Dans une lettre écrite avant son suicide, un vétéran de la guerre en Irak dit qu'il a été forcé de participer à des crimes de guerre
Par Rania Khakek, 23 juin 2013
Daniel Somers avec son orchestre |
Le 10 juin 2013, un vétéran de la guerre en Irak, Daniel Somers a mis fin à ses jours après avoir rédigé une lettre poignante à sa famille pour expliquer les raisons de son acte.
"Mon esprit est un champ de ruines empli de visions d'une incroyable horreur, de dépression constante et d'une anxiété qui me paralyse, malgré toutes les médications prescrites par les médecins", lit-on dans sa lettre dont la publication a été autorisée par la famille. Somers continue de révéler la source de sa souffrance :
Durant mon premier déploiement, je devais participer à des choses dont l'énormité est difficile à décrire. Crimes de guerre, crimes contre l'humanité. Bien que n'ayant pas participé volontairement et ayant fait ce que je pensais de mon mieux pour arrêter ces actes, il y a des choses dont une personne ne peut tout simplement pas revenir. J'éprouve en fait une certaine fierté à ce sujet, car continuer à vivre après avoir participé à de telles choses serait selon moi la marque d'un sociopathe. Ces choses vont beaucoup plus loin qu'on ne peut même l'imaginer.
M'obliger à faire ces choses et participer ensuite à son camouflage est plus que ce qu'un gouvernement a le droit de demander. Par la suite, c'est ce même gouvernement qui m'a laissé tomber. Ils n'offrent aucune aide et bloquent activement toute aide de recherche extérieure à l'aide de leurs agents corrompus de la DEA (Drug Enforcement Administration).Bien que ne parlant de rien de spécifique concernant les sévices dont il a été témoin et/ou auxquels il a participé, nous savons que Somers faisait partie du THT (Tactical Human-Intelligence Team), une unité de renseignements à Bagdad "où il a effectué plus de 400 missions de combat comme fusilier-mitrailleur sur un véhicule de combat (HUMVEE), interviewé un grand nombre d'irakiens depuis des citoyens engagés jusqu'à des dirigeants de communauté et des officiels du gouvernement et interrogé des douzaines d'insurgés et de terroristes, "le genre d'opérations US qui se terminent par la torture et l'assassinat à plus d'une occasion." Somers devint ensuite analyste principal dans la JSOC (Joint Special Operations Command), largement cité dans le livre de Jeremy Scahill et le documentaire Dirty Wars et pas de manière positive.
Ce qui est le plus émouvant est que Somers dit avoir essayé d'utiliser sa position pour inverser le cours des choses mais la machine de guerre américaine ne l'y aurait pas autorisé.
J'ai tenté de profiter de ma position de plus grand pouvoir et d'influence pour essayer de redresser les erreurs. J'ai fait un nouveau déploiement durant lequel j'ai mis un énorme accent sur le fait de sauver des vies. Le fait est malgré tout qu'aucune nouvelle vie sauvée ne remplace celles qui ont été exterminées. C'est un exercice futile.
Je me suis attaché ensuite à remplacer la destruction par la création. Ce qui a fourni pendant un temps une distraction, mais qui ne pouvait durer. Le fait est que tout style de vie ordinaire est une insulte à ceux qui sont morts de ma main. Comment pourrais-je continuer à vivre comme tout le monde alors que les veuves et les orphelins que j'ai créés continuent de lutter ? S'ils pouvaient me voir assis ici dans ma banlieue, dans ma maison confortable travailler à un projet musical, ils seraient scandalisés et à juste titre.Somers a démarré tout récemment le Projet Shai pour réunir des fonds en vue d'un film documentaire unique sur la guerre en Irak. "Un vétéran de la guerre en Irak retourne à Bagdad pour partager le thé et interviewer d'anciens insurgés – surtout ceux avec lesquels il a échangé personnellement des tirs – pour mieux comprendre ce qui a motivé les parties à rejoindre les deux camps", dit la page pour les dons du Projet Shai. Mais la lettre de suicide de Somers suggère que le film n'allait pas se faire.
