lundi 18 août 2014

Premiers pas en phytothérapie

Extrait de Alternative Santé n° 15 de août 2014. 


VOTRE PREMIÈRE LEÇON DE PHYTOTHÉRAPIE
POUR NE PAS MOURIR IDIOT(E)


Cet été lors de vos déambulations sur les marchés, vous avez sans doute croisé des producteurs de plantes médicinales, peut-être même leur avez vous acheté une plante ou une racine afin de soigner l'un de vos troubles de santé. Peut-être avez vous reconnu, lors de vos promenades, certaines plantes dont vous connaissiez les effets thérapeutiques. Mais, malgré votre bonne volonté, malgré les litres de tisane absorbés, vous n'avez constaté aucune action thérapeutique.

La phytothérapie serait-elle inefficace ? Certainement pas. Alors serait-ce vous qui ne savez pas l'utiliser ? Cet article est une première leçon de phytothérapie. Peut-être la plus essentielle, celle qui vous apprendra comment préparer les plantes pour qu'elles vous soignent vraiment.

 

La plante crue, comme les hommes de cro-magnon


La forme galénique la plus primitive employée par l’homme est la consommation d’une plante médicinale en tant qu’aliment ou sous la forme alimentaire. Cette forme est souvent négligée aujourd’hui alors que de nombreux fruits, des racines, des feuilles peuvent se consommer crus et apporter non seulement les lipides, protides et glucides alimentaires, mais aussi des oligo-éléments et des vitamines. Plus encore, ils apportent des fibres et parfois des molécules dont le rôle n’est plus alimentaire, mais revêt un caractère curatif. La plus connue des plantes médicinales que l’on peut consommer ainsi tout en profitant totalement de ses bienfaits thérapeutiques est le chou. La plante n’ayant subi aucun procédé d’extraction ou de préparation, on peut en consommer autant l’on souhaite sans jamais risquer quoi que ce soit.



Le jus ? Plus il est rare, moins il faut en boire


Tous les jus possèdent à un titre ou à un autre, des vertus thérapeutiques. Toutefois, ils présentent l’inconvénient de perdre leurs propriétés rapidement et nécessitent, lorsqu’il s’agit de plantes qui ne sont pas naturellement juteuses, un appareillage sophistiqué pour les extraire. C’est le cas en particulier pour les jus qui ont les plus importantes qualités thérapeutiques comme le jus d’herbe de blé, très à la mode actuellement pour ses vertus revitalisantes ou la carotte, riche en carotènes. Il faut seulement retenir que plus le jus de la plante est rare, plus il faut en limiter la consommation. Ainsi, boire un verre par jour de jus d’herbe de blé est largement suffisant...

Les jus peuvent aussi servir sous forme externe. L’exemple le plus populaire de jus de plantes médicinales est sans aucun doute le jus d’ail à appliquer sur une verrue plantaire. On protège avec une toile adhésive style sparadrap, la peau autour de la verrue et on applique sur la verrue l’ail écrasé dans un presse ail, gorgé de son jus, que l’on maintient en place par une seconde couche de sparadrap, plusieurs heures chaque jour. Ce procédé permet de traiter la verrue en profondeur en quelques jours ou en quelques semaines, selon l’ancienneté de la verrue.

La tisane, ça n'existe pas


La tisane est le mode d’emploi des plantes médicinales le plus traditionnel et le plus connu mais en réalité, la tisane n'existe pas. Ce sera soit une macération, soit une décoction, soit une infusion (voir ci-dessous). En revanche, quel que soit le procédé d'extraction utilisé, il faut retenir les règles suivantes :
  • En règle générale, les tisanes très chaudes activent la sécrétion de la sueur, d’autant plus si l’air ambiant est chaud ou chauffé. Les infusions modérément chaudes sont plutôt diurétiques, sauf effet contraire des principes de la plante médicinale préparée.
  • Les tisanes fébrifuges peuvent être administrées à la température de la pièce (sauf bien sûr s’il y fait froid).
  • Les tisanes qui activent la digestion se consomment bien chaudes après les repas.
  • Les infusions à base d’amers, stimulants de l’appétit et du foie, sont souvent préconisées à température de la pièce, en début de repas.
  • Les tisanes calmantes se prennent le soir, une heure à ½ heure avant le coucher.
  • Les dépuratives peuvent se prendre en journée ou aussi bien le soir mais pas en fin de soirée.

