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« C’est les Grésilles ici, pas le Bronx » : le choc et les questions à Dijon, dix jours après la vendetta des Tchétchènes

Du 12 au 15 juin, une opération punitive menée par des Tchétchènes a fait vingt blessés dans ce quartier. Retour sur un enchaînement de violences, et sa gestion par la préfecture et la police.

Par  (Dijon, envoyé spécial)

Publié le 23 juin 2020 à 02h24, modifié le 23 juin 2020 à 11h58

Temps de Lecture 10 min.

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« Pourquoi on était là pendant trois jours ? Parce qu’ils ont tapé un gamin, ils lui ont mis un pistolet dans la bouche, et ils ont dit : “Faites passer le message à tous les Tchétchènes.” » Rasoul Timirguiriev, 31 ans, Tchétchène arrivé en France il y a dix-sept ans et établi à Dole (Jura), a participé à l’opération punitive de Dijon, du 12 au 15 juin. Son père, dont il dit qu’il a joué un rôle de « médiateur » dans l’affaire, a été mis en examen et placé en détention provisoire. Alors face aux médias, il s’improvise porte-parole et donne sa version des faits.

Avec 150 de ses compatriotes, venus de plusieurs régions de France, mais aussi d’Allemagne ou de Pologne, il a fondu sur le quartier des Grésilles, dans le nord-est de Dijon, où plusieurs habitants d’origine maghrébine ont été molestés. Il raconte la genèse de l’expédition, comme si elle allait de soi. « On s’est réunis, et on a fait passer le message : on touche pas à un Tchétchène. » Courtois, sans la moindre colère, il tient à le répéter plusieurs fois : « On touche pas à un Tchétchène. J’espère que c’est clair pour tout le monde. »

La suite est connue. Vingt personnes ont été blessées en trois jours, dont deux grièvement, deux habitants des Grésilles : un homme qui a pris une balle dans le dos samedi 12 juin, un autre qui a perdu le contrôle de son véhicule le lendemain alors qu’il roulait à vive allure à proximité de la foule tchétchène – impossible de dire s’il avait l’intention de foncer dedans ou s’il cherchait à s’enfuir. « On n’était pas là pour tuer ni pour tabasser, assure Rasoul Timirguiriev. On n’a rien cassé, on n’a rien brûlé. On voulait juste voir celui qui avait frappé le jeune Tchétchène et qu’il s’excuse, mais ils ont pas voulu nous le livrer. »

Coups de pied et de barres de fer

Dix jours ont passé depuis le début des représailles, les Grésilles digèrent le choc, l’enquête suit son cours. Vendredi 19 juin et lundi 21 juin ont été saisis, dans les appartements et les caves du quartier, 25 cocktails Molotov, trois carabines et des sacs de cartouches, des tubes servant de lanceurs à tirs de mortier, un couteau, et quelques kilos de stupéfiants. Demeurent des interrogations. Comment une telle vendetta a-t-elle été possible ? Pourquoi n’a-t-elle pas été anticipée ou, au moins, interrompue ?

Un coquard violacé à chaque œil, et trois points de suture sur le nez, Samir sourit en montrant ses plaies : « Ça ? Je suis tombé. » Attablé avec ses amis à la terrasse d’un café des Grésilles enfin redevenues paisibles, ce grutier de 43 ans boit une gorgée de thé à la menthe. « Ça me fatigue plus qu’autre chose de parler, mais si on se tait, la vérité ne sort pas. » Alors il raconte la soirée du 12 juin qui lui a redessiné le visage. Et il ne sourit plus du tout.

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