Je pensais que je pourrais peut-être avancer avec ce projet de film, et même plaire à ceux à qui j'avais fait du mal et exposer la vérité, mais cela m'est maintenant aussi enlevé. J'ai bien peur que, exactement comme tout ce qui demande l'implication de gens qui ne peuvent comprendre par le simple fait de n'être jamais allé là-bas, ce projet soit abandonné car la carrière entre en ligne de compte.Somers s'est débattu avec diverses maladies liées à la guerre et a reçu un diagnostic de troubles de stress post-traumatique et de lésions cérébrales traumatiques, résultat de ses missions en Irak. Dans sa lettre il attribue la responsabilité des épidémies de suicides de militaires au refus du gouvernement américain de s'occuper pleinement des soins à accorder aux vétérans touchés physiquement et psychologiquement.
Est-ce étonnant alors que les derniers chiffres montrent le suicide de 22 vétérans par jour ? C'est plus de vétérans chaque jour que d'enfants tués à Sandy Hook. Où sont les grandes initiatives politiques ? Pourquoi le président ne se tient-il pas devant ces familles lors du discours de l'état de l'Union ? Peut-être parce que nous n'avons pas été tués par un fou unique, mais plutôt par son propre système de déshumanisation, de négligence et d'indifférence.
Ce qui nous reste à tous est une souffrance constante, la détresse, la pauvreté et le déshonneur. Je vous assure, quand finalement tomberont les chiffres, que ce sera surtout parce que ceux qui ont été poussés à bout sont déjà tous morts.
Et pour quoi ? La folie religieuse de Bush ? La fortune toujours croissante de Cheney et celle de ses amis des grandes sociétés ? Est-ce ce pourquoi nous détruisons notre vie ?La lettre de Somers est un rappel que parmi les soldats qui combattent se trouvent de bonnes personnes qui ont été mises au pied du mur, obligées de compromettre leurs principes moraux pour effectuer les opérations presque toujours abominables nécessaires au fleurissement de l'impérialisme américain. Après quoi ils sont jetés, ostracisés pour leur faiblesse et se voient refusés les soins médicaux dont ils ont désespérément besoin pour survivre.
Pendant ce temps, les gens qui ont envoyé Somers à la guerre et ordonné les crimes de guerre qui l'ont mentalement détruit, vivent dans le confort, font des boulots pépères dans les universités et voient des bibliothèques construites en leur honneur.
"Cela a été de la folie...Daniel et moi sommes des gens secrets et des choses sont remontées violemment à la surface la semaine dernière et aujourd'hui tout le monde a pris conscience de son épreuve," a dit Angeline, la femme de Somers, au Phoenix New Times.
"Je veux pouvoir croire que s'il avait pu en parler plus tôt, il serait encore là".
Daniel Somers et sa femme Angeline |
Traduit par Hélios
Evidemment c'est triste... mais sait on combien de S.S. se sont suicidés ? combien de japonnais ? et autres...? les atrocités de guerre , restent des atrocités, Pourquoi toujours en sommes nous constamment (et avec les mêmes) aux vétérans, Irak, Vietnam... Que ce qui touche les américains en fait... ET LES AUTRES ?
RépondreSupprimerCe qui est "suggéré" ici n'est que le "dessus du panier" ! ! !
RépondreSupprimerLa vérité est encore BIEN PIRE que ce que chacun d'entre nous (les civils) peuvent arriver à imaginer ( à partir de ce qu'on nous laisse voir dans les films ? ).
Non Dany, ce n'est pas triste, c'est la réalité de milliers (millions ?) de pauvres types (hommes et femmes et jeunes ados) qui sont entrainés de force ou par différends biais dans des actions EFFROYABLES !
Actions que les médicaments chimiques se contentent de changer en "folie intérieure" pour les plus chanceux (!) ou en mort(s) violente pour d'autres, suivant le pays (Afrique, Extrême-Orient, Amérique Sud, Europe).
Mes prières d'Amour vont vers eux...
Merci d'avoir parfaitement complété ce que j'ai inscrit en rapide. Je suis triste et en rébellion contre cette humanité qui n'a Rien " d'humain " la "Gaïa" a actuellement la pire des espèces qui y demeure, cette espèce n'agit pour la plupart qu'avec destruction. Nous sommes la Mère Terre et elle est nous...elle est surtout ce que NOUS en faisons voir aussi ce que dit Ferlin, Gaïa se réveillera et se réveille en partie, ça va faire mal, leur faire mal aux destructeurs... Oui, envoiS d'Amour au niveau Cosmique pour tout ce qu'est la vie - à toi Ned ♥
SupprimerConclusion: La guerre n'est point faite pour des femmelettes !