La macération, dans l'eau froide


La macération est une sorte de tisane qui consiste à faire tremper la plante dans de l’eau froide pendant plusieurs heures, en général 12 heures. On peut ensuite l’utiliser après filtration de la plante ou la faire chauffer avant filtrage. La macération est généralement recommandée pour les plantes ou parties de plante desséchées dures ou épaisses comme une racine, une écorce qui demandent un contact prolongé avec l'eau pour libérer leurs principes actifs. (par exemple la racine de valériane ou la racine d'harpagophytum). On peut après une macération préférer prendre cette boisson chaude, et donc rien n'empêche de faire chauffer une macération une fois prête. En général on prépare ainsi quelques litres de liquide que l’on boira toute la journée (sans dépasser toutefois un litre par jour).

L’infusion, de 0 à 90°


Le procédé démarre de la même façon que la macération, c’est à dire à l’eau froide. On chauffe ensuite jusqu’à une température de 90° environ, qui est la température de début d’ébulition de l’eau. Suit une période d’attente dite d’infusion. Très souvent, on plonge les plantes dans l’eau portée préalablement à ébulition, le temps d’infusion est donc réduit, mais ce procédé ne permet pas d’obtenir un résultat de qualité car il saisit la plante mise en infusion et bloque en partie la diffusion dans l’eau de ses principes actifs.

La plupart des plantes se préparent en infusion. Seule la reine des prés, fragile, ainsi que le cynorrhodon, riche en vitamine C, demandent à ne pas faire monter trop fort en température.

Pour les plantes aromatiques comme le thym ou la verveine, on utilisera un couvercle et on récupèrera avec soin les gouttelettes de condensation, car elle sont riches en principes aromatiques.
Un litre par jour de la même infusion doit être suffisant.

La décoction, laissez bouillir


La décoction convient aux plantes dont il est difficile d’extraire les principes actifs par la seule infusion. C’est le cas par exemple de la feuille de buis ou de l’aubier de tilleul. Mettre la plante (ou une partie de la plante) à l’eau froide, faire chauffer et laisser bouillir la solution. L’ébullition peut être maintenue quelques minutes ou durer jusqu’à réduction de moitié, voire de trois quarts du liquide.

Deux méthodes sont possibles, la première avec un temps de décoction court (on l’emploiera plutôt pour les plantes de type feuille) , la seconde avec un temps de décoction plus long (en particulier lorsque les plantes sont épaisses). La décoction est généralement plus concentrée que l’infusion ou la macération. Les quantités absorbées doivent être moindres (1/2 à 3/4 de litre par jour).

La poudre de plantes, celle des guérisseurs


C’est certainement une des formes les plus anciennes de galénique. C’est, en tout cas, celle qui sont employées le plus fréquemment par les guérisseurs et les sorciers dans les populations dites primitives . La poudre est obtenue au moyen d’un pilon et une fois la plante bien desséchée. La plante est généralement mise en poudre pour plusieurs raisons. Elle permet de conserver et de transporter plus facilement les plantes. Elle permet aussi de les intégrer dans d’autres préparations. Le degré de finesse de la poudre est important pour certaines plantes (poudre micronisée) Lorsque la poudre est prise par voie interne (en gélules par exemple), on recommande de ne pas dépasser certaines doses, car la concentration est plus importante. Attention, certaines plantes en poudre sont plus actives que lorsqu’elles sont fraîches…

Les cendres de plantes : de l'alchimie


L'usage de plantes en cendres est le plus souvent externe, utilisé dans des savons, des crèmes, des sels de plante, des lessives. Elles apportent un effet nettoyant pour enlever les chairs mortes. Usage aussi dans les dentifrices. La cendre de plante est un des éléments fondamentaux de la spagyrie (alchimie du végétal).

Les teintures, pas seulement pour les homéopathes


Les teintures s’obtiennent par macération de plantes dans un mélange d’alcool et d’eau. Une teinture se fait toujours avec une seule plante et les compositions ne se font qu’après obtention de chaque teinture.
Il existe différentes formes de teintures utilisées en pharmacie et herboristerie :

- la teinture officinale : de moins en moins utilisée, préparée à partir de plante sèche, l’alcool utilisé étant souvent aux alentours de 45°.
- la teinture mère (abréviation : « TM » ) : à l’origine a été codifiée pour servir de base aux préparations homéopathiques (on parle parfois de teinture mère homéopathique, mère signifiant à la base des préparations qui sont par la suite dosées et dynamisées - donc des préparations filles). En règle générale une teinture mère est faite avec de l’alcool à 90° environ. La teinture mère est dite au 1/10è, rapport tout à fait théorique qui signifie que 10 grammes de teinture mère correspondent à un gramme de la plante sèche.

Pour faire une teinture d'arnica, si utile devant coups et contusions en massage avec une crème de massage, on utilisera des fleurs séchées à parties égales avec l'alcool. Si l'on a la possibilité de ramasser en été des fleurs fraîches, on parlera alors d'alcoolature.

