La Nouvelle Théologie Solaire

L’évolution religieuse avant l’accession au trône d’Akhenaton

Théologie de la lumière et du mouvement

Evolution de la théologie Thébaine

Au cours de la XVIII° Dynastie (1539-1292 av-JC), le dieu du Soleil Rê s’est transformé en un dieu-créateur compréhensif, qui se manifeste sous divers noms et diverses formes. Les « Livres de ce qui est dans la Douat »1 étaient les nouveaux guides de l’Au-delà [L’Amdouat]. A l’inverse des « Livres des morts » qui étaient un développement des « Textes des Sarcophages », ces recueils formaient un nouveau et premier genre littéraire royal (totalement absent des tombeaux de reines). Les « Livre des morts » au long de l’histoire de l’Egypte contiennent des modifications mais conservent néanmoins un contenu permanent. Les formes nocturnes et de l’au-delà du dieu du soleil, et leurs effets dans le monde inférieur (Douat), constituaient le thème central de ces livres. Ils fournissent la commande et les principes créateurs pour les espaces dans l’Au-delà et par conséquent sont en liaison avec la régénération nocturne du soleil, le monde inférieur étant désigné comme le ciel intérieur. Les premiers livres arrangent le cours nocturne du soleil en douze heures, avec l’écorce solaire représentée au centre de chaque heure. Plus tard, cette écorce disparaît, et Rê est simplement indiqué par le disque rouge du soleil, qui reste absent du damné.

Dans « Religion Solaire Egyptienne sous le Nouvel Empire » (1995) et « Recherche de Dieu en Egypte antique » (2001), J.Assmann définit la Nouvelle Théologie Solaire comme :

« … l’interprétation et la représentation du cours du soleil dans les catégories non-constellatives de la théologie explicite (...) La Nouvelle Théologie Solaire amène (provoque, fait émerger) un iconoclasme cognitif qui rejette entièrement le monde mythique et pictural de la pensée polythéiste. Tous ces principes de base peuvent être compris en tant qu’interprétations théologiques des phénomènes cosmiques, spécifiquement le soleil, sa lumière, et son mouvement ». J.Assmann (2001)

Le dieu Amon de Thèbes et l’aspect pur Rê du dieu du soleil étaient apparentés, parce qu’on a compris que tous les deux sont liés dans le Devenir suprême en tant que dieu primitif, dieu créateur et dieu de la vie. La théologie de Thèbes du Nouvel Empire, dès ses débuts, a essayé de formuler une théologie d’Amon-Rê qui serait assez complète pour inclure les traditions d’Amon et de Rê. Par accumulation et juxtaposition les divers dispositifs de ces deux divinités ont été combinés. Ainsi la théologie de Thèbes de la XVIII° Dynastie est-elle une suite de la recherche d’une articulation hénothéiste du divin, qui avait été commencée dès le Moyen Empire. C’est également le point de départ de la recherche vers un nouveau concept du divin (non seulement « avant » tout, mais également « dans » chaque chose).

L’exemple des Hymnes à Amon-Rê de Suti et Hor

Les différents textes démontrent cette recherche. Par exemple, prenons l’« Hymne à Amon-Rê » et la stèle du tombeau des architectes Suti et Hor sous le règne d’Amenhotep III. Dans ces deux hymnes au dieu du soleil, ces frères jumeaux donnent la prééminence à Aton, le disque physique du soleil. Les thèmes principaux qui formeront le fondement de la religion d’Amarna s’y retrouvent déjà : le soleil, sa lumière et son mouvement. (Cf. Hymne Suti et Hor- stèle 826 British Museum)

Dans cet hymne, la plupart des éléments qui se trouvent dans la religion d’Amarna sont présents avant qu’Akhenaton ne mette en application les conséquences finales de ses réflexions sur le divin. Cette Nouvelle Théologie Solaire n’est pas une forme primitive de la religion d’Amarna, car ces textes « reprennent après la période d’Amarna exactement au point auquel ce nouveau développement avait été interrompu par le bouleversement d’Akhenaton et sera poursuivi jusqu’à la fin de l’histoire de la religion égyptienne, côte à côte avec des textes exprimant la théologie constellative restaurée du cours du soleil » (J.Assmann).

L’hérésie » d’Akhenaton

Le côté original de la voie d’Akhenaton consiste en ce qu’en dehors du dieu du soleil aucune autre divinité ne pouvait être tolérée. Par conséquent, ce n’est pas tellement le contenu de son message qui était original ou hérétique, mais bien plutôt la forme politico-religieuse dans laquelle il l’exprime (un monothéisme royal basé sur la nature exclusive du roi) ainsi que la manière radicale de mise en application2.

« La Nouvelle Théologie Solaire a tenu, et s’est comprise, dans le contexte des autres divinités. Par exemple, l’armature de la stèle des deux architectes contient des prières d’offrandes à, entre autres, Hathor, Khonsou, Mout, Amon-Rê, Anubis et l’épouse du Dieu Ahmes-Nefertari. Bien que les autres divinités ne participent plus à la course du soleil, elles étaient néanmoins là, et cette mention montre a elle seule que ces divinités sont déjà confrontée à un courant menant à une total démythologisation et vers une désillusion totale du monde » J.Assmann (2001).

La naturalisation du divin dans une expérience religieuse

La base de cette Nouvelle Théologie Solaire a été identifiée par J.Assmann comme un iconoclasme cognitif qui remplace la vue « mythisante » du monde, en s’appuyant sur le cours évident du soleil, de sa lumière et son mouvement (héliomorphisme).

Cette désillusion démythologisante et sa suite, survient en éliminant tous les éléments d’une expérience religieuse qui ne peuvent pas être apportés au cours normal des événements. En fait, il n’y a aucune présence divine autre que la lumière de l’Aton, « nous nous tenons ici plus à la racine de la philosophie normale que de la religion universelle monothéiste ». (E.Hornung).


Notes :

[1] c.a.d le « monde inférieur », the netherworld, Unterwelt, ou encore le « Weltinnenraum » de Rilke

[2] Cf. La destruction brutale des cultes et l’extirpation du nom d’Amon

Informations sur cet article
  • Auteur(s) : her bak
  • Publication : 27 mai 2008
  • Mise à jour : 27 mai 2008

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