Gilets jaunes : Jean-François Barnaba, fonctionnaire sans activité
L'un des porte-parole autoproclamés des Gilets jaunes est fonctionnaire sans activité depuis dix ans, et touche un salaire de 2 600 euros.
Par Thibaut DéléazDepuis samedi, difficile de passer à côté de lui lorsqu'on allume la télévision ou la radio. Jean-François Barnaba est devenu l'un des porte-parole autoproclamés du mouvement des Gilets jaunes et écume les plateaux, de BFM TV à France 5, de France inter à RMC, en passant par L'Émission politique de France 2.
Une activité de militant très prenante, mais Jean-François Barnaba a du temps libre. Le sexagénaire, fonctionnaire, ne travaille plus depuis près de dix ans, mais est pourtant payé 2 600 euros par mois avec de l'argent public, selon L'Obs . Une situation qui apparaît pour certains comme paradoxale, et embêtante pour un porte-parole d'un mouvement qui dénonce un « matraquage fiscal » du gouvernement et la mauvaise gestion de l'argent public.
Ancien chef d'orchestre et directeur de conservatoire, selon la biographie qui accompagne son livre Vortex , sorti en 2016, il a ensuite été recruté par le département de l'Indre en 2001 en tant que conseiller technique musique.
Fonctionnaire momentanément privé d'emploi
Mais le 31 décembre 2008, il est débarqué par le président du département de l'époque, Louis Pinton. Jean-François Barnaba aurait eu « des ambitions que nous estimions démesurées avec les moyens financiers du département », explique Serge Descout, actuel président de la collectivité, dans La Nouvelle République . « Ça s'est fait à l'amiable, on est restés en bons termes », assure-t-il.
Depuis, Jean-François Barnaba a le statut de fonctionnaire momentanément privé d'emploi, et continue depuis dix ans de toucher sa rémunération, légèrement diminuée par rapport à ses années actives. « C'est un cas unique pour le conseil départemental de l'Indre », indique le cabinet de Serge Descout au Point.
Il est pris en charge par le centre de gestion de l'Indre, censé lui proposer des offres d'emploi, qu'il n'est pas obligé d'acepter. Interrogé par France Bleu Berry, il assure pourtant n'avoir « reçu aucune offre depuis dix ans ». Un nouveau système, plus strict, a été mis en place depuis 2016 : les fonctionnaires sans emploi voient leur rémunération baisser chaque année s'ils n'acceptent aucune offre. Mais il ne s'applique pas rétroactivement, et donc pas à Jean-François Barnaba, explique le cabinet du président du département.
Gilets jaunes en colère
La révélation de sa rémunération a suscité de nombreuses critiques chez les Gilets jaunes qui ne souhaitent plus l'avoir comme porte-parole. Jean-François Barnaba n'a jamais caché sa situation professionnelle – il l'a évoquée de lui-même auprès des journalistes – et affirme la regretter.
« Ça m'a énormément marqué de me retrouver progressivement désocialisé, ça a été une très dure épreuve », dit-il sur France Bleu Berry. Pour le président du conseil départemental de l'Indre, cité par La Nouvelle République, « le scandale, c'est que le système permette cette situation ».
Contacté, Jean-François Barnaba n'avait pas répondu à nos sollicitations au moment de l'écriture de cet article.