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Chine : que signifient les libérations de Ai Weiwei et Hu Jia ?

LEMONDE.FR | 27.06.11 | 17h00  •  Mis à jour le 27.06.11 | 20h12

 

Hu Jia a été libéré dimanche, quelques jours après la libération d'Ai Weiwei.

Hu Jia a été libéré dimanche, quelques jours après la libération d'Ai Weiwei.AFP/FREDERIC J. BROWN

Malgré les récentes remises en liberté consécutives des dissidents Ai Weiwei, mercredi 22 juin, et Hu Jia, dimanche 26 juin, les observateurs estiment que Pékin n'a pas changé de ligne et que la campagne de répression observée ces derniers temps n'est pas remise en cause.

"Nous suivons de près une douzaine de cas de défense des droits, et je ne trouve pas qu'il y ait des améliorations fondamentales dans la société chinoise", explique Huang Qi, un vétéran de la dissidence chinoise, relâché ce mois-ci au terme d'une peine de trois ans de prison. Même constat pour Bruce Jacobs, un sinologue de l'université de Monash, en Australie : "Je pense que fondamentalement, le régime chinois va rester sur une ligne dure."

"On peut penser qu'il y a des dissensions au sein du régime. Certaines personnes trouvent ces arrestations abusives et absurdes. Mais si l'approche de la succession provoque des remous internes, il est certain que la vague de répression engagée sera maintenue jusqu'à cette échéance" estime malgré tout Philipe Beja, sinologue français. Seul Wan Yanhai, un dissident chinois établi aux Etats-Unis, envisage que ces libérations puissent présager d'une baisse de la pression policière à court terme, dans le contexte de la révolte des travailleurs migrants dans le Sud et des manifestations dans la province de Mongolie-Intérieure.

DES LIBERTÉS TRÈS SURVEILLÉES

Dans les faits, la liberté de parole et d'action d'Hu Jia et d'Ai Weiwei reste strictement limitée. Ce dernier a expliqué la semaine dernière qu'il n'avait pas le droit d'accorder un interview ou de s'exprimer sur son cas. Hu Jia, dont la libération après trois ans d'emprisonnement était prévue, est de son côté privé de ses droits politiques et ne peut rencontrer les médias. Des conditions qui rappellent celles appliquées à un autre activiste, Chen Guangcheng. Depuis sa libération à l'automne 2010, ce dernier est de fait en résidence surveillée dans un village de la province du Shandong, dans l'est de la Chine.

"De plus en plus de personnes disparaissent l'espace de quelques mois, comme Ai Weiwei, ou seulement quelques jours. On ne sait pas ce qui se passe, quelles pressions physiques ou psychologiques ils subissent mais une fois relachés, ils sont réduits au silence", constate également Jean-Philippe Béja.

Pour Jean-Luc Domenach, sinologue au CERI, il ne faut pas donner par ailleurs à ces libérations plus d'importance qu'elles n'en ont réellement. Ce sont principalement les politiques économiques et sociales qui préoccupent  les dirigeants chinois, rappelle-t-il ; "la question de savoir que faire de la dissidence vient largement après".

Aux yeux de Pékin, le principal sujet de préoccupation est de savoir si les dissidents "peuvent mettre le feu à la plaine". Seul un risque de contagion pourrait en effet inciter les autorités chinoises à se montrer plus souples. Dans le cas contraire, les dirigeants chinois "ne s'embarrassent pas avec la dissidence", estime Jean-Luc Domenach.

Le Monde.fr avec AP

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Dans le Monde, édition du 28 juin 2011

Les faits Le dissident chinois Hu Jia remis en liberté par Pékin  

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