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TRIBUNE

Bernanos et les bien-pensants

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publié le 2 septembre 2008 à 4h50

Dans sa Semaine de l'écrivain (Libération du 23 août), l'éditeur Jean-Paul Enthoven cite, après tant d'autres, une expression attribuée à Georges Bernanos : «Hitler a déshonoré l'antisémitisme.» Il la prend naturellement de haut, du haut sans doute de la propreté morale et du talent chic qu'il s'accorde, suggérant que l'écrivain le plus honnête et le moins calculateur de sa génération a voulu «se démarquer d'une postérité trop zélée» : en résumé, qu'il a cherché à blanchir, comme un malin, son vieil antisémitisme. Georges Bernanos est ainsi non seulement dégradé mais, une fois de plus, au détour d'une phrase, engagé dans l'emploi de bonne à tout faire de l'antisémitisme. Déjà, dans un article paru le 25 juillet dans le Figaro, un ancien communiste et journaliste à Libération, devenu baron intellectuel de cour, Alexandre Adler, rassemblait sous le même chapiteau, pour dénoncer le prétendu antisémitisme du dessinateur Siné, qui n'en méritait pas tant, un trio d'écrivains français résumés par l'infamante épithète : Drumont, Maurras, Bernanos. Les deux premiers furent en effet les maîtres du troisième ; mais il s'en détacha résolument, sans toutefois les renier, car Bernanos, qui plaçait haut la fidélité à l'enfance et à ceux qui vous ont formé, ne fut jamais un renégat. Les héroïques chasseurs mondains d'antisémites ont du mal à saisir ces fidélités, ces contradictions. Il ne faut pas s'en étonner. Dans leurs jugements si noblement rendus au n

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