Coronavirus : «Il va falloir changer de stratégie», estime le médecin Eric Caumes
C’est dans l’hôpital où exerce le chef du service maladies infectieuses et tropicales à la Pitié-Salpêtrière, qu’un homme de 60 ans infecté par le Covid-19 est décédé.
Il répond ce mercredi matin au téléphone d'une voix affectée. À la Pitié-Salpêtrière, l'établissement parisien où le professeur Eric Caumes exerce, un homme de 60 ans, porteur du coronavirus, est décédé dans la nuit. « C'est dans les hôpitaux que la situation peut s'amplifier », avertit le chef du service infectiologie, sur le pont depuis le début de l'épidémie.
Avant d'arriver à la Salpêtrière, le patient a été hospitalisé dans l'Oise, sans être diagnostiqué. Faut-il craindre d'autres contaminations ?
ERIC CAUMES. Oui, on risque de vivre le scénario italien. C'est imparable. Je le dis et je le répète. À force d'y précipiter les malades, l'épidémie va s'amplifier dans les hôpitaux. Il va falloir changer de stratégie.
Que faire alors ?
Que les gens qui n'ont pas de formes graves restent chez eux ! Cela évitera une contamination telle qu'on la connaît en Italie ou en Chine. Aujourd'hui, on nous épuise avec des gens qui ont le nez qui coule alors que leur présence à l'hôpital peut contaminer des personnes plus fragiles. Pour nous tous, oui, il faut arrêter de se serrer la paluche, mieux se laver les mains et ouvrir les fenêtres pour aérer chez soi. À partir du moment où un virus tue très peu, comme c'est le cas du Covid-19, il est difficilement détectable.
Voulez-vous dire qu'on est trop alarmistes ?
Je ne dis pas qu'il n'y a pas un problème mais j'ai l'impression qu'on fait tout ce qu'il faut pour répandre la panique. Pourquoi les autorités de santé ne disent-elles pas que les malades qui meurent en Italie ont souvent 80 ans, des cancers ou d'autres pathologies ? Et en France, pourquoi n'insistent-elles pas sur le fait que les deux personnes décédées avaient d'autres maladies ? Il y a un vrai problème de communication. Le résultat, c'est que les gens ont peur. Le Covid-19 n'est, pourtant, qu'un coronavirus de plus.
Y en a-t-il d'autres en circulation ?
Oui, il y en a désormais quatre en France. On estime qu'ils provoquent 400 à 500 formes graves chaque année. Mais il donne aussi des simples rhumes et toux. On est habitué à vivre avec. Et rappelons, que la grippe hivernale peut tuer jusqu'à 1000 personnes par semaine ! Ce chiffre-là, on le connaît et paradoxalement, on continue à ne pas se vacciner. C'est surréaliste.
VIDÉO. Coronavirus : un Français de 60 ans est mort à Paris après avoir été infecté