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Manque de moyens pour l’enseignement

L’arabe, une « langue de France » sacrifiée

Alors que l’arabe est la deuxième langue la plus parlée en France, son enseignement dans le secondaire perd sans cesse du terrain au profit du secteur associatif. Un basculement qui date des années 1980, quand l’immigration maghrébine a commencé à occuper une part de plus en plus grande de l’espace public et médiatique. Associé depuis à l’islam et aux ghettos, l’arabe parviendra-t-il à modifier son image ?

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Hassan Massoudy. — « La parole est moitié à celuy qui parle, moitié à celuy qui escoute (Montaigne) », 1984

«Lorsque vous laissez des classes d’arabe se faire tenir par des femmes qui sont voilées dans des collèges publics, vous nourrissez le populisme. » Dans l’auditoire du Théâtre du Rond-Point venu assister le 7 février 2011 à un débat sur le thème du populisme, la déclaration de M. Bruno Le Maire, alors ministre de l’agriculture et chargé d’élaborer le projet de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) pour 2012, ne provoque aucune réaction. Personne ne semble relever l’énormité d’une affirmation aussi fausse que révélatrice de la confusion entretenue en permanence entre enseignement de la langue arabe et prosélytisme musulman ; une confusion qui nuit au développement de cet enseignement dans le secteur public.

Faut-il le rappeler ? Le principe de laïcité (article premier de la Constitution française) et celui de neutralité du service public interdisent en France à un agent de l’Etat de manifester ses croyances religieuses dans l’exercice de ses fonctions. Et ni l’éducation nationale ni les tribunaux ne font preuve de laxisme sur la question, puisqu’une jurisprudence claire entraîne l’exclusion systématique des contrevenants.

Avec quatre millions de locuteurs, l’arabe est la deuxième langue la plus parlée sur le territoire français, et le succès de comiques dont l’humour repose en partie sur l’utilisation de l’arabe dialectal, comme Jamel Debbouze, témoigne d’un enracinement réel dans la culture populaire. Mais, si l’arabe a été reconnu « langue de France » en 1999, après la signature de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires (non ratifiée à ce jour), choisir de l’étudier dans le secteur public relève encore du parcours du combattant.

Dans quarante-cinq départements, il n’est pas du tout enseigné. A Paris, seuls trois collèges le proposent ; un élève scolarisé dans l’un des cent huit autres collèges doit donc attendre son entrée en seconde pour pouvoir suivre les cours dispensés, le samedi après-midi ou le mercredi soir, dans l’un des huit lycées qui le permettent au titre du (...)

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Emmanuelle Talon

Journaliste.

(1Avis du Conseil d’Etat n° 217077, 3 mai 2000, Mlle M.

(2Vingt postes en 2002, cinq en 2006 et aucun en 2011, le concours étant fermé (il a été rétabli en 2012, mais aucun candidat n’a été admis).

(3François Héran, « Une approche quantitative de l’intégration linguistique en France », Hommes & migrations, n° 1252, Paris, novembre-décembre 2004.

(4Yahya Cheikh, « L’enseignement de l’arabe en France. Les voies de transmission », Hommes & migrations, n° 1288, novembre-décembre 2010.

(5Rapport préliminaire de la commission prévention du groupe d’étude parlementaire sur la sécurité intérieure.

Lire aussi le courrier des lecteurs dans l’édition de novembre 2012.

Avis du Conseil d’Etat n° 217077, 3 mai 2000, Mlle M.

Vingt postes en 2002, cinq en 2006 et aucun en 2011, le concours étant fermé (il a été rétabli en 2012, mais aucun candidat n’a été admis).

François Héran, «Une approche quantitative de l’intégration linguistique en France», n° 1252, Paris, novembre-décembre 2004.

Yahya Cheikh, «L’enseignement de l’arabe en France. Les voies de transmission», n° 1288, novembre-décembre 2010.

Rapport préliminaire de la commission prévention du groupe d’étude parlementaire sur la sécurité intérieure.

Lire aussi le dans l’édition de novembre 2012.

Repris dans « L’engrenage identitaire »,
Manière de voir n˚152, avril - mai 2017.

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