Un apéro avec Bastien Bouillon : « En France, on accueille très mal les migrants »

Ce lundi 10 juin, les acteurs principaux de la dernière adaptation du Comte de Monte-Cristo répondent aux questions des journalistes dans les chambres du deuxième étage du Peninsula, un palace du quartier des Champs-Elysées. Les attachés de presse ont donné pour consigne de rester focus sur le film, les intervieweurs sont priés de ne pas dépasser le temps imparti, les acteurs se sont faits chics en vue des enregistrements télé. C’est dire qu’en de telles circonstances on est à peu près sûr de passer à côté du petit je-ne-sais-quoi de nos invités. Cependant, il arrive que nous n’ayons pas tellement le choix.

En pleine ascension, Bastien Bouillon, 39 ans, n’est jamais à Paris, il doit partir le soir même dans le Grand-Est, où il est attendu sur un tournage. Et, il y a encore quelques jours, il grelottait au Groenland. Pour susciter un semblant de décontraction apéritive – il n’est que 15 heures –, nous avons obtenu l’autorisation de le rencontrer au bar de l’hôtel. « Tout à l’heure, je me suis assuré auprès de mon agent d’image que ça ne faisait pas connard de demander des glaçons », avoue-t-il, peu familier des mœurs des super-riches.

La carrière de Bouillon s’est faite à petit frémissement. Malgré une régularité exemplaire depuis 2009, une soixantaine de films, des courts, des longs (sous la direction de Valérie Donzelli, Sébastien Betbeder, Axelle Ropert…) et des fictions télévisées, il est « longtemps resté un défi pour [son] agent [Grégory Weill, un des plus importants de Paris] ». Et puis, il a décroché le bon rôle au bon moment – un flic mis à l’épreuve par un féminicide dans La Nuit du 12 (2023), de Dominik Moll – qui lui a permis de remporter le César du meilleur espoir. « J’ai été récompensé l’année des “une minute de parole”, on se faisait vider de la scène lors de la cérémonie. C’était horrible ! », dit-il, peu satisfait de sa prestation.

Un an plus tard, la superproduction Le Comte de Monte-Cristo, de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, au budget de près de 43 millions d’euros, fait partie du plan de relance cocardière de Pathé pour rivaliser avec les super-héros Marvel de Disney. Dans le rôle de Fernand de Morcerf, le vilain rival d’Edmond Dantès, Bastien Bouillon livre ce qu’on peut faire de mieux en matière de lâcheté et de pathétique. « J’ai été très frustré, parce que les scènes d’addiction à l’éther et à l’opium ont été coupées. Mais ce n’est pas si grave, car la fébrilité suintante est restée », juge-t-il en gardant secrète sa méthode de travail. « Recette personnelle », dévoile-t-il dans un sourire, en touillant un « petit maté pas trop fort ».

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