RépondreSupprimerDepuis des millénaires on sait que c'est pas beau du tout, sinon ça ce saurait !
Le problème, c'est qu'on a pas trouvé la guerre propre sans traumatisme !!
De le dénoncer très bien ! Mais ou est la solution !
J'ai un beauf qui est revenu complètement détruit de ce qu'il a vu ou obligé de faire en Algérie !
Il aurait mieux fait de ce suicider en revenant plutôt que de vivre les cauchemars depuis son retour du Djebel !!!
Jamais le pouvoir en place n'a autant insulté ses laquais, ne les a autant abandonné. C'est le reflet de la société actuelle, carrément barbare.
RépondreSupprimerCelui qui ne voit pas le génocide global arriver est un aveugle et un fou.
Partie 1
RépondreSupprimerComme je l’avais écrit à Hélios, ce qui était intéressant dans cet article, c’était d’une part la version américaine « patriote » (article et commentaires), et d’autre part les interventions d’un adulte Irakien, Ishtar, dans les commentaires : il montrait aux lobotomisés la vérité nue, et à mesure qu’il répondait aux Américains il découvrait l’étendue de leur lavage de cerveau.
Il manque cette partie pour que l’article soit utile, et je ne pourrai pas la traduire.
22 vétérans se suicideraient par jour, 1892 entre janvier et mars 2014.
• « C'est plus de vétérans chaque jour que d'enfants tués à Sandy Hook. Où sont les grandes initiatives politiques ? Pourquoi le président ne se tient-il pas devant ces familles lors du discours de l'état de l'Union ? »
Parce que les soldats tués pour aller détruire les pays des autres sont des ressources jetables au service des usuriers qui gouvernent la planète, alors que les enfants tués à Sandy Hook sont de la marchandise promotionnelle offerte pour faire passer l’interdiction du port d’armes et les restrictions des libertés individuelles aux USA.
• « Dans sa lettre il attribue la responsabilité des épidémies de suicides de militaires au refus du gouvernement américain de s'occuper pleinement des soins à accorder aux vétérans touchés physiquement et psychologiquement. »
Beaucoup de ces soldats-mercenaires ne comprennent pas pourquoi ceux qui les ont envoyés tuer des Hommes qui ne leur demandaient rien n’ont pas prévu de service après-vente, de remède miracle permettant d’évacuer de leur conscience leurs crimes commis sur ordre. De baguette magique comme dans les dessins animés de Disney pour les réveiller d’un mauvais rêve.
Ces suicidés américains du IVe Reich, morts pour avoir obéi aux ordres, sont la contrepartie actuelle des crimes des bourreaux de Nuremberg, qui ont pendu des soldats allemands du IIIe Reich après leur avoir expliqué que leur faute était d’avoir obéi aux ordres.
Les criminels de guerre américains n’ont pas besoin de bourreaux, ils se chargent de leur propre exécution : « continuer à vivre après avoir participé à de telles choses serait selon moi la marque d'un sociopathe ».
• « en vue d'un film documentaire unique sur la guerre en Irak. "Un vétéran de la guerre en Irak retourne à Bagdad pour partager le thé et interviewer d'anciens insurgés – surtout ceux avec lesquels il a échangé personnellement des tirs – pour mieux comprendre ce qui a motivé les parties à rejoindre les deux camps" »
Il appelle les patriotes irakiens défendant leur pays des « insurgés », comme les nazis appelaient les résistants français. Comme si l’Irak appartenait aux USA. Il semble ignorer ce qui a motivé les combattants irakiens ! Imaginons qu’un ancien soldat de la Wehrmacht veuille rencontrer des résistants français pour leur demander pourquoi ils ont eu l’idée de se battre contre une invasion ennemie… En fait, c’était déjà les Américains à l’époque qui ne comprenaient pas pourquoi de Gaulle se battait.
Ishtar remarque que le soldat Somers est mort sans avoir jamais compris ce qui se passait réellement.
Il remarque que l’engagement dans l’armée américaine n’est pas obligatoire mais volontaire, et que bien souvent c’est juste pour obtenir une meilleure vie matérielle pour soi et ses enfants qu’on part tuer la vie des autres et de leurs enfants.
