Pour la première fois depuis juillet 2011, des produits de fission et d’activation de période courte semblent de nouveaux détectés à près de 200 km de Fukushima-Daiichi
La dernière concentration mesurable d’Iode-131 était constatée à la station CTBTO 1. de Takasaki 2 le 7 juillet 2011 :
En ce qui concerne le Tellure-132, Takasaki n’en avait plus mesuré aucune trace depuis le 19 avril 2011 :
Le Lantane-140 commençait à ne plus être détecté vers le milieu du mois de mai 2011 :
Début octobre 2012, les 3 radionucléides disparus depuis plus d’une année refaisaient leur apparition, à des concentrations faibles mais significatives et étonnement stables (le Baryum-140 remplaçant le Lanthane-140):
Des radionucléides de période courte, indices probables d’une fission récente
I-131 : 8 jours
Te-132 : 3.2 jours
La-140 et Ba-140 : respectivement 307 et 40 heures
Si le doute peut être à la rigueur entretenu par les utilisations médicales de l’Iode-131 (imagerie et surtout radiothérapie en milieu hospitalier), la présence de Tellure-132 est un marqueur imparable car ce dernier radioélément, parent de l’Iode-132, n’est quant à lui que très, très rarement utilisé en médecine nucléaire 3.
Du fait de sa période très courte (nous nous amusons à penser que l’I-132 n’intéresse pas plus les journaux que les médecins car il disparait plus vite que l’encre ne noircit leurs pages), on n’évoque pas très souvent l’Iode-132 qui est pourtant un radionucléide particulier : il possède une filiation unique et stable (Xénon-132 stable), c’est un émetteur 100% Bêta qui délivre une énergie très importante lors de sa désintégration (3.6 MeV) ; il constitue de ce fait une menace radiotoxique extrêmement sévère avec une activité spécifique de 383.000 TBq/g (comparés aux « minables » 4600 TBq/g de l’Iode-131).
Des concentrations significatives mais étonnement stables
Pour revenir à notre station automatisée de Takasaki, nous notons que les 3 radionucléides décrits sont tous apparus le 1er octobre 2012 et que leurs concentrations sont relativement faibles – un peu au-dessus du seuil de détection – et surtout très stables au fil du mois.
Ce dernier paramètre est absolument étonnant compte tenu des caractéristiques de désintégration des radioéléments envisagés : soit la source (la réaction de fission nucléaire) est proche, active, stable et relativement entretenue (ce qui élimine d’emblée un essai nucléaire « sauvage »), soit un problème technique ou un mauvais étalonnage affecte la station de détection de Takasaki. Les concentrations des autres produits de fission comme les Césiums ne semblent pas affectés à la même période.
La station CTBTO RN38
Inaugurée en 2003, la station RN38 est située au sein d’un complexe d’études nucléaires situé à environ 100 km au Nord-Ouest de Tokyo et à environ 200 km de Fukushima-Daiichi. La station se compose d’un échantillonneur / analyseur automatisé Veridian qui analyse un volume d’environ 1000 m3 / h 4 prélevés à partie d’une cheminée d’aspiration située sur le toit du bâtiment dédié.
L’appareil a délivré continuellement ses analyses depuis son inauguration et semble avoir ainsi acquis une bonne réputation de fiabilité dans les relevés. Ceci ne signifie pas qu’il ne peut faillir mais juste que son niveau de disponibilité et de fiabilité est très satisfaisant.
La station de Takasaki a en outre été équipée en 2007 d’une installation de détection du gaz noble Xénon-133 afin de compléter son éventail de mesures, les gaz rares étant souvent les indices préliminaires de rejets importants de produits de fission nucléaire dans l’atmosphère.
Sources :
Bulletin CTBTO RN38, 19/11/12 (japonais)
Bulletin CTBTO RN38, 20/04/12 (japonais)
DETECTION OF RADIONUCLIDES EMITTED DURING THE FUKUSHIMA NUCLEAR ACCIDENT
WITH THE CTBT RADIONUCLIDE NETWORK, rdss, 2011
(Thyroïde) Un facteur à ne pas négliger : les Iode et Tellure 132, Dr. J. Guillet (695)
- Stations de détection automatisées de menaces nucléaires mises en place suite à la signature du traité d’interdiction des essais nucléaires CTBT en 1996 ; même si ledit traité n’est toujours pas ratifié à ce jour par le quorum imposé d’États signataires et n’a donc aucune valeur contraignante, 85% des stations de détection automatisées de radionucléides sont malgré tout opérationnelles ; Takasaki est l’une de ces stations ↩
- Takasaki se situe approximativement à mi-chemin entre Tokyo et les installations nucléaires de Fukushima ↩
- Le service de médecine nucléaire doit disposer d’une colonne de séparation alimentée en Tellure-132 ↩
- Plus le volume d’air « aspiré » est important, plus les niveaux de détection de radionucléides sont faibles et l’appareil sensible ↩
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