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« Je suis arrivé en caleçon, tee-shirt et chaussons de douche » : l’humiliante libération des opposants russes échangés par Poutine

Les prisonniers relâchés par le Kremlin ont atterri en Allemagne démunis et en possession de leur seule carte d’identité.

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Publié aujourd’hui à 12h00

Temps de Lecture 3 min.

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Arrivés en Allemagne le 1er août à la faveur d’un échange de prisonniers entre Moscou et les Occidentaux, treize opposants russes et binationaux sont libres mais aussi choqués émotionnellement, démunis matériellement. Sorti de la colonie pénitentiaire de Sibérie où il purgeait une peine de vingt-cinq ans de prison, le militant pro-démocratie Vladimir Kara-Mourza était en caleçon, muni de sa seule carte d’identité russe, lorsqu’il a recouvré la liberté.

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« Rien n’a changé », déclarait-il quelques heures plus tard, vêtu de neuf, baskets blanches aux pieds, à l’occasion de la conférence de presse qu’il a tenue à Bonn avec deux de ses compagnons de lutte, Ilia Iachine et Andreï Pivovarov. L’absence de changement était une allusion au dissident antisoviétique Vladimir Boukovski, lequel, échangé en 1976 contre un communiste chilien, avait, lui aussi, été expulsé d’URSS avec sa seule carte d’identité. Sinon que, à l’époque, lui était habillé.

A Bonn, Vladimir Kara-Mourza a raconté : « Tous mes vêtements m’ont été enlevés à Lefortovo », le centre de détention du FSB, les services russes de sécurité, à Moscou, par lequel il est passé avant de quitter son pays. « En guise de chaussures, j’avais des claquettes en caoutchouc avec lesquelles je me douchais. Le directeur du centre m’a dit : “Alors, tu vas porter ça.” Donc je suis arrivé en caleçon, tee-shirt et chaussons de douche. » Au point d’envier, dira-t-il, son camarade Ilia Iachine, expulsé dans sa tenue de prisonnier et avec pour seul bagage « une brosse à dents et un dentifrice ».

De tous les prisonniers sortis des geôles de Vladimir Poutine – seize au total, dont treize évacués vers l’Allemagne –, seul M. Kara-Mourza a été expulsé en petite tenue. Une humiliation infligée par le FSB, qui a dépêché vingt de ses agents pour escorter les prisonniers de leur lieu d’incarcération jusqu’au point d’échange, à l’aéroport d’Ankara. Ce traitement particulier s’explique sans doute par le fait que Vladimir Kara-Mourza est le vice-président de Russie ouverte, l’ONG créée et financée par l’oligarque Mikhaïl Khodorkovski, jadis la bête noire du président russe qui le fit emprisonner dix ans et confisqua Ioukos, sa société pétrolière.

« Ils n’ont rien dit de saillant sur l’Ukraine »

Le récit de Vladimir Kara-Mourza, Ilia Iachine et Andreï Pivovarov décrivant leur expulsion, expliquant qu’au fond ils ne souhaitaient absolument pas être échangés, n’a guère été commenté sur les réseaux sociaux de l’opposition russe. En revanche, leurs premières déclarations politiques ont semé le malaise. Critiqués, raillés, accusés de faire preuve de « cécité », les trois hommes ont été désavoués par une large partie des opposants russes en exil. On leur a reproché leur manque d’empathie envers les Ukrainiens, dont ils ont très peu parlé, ainsi que leur manque de hauteur de vue, surtout lorsqu’ils ont évoqué la nécessité de « recalibrer » les sanctions occidentales afin qu’elles visent davantage les proches de Vladimir Poutine et non « les Russes ordinaires ».

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