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Petite anecdote sur Ahmet Davutoglu, ex-bras droit d'Erdogan, qui s'apprête à créer un mouvement rival en Turquie. C'était il y a 10 ans. A l'époque, ni guerre en Syrie, ni néo-ottomanisme virulent, ni Erdoganistan. Gulénistes et Erdoganistes se partageaient le gâteau. #threadpic.twitter.com/C0v9gRZmwE
En ces temps-là, en Turquie comme à l'étranger, la société civile turque et kurde menait une intense campagne pour la libération de Güler Zere, militante révolutionnaire âgée de 37 ans, incarcérée depuis 14 ans pour « terrorisme » et atteinte d'un cancer de la gorge.pic.twitter.com/wNf8ljcCIw
Au même moment, suite aux pressions d'Ankara, j'étais poursuivi pour terrorisme en Belgique. Mon crime: soutenir des militants recherchés en Turquie. Je risquais jusqu'à sept ans de prison. A l'époque, on m'en fit voir de toutes les couleurs (filatures,tentative d'extradition...)pic.twitter.com/vK2xizOH83
A quelques jours du verdict de mon procès et malgré les risques de représailles judiciaires, nous décidâmes, ma femme et moi, d'interpeller, à Bruxelles, Ahmet Davutoglu sur le cas de Güler Zere et de demander sa libération. Davutoglu était alors ministre des affaires étrangères.pic.twitter.com/ZZlg8r02cN
Ahmet Davutoglu était à Bruxelles sur l'invitation de la #TUSKON, la Confédération turque des hommes d'affaires et des industriels de Turquie. Pancarte et photo en main, nous lui demandâmes de faire libérer Güler Zere afin qu'elle puisse bénéficier de soins médicaux adéquats.pic.twitter.com/QMN1QgoQxR
Pour faire bonne figure devant ses invités européens, le ministre Davutoglu me répondit : « Güler Zere est notre enfant, pas la vôtre ». Nous n'en demandions pas tant. Ses gorilles nous tancèrent un peu. Mais pas grave. Nous avions brisé le mur du silence #GülerZereBizimÇocuğumuzpic.twitter.com/fUPKongSzO
Dans les minutes qui suivirent, Davutoglu déclara à la presse turque que son gouvernement allait prendre les mesures nécessaires pour Güler Zere et pour d'autres citoyens lésés. Il insistait: «Nous défendrons nos enfants»... même Güler la révolutionnaire?! Impensable aujourd'huipic.twitter.com/8T8JM3ILy4
Entre-temps, Güler Zere mourait à petit feu... Il fallait agir vite. Saisissant la balle au bond, éditorialistes, partis, syndicats et médecins interpellèrent le ministre Ahmet Davutoglu dans les termes suivants: « Monsieur le ministre, votre fille est en train de mourir! »pic.twitter.com/iXHUSqx4RL
Et puis soudain, la délivrance. Le 6 novembre 2009, soit un mois après notre chahut organisé à Bruxelles,Güler Zere bénéficia de la grâce présidentielle. Güler Zere était enfin libre. Il m'est impossible de décrire ce moment de joie tant il fut intense. Partout,des larmes de joiepic.twitter.com/M9eF4xxX0B
Mais hélas, la bataille de Güler Zere était perdue d'avance. L'irréductible guerrière était totalement rongée par la maladie. Güler s'est éteinte le 7 mai 2010, soit à peine 6 mois après sa remise en liberté. Elle n'avait que 38 ans. Des milliers de personnes pleurèrent sa mort.pic.twitter.com/t4vR8nQOQk
Aux funérailles de Güler Zere, le regard déterminé d'une jeune femme marqua les esprits, celui de Dilek Dogan. En 2015, Dilek sera assassinée par la police devant ses parents, à son domicile.Voilà en résumé la Turquie de Davutoglu, pays où chaque acquis démocratique se paie cash.pic.twitter.com/DYjbK8uqVP
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