Des dizaines de caissons d’archives blancs laqués occupent le bureau d’Ivana Dunda dans un bâtiment en pleine campagne genevoise. La jeune femme travaille depuis mars 2022 comme chargée de gestion de l’information pour le bureau du conflit armé entre l’Ukraine et la Fédération de Russie, la plus récente des divisions de l’agence centrale de recherche du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Créée en 1863, cette agence dédiée à la recherche des personnes disparues dans les conflits armés dispose depuis trois ans d’un bureau entièrement dédié à la recherche de plus de 45000 soldats et civils russes et ukrainiens disparus depuis février 2021. Dans des coffres sont classées toutes les informations les concernant. « Au départ, nous n’avions que quelques boîtes de rangement, six tout au plus, retrace Ivana Dunda. Désormais, des dizaines occupent toute la pièce. »
Elle montre ici une lettre d’un soldat ukrainien, là la photo d’un combattant. Sa mère a entouré un grain de beauté dans son cou espérant que cet indice aidera les enquêteurs dans leurs recherches. « Ces dizaines de milliers de dossiers ne sont pas des piles de papiers, insiste Ivana Dunda, en tournant les pages. Aucun d’entre eux n’est un numéro à mes yeux : nous utilisons toujours leur nom pour les désigner ; les photos et les témoignages de leur famille les incarnent. Ils sont ici dans leur maison temporaire, jusqu’à ce que nous les retrouvions. »
L’attente
Retrouver son frère, c’est l’obsession d’Olena. « L’attente est la pire des situations », témoigne-t-elle depuis la capitale ukrainienne, Kiev. Son frère a disparu sur le front de la région Louhansk depuis près de trois ans. « C’est douloureux de continuer à vivre sans savoir, souffle-t-elle. En même temps, cette absence de nouvelles, notamment à chaque rapatriement de corps, me laisse un fil ténu d’espoir.
Notre sélection d'articles sur le même sujet