3-MMC : la drogue de synthèse qui ravage la jeunesse française
DANGER. Achetée par le député de La France insoumise (LFI) Andy Kerbrat, cette drogue de synthèse fait de plus en plus de ravages en France.
Si certains ont découvert l’existence de la drogue de synthèse 3-MMC (pour 3-méthylméthcathinone) à l’occasion de son achat par le député LFI Andy Kerbrat, ce n’est pas le cas des policiers spécialisés. Arrivée en France dans les années 2010, cette drogue était consommée dans certains milieux homosexuels masculins à l’occasion de soirées « chemsex » – relations sexuelles sous l’emprise de drogues.
« C’est toujours largement le cas, et les surdoses mortelles interviennent exclusivement dans ce contexte », regrette un policier de la brigade des stupéfiants. Mais l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) met en garde contre une extension de la consommation « en dehors de ces contextes, dans des événements festifs moins spécifiques […] et par des publics plus larges ». Un autre policier l’explique facilement : « Les effets sont relativement comparables à ceux de la cocaïne, mais la dose est moins chère puisqu’elle est désormais produite dans des laboratoires en Europe. »
L’OFDT indique les prix : « Entre 30 et 40 euros, contre 50-70 euros pour un gramme de cocaïne. » Le dernier rapport annuel de l’Office anti-stupéfiants (Ofast) précise que le gramme de 3-MMC se vend même « entre 10 et 15 euros sur Internet ». Mais récemment, précise un policier, les tarifs repartent à la hausse. « Les soirées chemsex se répandent, la consommation s’élargit, l’addiction est très rapide et le sevrage difficile… Les trafiquants ont flairé la bonne affaire. Avant, la “3” s’achetait par Internet, désormais, ils l’importent. Récemment, nous avons démantelé un réseau : ils achetaient le kilo à 3 ou 4 000 euros aux Pays-Bas et revendaient le gramme à 50 euros dans les rues parisiennes… »
Paranoïa, fatigue, hallucinations... la liste est loin d'être festive
Car si les débats évoquent régulièrement le cannabis ou la cocaïne, la réalité du trafic est bien plus large. Actuellement, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) recense 950 nouveaux produits de synthèse sur le continent tandis que l’OFDT dénombre 368 molécules en France. Et le marché est florissant. Ces drogues-là représentent désormais un tiers des saisines du groupe « Surdose » (qui traite les dossiers d’overdoses mortelles) de la brigade parisienne des stupéfiants, et la 3-MMC se retrouve déjà dans les grandes villes françaises.
Affolé par les discours banalisant l’usage de ces drogues qualifiées de « festives » ou « récréatives » ces derniers jours, un policier spécialisé juge certains discours « irresponsables et criminels ». Drogues info service semble confirmer, s’agissant de la 3-MMC : « La faible durée des effets et la forte anxiété qui suit les prises provoquent un fort “craving” (envie irrépressible de consommer à nouveau) et favorisent une consommation compulsive. » Insomnies, tachycardie, paranoïa, fatigue, hallucinations… la liste est loin d’être festive.
Hypnothérapeute, ancien drogué « abstinent depuis trente-deux ans » mais également chef de service d’un centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud) pendant quinze ans, François Diot ne décolère pas. « Il n’y a pas de drogues douces, dures, festives ou récréatives. Toutes posent un problème grave de santé publique en bousillant des gamins et en désespérant des parents », entame-t-il. Avant de poursuivre : « Le soin est nécessaire, mais il ne se résume pas à l’accompagnement comme semble le penser le secteur de la réduction des risques. Le soin consiste à désintoxiquer, stopper l’usage et permettre une reconstruction. »
Pour illustrer son propos, le professionnel évoque un rapport publié en 2017 par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies : « Seulement 8 % des toxicomanes accueillis dans les Caarud sont effectivement orientés vers un parcours de soin ! L’argent public considérable qui est investi se transforme en formidable arnaque. » Il regrette une démarche publique trop idéologique et jamais évaluée. « En France, on considère le droit des usagers de drogue comme un droit à être accompagné en fonction de ce que l’on veut. Mais sous l’emprise de la drogue, l’usager n’est pas libre, le soin nécessite une contrainte. » Au risque, sinon, d’accompagner des personnes dans leur destruction.
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