Il y eut d’abord les faits traumatiques, qualifiés aujourd’hui de viols ou d’agression sexuelle par la justice. Ensuite, l’humiliation, à grand renfort de tweets, qui jettent la dignité et l’intimité de celles qui l’accusent en pâture. Ces derniers mois, Libération a pu s’entretenir avec les trois plaignantes au cœur de la procédure pénale visant l’avocat polémiste Juan Branco. Et qui lui vaut d’avoir été triplement mis en examen, une première fois en novembre 2021 puis deux fois en juin 2023. Deux d’entre elles, dont les récits décrivent des viols, s’expriment pour la première fois. Une quatrième femme a accepté de nous rencontrer. Elle l’accuse également de viol, mais ne souhaite pas, pour le moment, saisir la justice.
La spécificité de cette affaire, inédite en matière de violences sexuelles, tient à la double peine vécue par celles qui ont témoigné et sur lesquelles Juan Branco, 35 ans, s’est ensuite défoulé. Le 4 juin 2023, plusieurs d’entre elles assistent, sidérées et impuissantes, à la publication de photos dénudées, d’extraits de leurs procès-verbaux d’audition, le tout enrobé de propos insultants sur le compte X de l’avocat – sans réaction des modérateurs malgré de multiples signalements. Rebelote quelques heures plus tard sur un site Internet administré par Branco. Une vengeance pur