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Néo-luddisme, les descendants de Don Quichotte

« Ce que je reproche à la technosphère, c'est qu'elle est en train de détruire la biosphère. » (Kirkpatrick Sales, Wired, 3 juin 1995)

Par LAURENT COURAU

Publié le 20 septembre 2000 à 00h00, modifié le 20 septembre 2000 à 00h00

Temps de Lecture 3 min.

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Après des années d'engouement pour la technologie, il semblerait que l'époque soit de nouveau à la contestation. Les publicités pour les sites Internet envahissent nos écrans de télévision et les panneaux d'affichage. Des conditions idéales pour une flambée technophobe, comme en témoigne le nombre toujours croissant de sites Web gagnés à la cause du néo-luddisme.

Apparus au début du XIXe siècle en Angleterre, les luddites - des ouvriers du textile de la région de Nottingham menés par Ned Ludd -, se réunissaient en bande pour fracasser à coups de masse les métiers à tisser utilisés dans leur industrie. Des machines qu'ils percevaient, à l'aube de la révolution industrielle, comme une menace pour leur mode de vie. Malgré le soutien de Lord Byron et de Mary Shelley, le Parlement anglais décide en 1816 de dépêcher 12 000 soldats pour écraser cette révolte. II faudra attendre le début des années 90, et paradoxalement la naissance de la cyberculture, pour que le luddisme, quasiment oublié durant près de deux siècles, ressurgisse aux Etats-Unis en devenant synonyme d'opposition à la technologie.

Décembre 1999, le sommet de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) tourne à l'orage à Seattle. Le mouvement antimondialisation se découvre de nouveaux muscles. Bien que minoritaires, les nouveaux luddites sont présents pour dénoncer l'emprise de la technologie sur le monde moderne. Ecologistes technophobes, hippies rescapés des années 60, membres de sectes baptistes et marginaux de tout poil, ils constituent une mouvance hétéroclite plus proche des errances NewAge que des dérives démentes d'un Theodore Kaczinsky, alias « The Unabomber ».

Décrits par Joshua Glenn, un journaliste du Utne Readers qui avait assisté en 1995 à leur deuxième congrès annuel dans l'Ohio, comme une assemblée de barbus pacifistes fans du Grateful Dead, de grand-mères néo-païennes et de punks anarcho-végétariens, ces nouveaux réactionnaires tentent de faire entendre leur voix dans le chaos de la nouvelle économie.

En effet, comme tout activiste qui se respecte en ce début de millénaire, leur combat se déroule principalement sur le terrain médiatique. « La plupart des gens qui se revendiquent aujourd'hui comme luddites limitent leur résistance au niveau politique », déclarait Kirkpatrick Sales, intellectuel new-yorkais éditorialiste à The Nation et figure de proue du mouvement, en 1995 dans le magazine Wired lors d'une empoignade d'anthologie avec le journaliste Kevin Kelly. En ajoutant que la seule destruction de matériel à laquelle il se soit livré avait eu lieu devant 1 500 personnes à l'occasion d'une conférence au New York City Town Hall. On est bien loin, en dépit des images de manifestations de Seattle retransmises par les journaux télévisés du monde entier, des bandes d'ouvriers anglais qui attaquaient les fabriques de textiles au péril de leur vie.

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