcelone, la filiale low cost de la SNCF, Ouigo, a vu le jour dans la Péninsule ibérique.

L’arrivée dans un nouveau pays ou un nouveau marché, en l’occurrence en Espagne, a nécessité du temps, des investissements et de l’adaptabilité de la part de SNCF Voyageurs. OUIGO travaille depuis 6 ans et a investi plus de 40 millions d'euros pour adapter ses trains à circuler sur le réseau Andalou dont le système de sécurité (LZB) est différent et ancien et a nécessité des adaptations pour notre matériel roulant. Ce sont de difficultés auxquelles nous avons dû faire face.

SNCF

Sous-entendu, chacun son tour ?

Toulouse, victime de relations SNCF-Renfe compliquées ?

Mais du côté espagnol, la patience de la Renfe atteindrait-elle sa limite ? Quitte à balayer l’ensemble des liaisons avec le sud de la France, à savoir Lyon et Marseille déjà actives et bientôt Toulouse ?

Les relations entre les deux compagnies ferroviaires sont depuis longtemps tendues et la collaboration difficile. Fin 2022, la Région Occitanie s’était même insurgée des mauvais choix opérés par la SNCF et la Renfe, en matière de politique tarifaire et des horaires inadaptés de l’aller-retour, compliquant l’intérêt de la liaison directe Toulouse-Barcelone. À l’époque, le départ de Toulouse-Matabiau était en effet fixé à 20h24, pour une arrivée à Barcelona-Sants à… 23h26. Dans l’autre sens, il fallait quitter Barcelone à 10h24 pour arriver à Toulouse à 13h31 ! Difficile pour profiter d’un week-end…

Tant bien que mal, les officiels avaient toutefois tenté de renouer le lien. En 2023, le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc s’était déplacé en Catalogne, à la rencontre d’Ernest Maragall, le vice-président de l’aire métropolitaine de Barcelone, pour signer un courrier demandant à la SNCF et la Renfe de rouvrir la ligne entre les deux métropoles. Si l’appel avait été entendu, va-t-il pouvoir se concrétiser ?

Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole, et Ernest Maragall, vice-président de l’aire métropolitaine de Barcelone, ont signé un courrier pour demander à la SNCF et à la Renfe, la réouverture de la liaison ferroviaire directe entre Barcelone et Toulouse.
Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole, et Ernest Maragall, vice-président de l’aire métropolitaine de Barcelone, avaient signé un courrier réclamant le retour de la ligne Barcelone-Toulouse. (©Guillaume Laurens / Actu Toulouse)

« La Renfe doit respecter ses engagements », réagit Jean-Luc Moudenc

Si près du but, imaginer un abandon de ce symbolique retour s’avère difficile à avaler pour le maire toulousain. Auprès d’Actu Toulouse sur cet éventuel arrêt, il souligne :

« Je me bats depuis quelques années, conjointement avec mes collègues de l’aire métropolitaine de Barcelone, pour une vraie liaison Toulouse-Barcelone en train. Cette liaison est importante pour le développement économique, touristique et culturel des deux métropoles des Pyrénées. Elle sera aussi une alternative à l’avion et à la voiture individuelle, un mode décarboné de déplacement dont il est utile de prouver, aujourd’hui, la nécessité. »

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