Le 28 janvier, à 6 h, des dizaines de militaires ont surpris un convoi de véhicules venus d’Espagne, chargés de produits stupéfiants, qui arrivait au lieu-dit Le Rustic, à Quéven, dans une « maison dédiée au trafic de stupéfiants », selon les mots du procureur de Rennes. « C’était impressionnant. Ils étaient en équipement, avec des armes. Ils ont monté une tente et je me suis dit qu’il y avait eu des morts », raconte une voisine.

Les membres du convoi, en provenance de Malaga, n’ont même pas eu le temps de sortir la marchandise des fourgonnettes que les militaires leur tombaient dessus. Tout s’est déroulé dans le calme, selon les voisins. La drogue a été trouvée « dans une cache aménagée dans le plancher du véhicule », a expliqué, à nos confrères de TF1, le colonel Cyrille Martin, commandant de la section de recherches de la gendarmerie nationale. Quatre personnes ont été interpellées, trois conducteurs ainsi que le responsable du trafic qui arrosait toute la Bretagne. Parmi eux, deux Quévenois. L’intervention a duré jusqu’au début d’après-midi. « À 14 h, ils sont revenus avec un gars menotté », raconte une voisine. Des dépanneuses ont embarqué les véhicules saisis.

Des « Quévenois pure souche »

Les voisins suspectaient bien quelque chose : « On s’en doutait, il y avait toujours beaucoup de voitures, d’allers-retours. Toujours du monde. Ils étaient, à 1 h du matin, en train de prendre des choses sous les voitures. On a vu un drone de la gendarmerie, un jour, au-dessus de notre maison. Ça devait arriver mais on n’imaginait pas une telle ampleur », relate une voisine. Ce n’est pas la première fois que les gendarmes interviennent dans cette maison de Quéven. Il y a deux ans, ils avaient perquisitionné le domicile du même locataire « sans rien y trouver ». Mais ce 28 janvier, les enquêteurs ont trouvé, cette fois, de la drogue, de l’argent, des produits de coupe et un coffre-fort, notamment, dans l’appartement.

« Je suis tombée des nues. Je ne me doutais de rien », nous confie la propriétaire. Cette dernière a divisé sa maison, occupe le rez-de-chaussée et loue l’étage « à des gamins très respectueux, qui n’ont jamais posé problème ».

Des jeunes originaires de Quéven ou du pays de Lorient se transmettaient le logement. Le locataire actuel est un « Quévenois pure souche », âgé de 28 ans, qui a créé sa société de nettoyage auto, il y a quelques mois.

Pas de grosses cylindrées, jamais de retard de loyer

Ne se rendait-elle pas compte qu’un trafic d’ampleur s’organisait au-dessus de sa tête ? « L’un avait une société de revente de voitures. Donc, je ne me suis pas inquiétée du fait qu’il y ait beaucoup de voitures. C’étaient des personnes qui travaillaient, avaient des fiches de paie, des garants… Ils ont toujours payé leur loyer, leur électricité. » La propriétaire n’était jamais là en journée et décrit des locataires « discrets », le soir. Les quantités de drogue saisies représentent 2,5 M€ de valeur marchande mais ces jeunes ne montraient aucun signe de richesse : pas de grosses cylindrées, de vêtements de luxe. Le locataire de la maison roulait en Renault Modus. Le camouflage parfait.

Le vingtenaire ne vivait plus dans l’appartement depuis quelques mois, et disait s’être installé à Lorient, avec sa compagne. Il n’était d’ailleurs pas présent au moment de l’arrivée du convoi et de la perquisition mais est apparu sur les lieux par la suite.