Désamorcer nos pulsions de violences

Désamorcer nos pulsions de violences
Friday 06 January 2017

Bonjour Mme ORIOL,

« Un message pour vous dire que les ouvrages d’Alice Miller ont véritablement bouleversé ma vie. Je tenais également à vous remercier pour les conférences de la chaîne YouTube.

Papa d’une fille de 14 mois, je ne comprenais pas pourquoi je me sentais pris d’une montée de colère intérieure lorsque ma fille pleurait à chaudes larmes, et ce malgré mes connaissances sur le sujet de l’éducation bienveillante.

C’est ainsi que j’en suis venu à lire les ouvrages d’Alice Miller, notre corps ne ment jamais, et c’est pour ton bien. J’ai fini ensuite par le drame de l’enfant doué.
J’en ai ainsi compris, au fil des lectures, que mes parents m’avaient éduqué de façon soumise à leurs propres conditionnements inconscients, en réprimant mes émotions par le biais de violences physiques (claques fessées) et morale (attitude autoritaire, système de dominance, et punitions).

Je suis ensuite devenu un ado mal dans ma peau, peinant à s’affirmer, peur de s’exprimer en public, car m’exprimer pleinement m’a été interdit dans mon enfance.

Ce n’est pas pour rien que je me suis ensuite dirigé vers la gendarmerie, pour retrouver une autorité à laquelle me soumettre, qui décide pour moi de mes affectations de mes missions, de ma vie.

Le comportement destructeur dont parle Alice Miller, je l’ai eu envers moi même et non envers les autres, en voulant intégrer le GIGN. Je me disais sans cesse consciemment :  » il ne faut pas que tu pleures ou te plaignes pour telle ou telle raison, tu ne dois pas être faible pour aller au GIGN, tu ne peux pas exprimer des émotions de faible, tu dois être fort, quitte à donnée ta vie pour les autres ».

J’ai compris que ces schémas de pensée découlaient de mon éducation reçue : mes émotions ont été niées par mes parents/agresseurs idéalisés, et incapable de m’insurger contre eux de part mon jeune âge, et m’inspirant de leur modèle (mes parents ne sont pas expressifs de leurs émotions), j’ai moi même nié mes émotions par la suite, jusqu’a les enfouir bien profondément pour ne plus les ressentir. C’est ainsi que lors de mon premier saut en parachute, le moniteur m’a dit « alors. Tes sensations ? ». Je remarque aujourd’hui que je n’ai rien ressenti de particulier, alors que je prenais l’avion pour la première fois, et que je sautais dans le vide pour la première fois.

Je suis donc en colère contre mes parents. Et je ne me suis jamais autorisé à l’exprimer, ce qui m’a causé énormément de problème de développement personnel qu’ils ignorent totalement.
Je remarque aussi que mes parents sont des enfants qui n’ont pas eu la liberté de s’exprimer dans leur enfance, et ils ont répercuté ça inconsciemment sur moi.

Je me suis tellement trompé toutes ces années. Être un homme ce n’est pas en imposer physiquement, avoir des responsabilités au travail, se marier, ou encore négliger ses émotions pour le confort des autres.

C’est au contraire accepter ses émotions, comprendre son vécu, son histoire, prendre conscience de ce qui a fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui, pour renouer avec son être intérieur et prendre ses décisions de vue en sa VERITABLE âme et conscience, et non pas sous le coup de valeurs qui prennent leurs racines dans l’inconscient de notre enfance, de nos parents, et que l’idéologie dominante réussit à véhiculer car peu de personnes prennent conscience de leurs automatismes de pensée et d’action

Je suis en paix aujourd’hui, ce que j’ai toujours voulu trouver, je l’ai trouvé. Il ne me reste qu’à commencer à vivre. Pleinement.

Merci Mme Miller
Merci Mme Oriol

Du fond du coeur. »

Réponse de Brigitte

Votre lettre est tellement poignante de sincérité et de lucidité que j’en suis très touchée. Le chemin que vous avez parcouru est plutôt rare, surtout quand on se détourne encore plus de soi par une profession qui continue le travail de sape des parents.
Je mesure l’impact des livres d’Alice sur vous et vous encourage vivement à garder ce discernement qui vous sauvera la vie et celle de votre petite fille. Sortir des conditionnements de notre enfance est un long parcours. Nous devons rester attentif à nos conduites d’adaptations quand elles nous rattrapent et à nos pulsions quand elles nous poussent à répondre avec la même intensité et les mêmes « névroses » que nos parents..
Votre témoignage est une véritable source d’espoir pour tous ceux qui souffrent encore des mauvais traitements de leur passé.
Avec mes plus respectueux sentiments,
Brigitte Oriol