En général, on prescrit 25 gouttes de TM par jour, pour un usage qui ne peut pas être au long cours mais plutôt ponctuel. Il est possible de réaliser des TM à partir de n’importe quelle plante.

Les alcoolatures, pour les pros


On obtient l’alcoolature par macération d’une plante fraîche dans l’alcool. Ici aussi on utilise un alcool très concentré en tenant compte qu’il sera moins concentré par la suite du fait de la libération de l’eau présente dans la plante fraîche. Le plus souvent les alcoolats sont obtenus par le mélange de plusieurs plantes fraîches dans l’alcool et distillation de ce mélange ensuite. Pour élaborer une alcoolature comportant un grand nombre de plantes, il est possible de remplacer les plantes introuvables par la plante sèche à raison de 3 g par plante.

En général, on laisse macérer les plantes dans l’alcool pendant 6 jours avant de distiller. Le remède qui en résulte est donc très puissant et son élaboration doit être réservée à ceux qui maîtrisent bien sa fabrication.

Les élixirs et liqueurs... à la vôtre


Une simple macération dans l’eau de vie ou du rhum, sans distillation, permet de réaliser des préparations qui s’approchent des alcoolats. Il s’agit alors plutôt d’élixirs que l’on définit par une macération de différentes plantes dans une solution alcoolique d’au moins 20°. Lorsqu'ils sont sucrées, on parlera plutôt de liqueur.

Pour environ 100 grammes de plantes , mélangez à deux litres d’alcool à 38-40° ou d’alcool de fruits. Laisser macérer durant quinze jours au soleil ou près d’une source de chaleur douce (20 ° environ). Agiter le flacon chaque jour. On peut commencer à utiliser la liqueur au bout d’une quinzaine de jours. L’alcool et les plantes peuvent rester ensemble indéfiniment. L’usage veut que plus vieille est la liqueur, meilleure elle est.

Les élixirs ou liqueurs doivent être employés avec modération pas plus d’un petit verre à liqueur par jour.

Les vinaigres, durs à avaler


Parce qu’il est à la fois alcoolisé et acidifié, le vinaigre permet d’extraire davantage de principes actifs que par la seule présence d’eau ou d’alcool. En revanche, son goût acide n’en fait pas un remède très agréable par voie interne. On utilise généralement les vinaigres thérapeutiques pour les problèmes cutanés ou capillaires.

Les sirops, avec sucre malheureusement


Un sirop nécessite au préalable la préparation d’une infusion ou d’une décoction. Le sucre ou mieux, le miel, est alors dissous à chaud ou à froid (un à deux kg de sucre selon la température pour un litre de solution).
Du fait de la présence de sucre, le sirop est souvent utilisé pour les enfants ou les personnes attentives au goût de la préparation.

Voilà la galénique des plantes telle que les anciens l'avaient élaborée. Qui s'en préoccupe encore, de nos jours. Aujourd’hui, les impératifs de la production industrielle de médicaments synthétiques, obligent à simplifier à l’extrême les différentes formes de préparations pharmaceutiques qui sont proposées aux patients. Quant au pharmacien, qui était autrefois capable de fabriquer lui-même de nombreux remèdes, il est aujourd’hui accaparé par d’autres fonctions. La science de la galénique, que nous n’avons fait qu’effleurer ici, s’attache à intégrer dans chaque remède le moment d'emploi ou de la sensibilité de la personne qui va l'utiliser. Elle est souvent pour beaucoup dans le mystère de la guérison.


Jean-François Astier
Phytothérapeute



2 commentaires:

  1. Bien, voilà une bonne idée Hélios, sauf que certains points sont pas clairs et même incomplets. Et ce n'est pas de ta faute..♥ .ce qui est inscrit "élixir" est en fait comme une prép. de TM mais allégée. Pour une vraie TM = 1 L d'alcool à 38° (style Vodka, Grappa...) il faut 200 grs d'herbes sèches ou 250 grs d'herbes fraîches... et voir le lien pour la suite L'arnica n'est plus trouvable (toxique si bu) -
    Bruxelles veille aux bons profits des trusts pharmaceutiques, touche des bakchichs par eux pour faire voter et supprimer de plus en plus de souches de plantes ! Trop de personnes se tournent vers les traitements plus naturels (attention aussi, ce n'est pas sans danger)

    http://www.cfaitmaison.com/sante/macerat-teinture-alcool.html

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  2. Voici un petit détour pour les plantes - phytothérapie oblige ;-) Il y a beaucoup de choses bien (comme chez B.B.B.) -
    http://chezlapothicaire.wordpress.com/2014/08/17/ayurveda-tendre-vers-lequilibre/#comment-395
    Tu mets ou pas, à ta convenance bises ♥

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