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Au Brésil, Barbie vote à l’extrême droite

La poupée est devenue la caricature de l’électeur de Jair Bolsonaro, issu d’une élite blanche. Un exercice de dérision, qui occulte le fait que le militaire a aussi capté un électorat plus modeste, noir et métis.

Par  (Sao Paulo, correspondante)

Publié le 24 octobre 2018 à 03h49, modifié le 25 octobre 2018 à 19h50

Temps de Lecture 4 min.

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LETTRE DE SAO PAULO

Le rire n’est guère innocent. Et parfois, les coups qu’il porte sont douloureux, disait Henri Bergson. Au Brésil, alors que la popularité spectaculaire du candidat d’extrême droite, Jair Bolsonaro, favori de l’élection présidentielle en dépit de ses propos racistes, homophobes et misogynes, effraye, une partie du pays a décidé de ricaner de son électorat. Quitte à mettre au jour, avec humour, le côté sombre d’une société brésilienne que l’on disait « cordiale ».

Depuis la mi-octobre, les réseaux sociaux sont inondés de mèmes représentant une Brésilienne blonde à la taille fine, aux dents blanches et aux seins pointus : Barbie. La poupée, archétype de la Californienne, est devenue la caricature de l’électeur de Jair Bolsonaro, issu d’une élite blanche pleine de certitudes et de préjugés.

Sur Twitter a ainsi surgi Barbie de bem (« Barbie du bien »), référence au « citoyen de bien » que mentionne fréquemment le militaire de réserve. Tandis que sur Instagram, Barbie fascista (« Barbie fasciste ») renommée à la suite d’une plainte du fabriquant Mattel Barbie fascionista (que l’on pourrait traduire par « Barbie à la mode fascisante ») publie régulièrement des scènes de sa vie quotidienne  à bord d’un yacht ou en pleine séance de shopping.

Exaspérée par la corruption

Barbie fascionista, présentée comme une blogueuse anti-gauche caviar, avec plus de 98 000 abonnés sur Instagram est sans doute la plus élaborée dans l’art de la dérision. « Le pays est dans les limbes et vous vous plaignez de racisme, de machisme et d’homophobie ? », demande-t-elle, posant avec son petit chien dans une galerie d’art. La voici qui s’interroge : « Vous pensez que la couleur de la peau importe ? » «  Moi je ne pense pas ! », répond-elle au côté de son compagnon Ken, blond et blanc. « Nous sommes tous égaux, tous des êtres humains. »

Barbie, enfin, explique sa trajectoire de « guerrière » : stages en marketing dans l’entreprise de son père, voyage pour suivre la fashion week avec sa mère, avant de devenir entrepreneuse, « digital influencer » et « coach lifestyle ». « Tout ce que j’ai, je l’ai eu à force de travail », conclut-elle. Une allusion à la bourgeoisie brésilienne avide de méritocratie fustigeant la politique de quotas mise en place par le Parti des travailleurs (PT, gauche) au pouvoir de 2003 à 2016 pour aider les plus démunis à poursuivre des études supérieures.

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