Matthieu Suc

Il se trouve que depuis la fin d’année passée, je travaillais sur différents sujets ayant trait à mon champ d’attribution, les services de renseignement (jusqu’ici normal). Et que sur chacun de ces sujets, notre président vient de s’exprimer publiquement ces derniers jours.

Et qu’à chaque fois, probablement mû par un légitime désir de remonter dans les sondages, il a proféré avec aplomb une série de « faits alternatifs » que l’on jurerait sorti de la Maison Blanche.

Cela a commencé la semaine dernière quand notre président a annoncé lors du dîner du Crif la suppression de trois associations d'ultra-droite antisémites. Manque de pot, avec @marineturchi, nous enquêtions depuis fin 2018 sur la procédure de dissolution, déjà en cours,...

Attention je ne suis pas en train de dire que parmi les membres du Bastion Sociale, il n’y aurait pas d’antisémites convaincus, de nostalgiques du fascisme, simplement que le motif juridique de la dissolution était acté depuis plus de deux mois et n'avait rien à voir avec ça.

Bref il semble bien que l’on puisse qualifier les annonces faites lors du dîner du Crif « d’opportunité » (ceci est une litote).

Acte II des fake news élyséennes à lire aujourd’hui sur @Mediapart : Emmanuel Macron vient de déclarer qu’il n’y avait jamais eu de projet de rapatriement de djihadistes. Bah si. @BFMTV (et @AlexandraGzz) l’avaient révélé, Christophe Castaner l’avait confirmé à demi-mot.

Nous vous racontons le détail de ce programme, les négociations avec les américains, la crainte des services de renseignement que le régime de Bachar al-Assad ne récupère les djihadistes estampillés made in France et les incitent à rentrer chez eux commettre un attentat

et malgré tout, le Président bloque le projet de rapatriement (en dépit des considérations humanitaires mais aussi, donc, sécuritaires) et affirme haut et fort qu'il n'en a jamais été question.

On vous narre, un peu (il faut protéger leur anonymat), la consternation de certains hauts fonctionnaires de sacrifier la sécurité à d’immédiates considérations politiciennes.