Stéphanie a 38 ans quand elle prend la décision de changer de vie : « C’était juste après les confinements. J’étais très déprimée après avoir passé plusieurs mois dans mon petit appartement. Je fais un métier qui ne nécessite pas d’aller au bureau donc j’avais continué à travailler. Les journées se ressemblaient toutes. J’avais ma petite routine et je ne voyais pas qu’elle me tirait vers le fond. Même si j’ai commencé à bouger un peu plus, quand c’était possible, je ne me sentais pas mieux. Je faisais mes heures devant mon ordinateur, je me faisais à manger, je faisais le ménage, je faisais un peu de sport et puis c’est tout. J’étais dans ma petite boîte. Quand ça s’est fini, j’ai décidé que je ne voulais plus vivre comme ça. Cette période a juste mis en lumière ce qu’était déjà ma vie. J’ai accepté que j’avais besoin de changement pour être heureuse. J’ai tout fait pour que ça se fasse le plus vite possible. »

Quitter son appartement

Stéphanie achète la maison voisine de celle où elle a passé ses étés étant enfant : « Mes grands-parents ont vendu leur maison il y a longtemps déjà mais j’ai toujours gardé un bon souvenir de ce village et de la région. C’est là que j’ai commencé mes recherches. Je voulais un village à la campagne, une petite maison à retaper, un voisinage avec qui je pourrais nouer des liens. J’ai commencé à regarder toutes les maisons disponibles dans le coin. Les recherches ont duré quelques mois. Je ne trouvais rien qui me convenais et j’avais pourtant élargi la zone.

Les maisons étaient soit trop chères, soit trop récentes, les quartiers ne me convenaient pas. Et puis, un jour, j’ai reçu une alerte. Il y avait la maison idéale pour moi et c’était celle des voisins. J’étais folle de joie. Elle était parfaite. Dans son jus, si proche de mes souvenirs d’enfance. J’ai contacté les propriétaires tout de suite. L’avantage, c’était que je les connaissais un peu. Ils partaient en ehpad, ils avaient envie de vendre vite. Et ils se souvenaient de moi. Je n’ai presque pas négocié le prix, qui était très raisonnable. En moins de 6 mois, cette fois, c’était réglé. J’avais ma maison. »

Je me sens libre. Quand j’ouvre mes fenêtres, je vois la nature

Pour vivre son rêve, Stéphanie bouscule sa vie : « Je me suis mise à télétravailler autant que possible mais j’ai quand même dû acheter une voiture pour les fois où je devais aller au bureau. Je me suis juste arrangée pour que ce soit le moins souvent possible. J’ai pris le temps d’aménager la maison à mon goût pour m’y sentir très bien. Je me suis mise à courir. J’ai toujours rêvé de peindre et je me suis mis installé un petit coin pour apprendre. Mon quotidien a complètement changé. Je ne me sens plus dans une petite boîte dans une grande boîte. Je me sens libre. Quand j’ouvre mes fenêtres, je vois la nature. Je vis au rythme des saisons. En été, je me couche plus tard et je regarde les étoiles. En hiver, je me fais des soupes et je reste sous un plaid. J’ai trouvé un accord avec la nature. Je me sens enfin vivante. »

En trouvant son équilibre, Stéphanie a aussi tiré un trait sur la quête du prince charmant : « En ville, j’étais sur une application de rencontres. Je discutais avec plusieurs hommes à la fois et j’avais quelques rendez-vous. Il me semblait que c’était ce qu’il fallait faire. Que ce n’était pas sain d’être célibataire et que j’avais aussi largement le choix pour trouver quelqu’un qui me plaise un peu. Mais ils ne me plaisaient jamais vraiment et ça me déprimait pas mal, au final. Je le faisais un peu comme je faisais tout le reste, parce qu’il fallait. J’étais une victime de ce mode de vie. Je n’avais jamais rien remis en cause et surtout je ne savais pas du tout ce dont j’avais envie, moi. Quand je me suis installée dans ma maison, la question de l’application de rencontres ne s’est plus posée.

Une nouvelle vie à la campagne

D’abord, au départ, je n’avais juste pas le temps du tout. Et puis après, quand je me suis reconnectée, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas grand monde de disponible autour de moi. Je n’avais aussi plus très envie. J’ai laissé tombé. Avec ce mode de vie à la campagne, j’ai réappris à faire tourner mes journées autour de moi et de mes envies. Et mes envies c’est de vivre au calme, de m’occuper de ma maison et de mon jardin, d’admirer la nature, d’aller boire un thé chez ma voisine quand son mari n’est pas là. C’est une vie qui m’épanouit mille fois plus que la vie que je menais avant. Je ne regrette rien. » 

Pour elle, la quarantaine approchant a également joué un rôle dans cette prise de décision : « Je n’aurais pas pu prendre cette décision plus jeune. J’aurais eu trop peur. À presque quarante ans, j’avais déjà fait le tour de la question de ma vie d’avant et j’avais besoin d’autre chose. Je me sentais aussi plus capable de faire les choses seules. Avant, j’étais obsédée par l’idée de manquer de quelque chose, d’une meilleure carrière, d’un homme. J’étais en attente et en recherche en même temps. Avec la quarantaine, je me suis apaisée. J’ai aussi découvert que je ne manquais de rien à part de courage. Quand j’ai réussi à réaliser ça, je me suis lancée. Tout se fait à point nommé. Je pense que je n’aurais jamais apprécié ma vie actuelle autant si je n’avais pas été aussi malheureuse avant. J’ai aussi fait la paix avec ces années-là. Elles m’ont permis de trouver la force pour devenir la femme que je suis maintenant. »