Mais une intervenante demande à Ishtar d’être juste et de traiter à égalité les « méfaits » des soldats qui ont servi sous Saddam Hussein et les méfaits des Américains en Irak. C’est la fameuse « non-discrimination », toujours exigée comme un droit fondamental par les psychopathes qui se respectent (et souvent s’ignorent). J’en ai parlé à propos de l’article de Joêl Labruyère « au-delà du bien et du mal ».
Pour faire preuve de normalité dans une société psychopathique, il faut toujours s’engager à pratiquer cette « non-discrimination » : le ver vaut la pomme, le mal vaut le bien, le besoin du pédophile vaut celui de l’enfant. Sésame, ouvre toi.
Partie 2
RépondreSupprimerC’est alors qu’Ishtar lui fait faire une incroyable découverte. Il raconte à cette femme ce qu’était son pays avant que les armées US le détruisent, et à quoi les armées US ont réduit son pays :
• “Reading your comment, after GodlessK’s, I can see how the brainwashing he referred to, works. In Saddam’s time, every one had the opportunity to go to university without paying a dollar.. Health care was free to every body. Getting loans to build a house was easy and available.to all. There was security. Life was pleasant. Food was very cheap. Women were unveiled and emancipated. . All this of course before imposing the harshest sanctions in history for 10 years by your government. During those years, a decade, every beautiful thing was destroyed, even pencils and aspirins were forbidden. Iraq did go back to the pre-industrial ages as Bush the first and Clinton promised. Then came the invasion and more destruction.
Now if you ask any Iraqi, even people who were against Saddam: which is better: life under Saddam or life after Saddam? Their answer will be the obvious. You can not imagine what your government has done to Iraq. Saddam was a dictator, and although there was no free speech, but life otherwise was wonderful. Everything was available to the ordinary man. Who wants free speech when a child dies of lack of medicine or of hunger? Who needs free speech when there is no security in the streets and if you go out of your home you can not be sure you will return alive or whole.
This is the Iraq which America has created.. It has destroyed a secular regime to install a sectarian one. Is this democracy? No it is the old imperial “divide and rule”, to enable oil corporations to steal nations.”
Il y a plusieurs autres commentaries intéressants, par exemple:
• “The government knows best kind of thing; it’s exactly what caused Vietnam, nobody knew what the hell a Domino Theory’ even was including those that professed it and yet, as always, we sacrificed our youngest men to do the will of those men who would be the farthest away from the actual war. Its these appearances and the fact that all governments want to have their “secrets” and they want to tell us how “THEY” are so much smarter than we, the general population, are and we must listen to them or perish, when, it is, always, actually the other way around. »
• “So many vets say no-one can understand how it is if they have not been there. I disagree, many of us do understand , at least”enough”.
Understanding is what causes us to be against participating. They have the same understanding after they go, but the experience wasn’t necessary.”
Sur la question des soldats allemands : au cours de la dernière guerre environ 30 000 automutilations ou équivalents ont été condamnées à la peine de mort, environ 100 000 déserteurs qui ont été repris sur les 400 000 ont fait des peines de prison. Beaucoup de suicides également, les suicides manqués étaient jugés devant un tribunal.
Il faut ajouter pour l’Allemagne que la population était désespérée et terrorisée sous le régime nazi et que les suicides civils ont été nombreux. Cela commence aussi depuis un certain temps en France, à la suite des Grecs.
Brigitte
Merci pour cette longue "explication de texte", Brigitte, qui permet d'aller beaucoup plus loin.
SupprimerJe vais traduire ce qu'a répondu Ishtar pour que tout soit clair.
Partie 3
RépondreSupprimerIl n'y a pas de traduction à faire, mais c'est encore un suicide, et ce n'est pas le suicide d'un soldat, mais celui d'un professeur. Je vous propose de lire la lettre que Pierre Jacque a écrite avant de mourir.
Il ne s'était pas engagé à aller détruire un pays et ses habitants, ni "toute chose belle" dans ce pays, Au contraire il s'était engagé à donner de la Connaissance à des enfants. Mais il ne savait pas que dans notre pays aussi il y a la guerre. La guerre contre le peuple sans les armes conventionnelles, mais tout aussi mortelle et bien plus discrète.
http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2014/06/08/education-la-lettre-de-pierre-jacque-ii-49996.html
Parfois, on se demande si Dieu n’a pas créé le Monde sur un coup de colère. Lacroix Grégoire
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