Si la Seconde Guerre mondiale ne commence pas en septembre 1939 en
Asie (voir chapitre 3), elle se termine près de quatre mois après la capitulation
allemande en Europe. Toutefois, derrière la cérémonie de capitulation du
Japon sur le Missouri, le 2 septembre 1945, les convulsions provoquées par la
guerre en Asie produisent leurs effets. La perspective de la défaite du Japon, sa
capitulation, puis le démantèlement de l’Empire japonais, attisent les rivalités.
Qui va remplir ce « vide » extrême-oriental ? Américains et Soviétiques sont
en compétition, les mouvements nationalistes sont confrontés aux puissances
coloniales qui veulent récupérer leurs possessions, sans pouvoir pourtant
justifier d’une quelconque menace japonaise ou même soviétique, tandis
que ces mouvements, utilisant les groupes militaires et paramilitaires formés
durant la guerre ainsi que la jeunesse mobilisée par l’occupant japonais de la
Mandchourie à l’Indonésie, se combattent souvent entre eux, notamment les
communistes et les non-communistes en Chine, en Corée et au Vietnam.
D’une certaine manière, dans ce dernier pays, la guerre n’a pris fin qu’en
1975, avec l’unification du Vietnam par le Nord communiste, tandis qu’elle
n’a toujours pas pris fin en Corée (voire en Chine).
C’est dès octobre 1945 que le terme « guerre froide » est utilisé pour
la première fois, par l’écrivain George Orwell. Et l’Asie est concernée. En
effet, Orwell entrevoit un futur avec trois méga-Empires invulnérables
grâce à la possession de l’arme nucléaire, les États-Unis, l’Union soviétique, mais aussi la Chine en Asie, lesquels seraient donc en situation
de guerre froide permanente, dans « une paix qui n’est pas une pai…