Coronavirus : les saisonniers s'adaptent pour récolter la rose de mai dans le pays grassois
C'est la période pour récolter la rose de mai à Grasse. La rose Centifolia est une fleur au parfum emblématique du pays grassois. Dans ce contexte de crise sanitaire, les exploitations s'adaptent pour respecter les mesures barrières.
Des pétales de couleur rose, un cœur jaune vif, la rose de mai se cueille à la main de début mai à début juin (la récolte dure environ un mois). Nous avons rencontré Carole Biancalana sur le domaine familial de Manon, en contrebas de Grasse, où elle cultive en agriculture biologique des fleurs à parfum (roses de mai, jasmin et tubéreuse) sur environ quatre hectares. Elle a pris la suite de son arrière grand-mère et de ses parents. Elle a signé un contrat d'exclusivité avec le parfumeur Dior qui achète sa récolte de roses de mai.
Carole Biancalana
Une récolte matinale pour une fleur de qualité
La culture et la récolte de cette fleur, c'est un savoir-faire. La rose Centifolia se ramasse au petit matin, elle est extrêmement fragile après son éclosion et doit être livrée fraîche au transformateur Robertet à Grasse, afin de conserver sa qualité irréprochable et d'en extraire son précieux parfum : "On récolte la fleur quand elle est ouverte, c’est très éphémère, elle est à son parfum maximum entre 9h et 13h, c’est là que la rose donne toutes ses molécules odorantes. Ses molécules s’expriment en fonction de la température, de l’humidité, de l’exposition, du vent, c’est ce qui fait la richesse du naturel", explique Carole Biancalana, productrice horticole, fière d'être certifiée bio.
Plusieurs tonnes de roses sont récoltées chaque saison. Cette année, la récolte est qualifiée de "correcte" par Carole Biancalana. Il a beaucoup plu en ce mois de mai. En une journée, la rose refleurit en ce printemps.
Au milieu des roses Centifolia de Carole Biancalana
"On a enlevé les masques et augmenté la distance entre nous"
Carole Biancalana a fait appel à une dizaine de saisonniers locaux pour la récolte, et épidémie de Covid-19 oblige, elle a dû revoir quelque peu l'organisation.
Les cueilleurs se tiennent à bonne distance pour respecter les consignes sanitaires. La récolte est donc moins conviviale cette année : "Habituellement, on cueille les uns en face des autres, sur la même rangée, on partage les sacs, on s’aide à vider le tablier dans le sac. Cette année, chacun son tablier, chacun son sac, personne ne touche le sac de l’autre. On cueille une rangée sur deux pour être au moins à trois mètres les uns des autres."
"Au début nous avions mis les masques, on a renoncé il y a quelques jours, il fait tellement chaud : on transpire dessous, explique Carole Biancalana. Il n'est pas question que des gouttes de transpiration aillent dans les roses, donc on a préféré agrandir la distanciation sociale pendant la récolte. C'est une récolte très parfumée, on attend la floraison comme la récompense de la saison et on ne sentait plus grand chose avec le masque, on était frustrés."
La récolte au temps du coronavirus
Carole Biancalana n'a pas eu de difficulté à recruter des saisonniers. Beaucoup étaient disponibles, en chômage partiel, et la filière favorise la main d’œuvre locale (il existe pour les saisonniers des formations avec Pôle Emploi, le lycée horticole d’Antibes, l’association Fleurs d'exception et la préfecture).
Carole Biancalana préside l’association Les fleurs d’exception du Pays de Grasse qui comprend une quarantaine de producteurs aujourd'hui. "On a réussi à renouveler les générations et à reconquérir les terres pour cultiver les fleurs à parfum", se réjouit la productrice. L'association a œuvré pour le dépôt d’un dossier de reconnaissance auprès de l’Unesco pour le patrimoine culturel immatériel, au titre des savoir-faire liés aux parfums en Pays de Grasse. Le label Unesco a permis de fédérer la filière (producteurs horticoles, transformateurs, créateurs) et de donner un coup de projecteur à Grasse.