Vivre sur Terre ou sur Mars ?
Pour assurer la survie de l’humanité, on voit se dessiner deux grands scénarios radicalement différents.
Proposée dans les années 1970, l’hypothèse Gaïa, qui compare la Terre à un organisme vivant, irrigue toujours, silencieusement, les savoirs et politiques actuelles de la Terre. Pourquoi une telle discrétion ? Retour sur un concept controversé.
Article réservé aux abonnés numériquesLa conférence sur le climat qui s’est tenue à Copenhague en 2009 a marqué un tournant dans l’histoire de la politique climatique. Même si elle a pu paraître décevante, elle a entériné l’objectif visant à maintenir le réchauffement climatique par rapport à la période préindustrielle en dessous de 2 °C. Pour la première fois, une limite chiffrée en température était donnée dans le cadre d’un accord international. Mais d’où venait-elle ? Apparue dans les années 1970, elle n’a été mise en avant comme « seuil dangereux à ne pas franchir » que dans les années 1990, notamment par le WBGU, le Conseil allemand sur le changement global. Le climatologue allemand Hans Joachim Schellnhuber, membre de cette institution, a joué un rôle clé dans cette mise en avant. Conseiller d’Angela Merkel, alors ministre de l’Environnement du gouvernement allemand, il l’a convaincue de l’importance de cette limite. L’Allemagne a ainsi été le premier pays à adopter cet objectif, en 1995, suivie par l’Europe en 1996… et le Monde en 2009 à Copenhague, avec la suite que l’on connaît.
Parmi les arguments que Hans Joachim Schellnhuber a avancés pour justifier cet objectif, il en est un particulièrement intrigant. Le climatologue comparait la Terre à un organisme : 2 °C semblent peu si l’on compare la température entre l’intérieur et l’extérieur d’une pièce, mais c’est énorme si l’on pense cette augmentation comme la fièvre d’un organisme qui pourrait déstabiliser les « organes » de la Terre. Cette comparaison de la Terre à un organisme, Hans Joachim Schellnhuber l’emprunte directement à l’hypothèse Gaïa – une conception de la Terre proposée dans les années 1970 par deux chercheurs, James Lovelock et Lynn Margulis – sans toutefois toujours la citer explicitement. Gaïa, la personnification grecque de la Terre mère ? Est-ce bien sérieux ? Parle-t-on bien de Gaïa, l’hypothèse controversée ayant donné naissance à une pseudoscience New Age ? Oui, c’est bien elle. Mais en menant l’enquête sur l’histoire de ce concept et les différents récits qui en ont été faits, on comprend mieux pourquoi… Et on s’aperçoit que Gaïa a profondément irrigué les savoirs et politiques contemporaines de la Terre. En fait, Gaïa nous est devenue si familière et a été tellement intégrée aux discours scientifiques et aux conceptions philosophiques et politiques de la Terre que nous ne la repérons même plus lorsque son nom n’est pas prononcé.
Plusieurs récits ont été élaborés sur Gaïa. James Lovelock est l’auteur du premier. Né en 1919 et aujourd’hui âgé de 102 ans, ce chercheur britannique raconte dans son autobiographie qu’il a quitté une carrière académique d’ingénieur-chimiste au début des années 1960 pour s’établir comme « scientifique indépendant ». Il a d’abord travaillé
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T. Lenton et al., Life on Earth is hard to spot, The Anthropocene Review, 2020.
S. Dutreuil, Is the decisive issue in geoengineering debates really one of representation of nature ? Gaia against (or with ?) Prometheus ?, Carbon and Climate Law Review, 2019.
S. Dutreuil, James Lovelock, Gaïa et la pollution : un scientifique entrepreneur à l’origine d’une nouvelle science et d’une philosophie politique de la nature, Zilsel, 2017.
B. Latour, Face à Gaïa : huit conférences sur le nouveau régime climatique, La Découverte, 2015.
S. C. Aykut et A. Dahan, Gouverner le climat ? Vingt ans de négociations internationales, Presses de Sciences Po, 2015.
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