La Gazette de l'Hôtel Drouot - Top des enchères
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Top des enchères |
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1 091 034 € frais compris.
Manufacture royale de Sèvres,
1787, pot à lait du service de la laiterie
de Rambouillet, h. 24,5 cm. |
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Sèvres sur un nuage… |
Une enchère fracassante attendait ce pot à lait en porcelaine de Sèvres de 1787, déjà solidement estimé entre 200 000 et 300 000 €. Il était poussé jusqu’à 880 000 €, permettant d’enregistrer l’un des plus hauts prix jamais atteints par une porcelaine de la célèbre manufacture, surtout pour une pièce de cette taille. Elle n’est haute en effet que de 24,5 centimètres, une dimension largement compensée par la délicatesse de la forme et du décor, expliquée par une provenance des plus prestigieuses, le tout doublé d’une grande rareté. Comme exposé dans l’encadré page 19 de la Gazette n° 5, ce pot à lait provient du service de la laiterie de Rambouillet, un lieu spécialement réalisé à l’intention de Marie-Antoinette en 1785-1786. Il s’agit de séduire la reine, qui n’apprécie pas le domaine que son époux vient tout juste d’acquérir. L’architecte Jacques-Jean Thévenin est chargé de la création dans le parc de deux pavillons. L’un d’entre eux est prolongé d’une grotte de conception naturaliste, ordonnée autour d’une sculpture de Pierre Jullien, Amalthée et la chèvre de Jupiter, livrée en 1787. Bien évidemment, la nouvelle laiterie doit permettre à la souveraine de poursuivre loin de Versailles ses jeux bucoliques du Hameau du Petit Trianon. Mais jamais Marie-Antoinette ne pourra incarner à Rambouillet une bergère aussi royale que raffinée… Sa dernière visite a lieu le 20 juin 1786 et elle ne verra donc jamais le décor spécialement imaginé pour elle. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir sollicité les efforts des artistes comme ceux de la cassette royale. Le mobilier, dessiné par Hubert Robert et réalisé par Georges Jacob, est un véritable manifeste néoclassique, puisant aux sources archéologiques une "forme nouvelle de genre étrusque". Il a été payé à l’illustre menuisier la bagatelle de 12 775 livres. Le peintre est de son côté plus généralement chargé, en compagnie de Thévenin, des projets d’aménagement de Rambouillet. Ils ont déjà oeuvré ensemble au Bosquet des bains d’Apollon à Versailles. L’inspiration étrusque va une fois de plus servir de ferment au service de porcelaine de la laiterie, également imaginé par Hubert Robert, mais en association cette fois avec un autre peintre, Jean-Jacques Lagrenée, dit le Jeune (1739-1821), directeur adjoint de la manufacture de Sèvres depuis 1785. Selon le catalogue de l’exposition du Louvre "L’Antiquité rêvée", qui vient de fermer ses portes, "il semble qu’Hubert Robert supervisât surtout, avec le sculpteur Louis-Simon Boizot, les formes nouvelles, directement inspirées de la collection de vases antiques de Dominique Vivant Denon, acquise par la Couronne et transférée à Sèvres en 1786". On ne saurait faire plus "moderne" et d’actualité ! Lagrenée s’est quant à lui chargé du décor peint. Notez que contrairement à la tradition de Sèvres, aucun trait d’or ne vient éclairer ce service. Sa pièce la plus emblématique est sans nul doute la "jatte-téton", qui tire son nom du calice en forme de sein féminin porté par trois têtes de capridé. Il dérive d’un modèle antique attesté. La thématique laitière de cet ensemble est également à mettre en rapport avec la symbolique de fertilité. Au moment de la commande du service, Marie-Antoinette porte son quatrième et dernier enfant, Sophie-Béatrice, qui naît en juillet 1786. Elle mourra victime de la tuberculose ou d’une autre affection l’année suivante, ce qui affectera profondément sa mère. Le service est pour sa part réalisé dans le plus grand secret entre la fin de l’année 1786 et la fin de 1787. Il sert en effet de prototype pour la nouvelle orientation stylistique de la manufacture, sévèrement concurrencée et même devancée, sur le plan de l’inspiration antique, par les productions de Josiah Wedgwood en Angleterre. Notre service comptait 65 pièces. On n’en connaît aujourd’hui plus que 17. Sous sa plaisante allure, notre pot à lait raconte une page importante de l’histoire du goût à la fin de l’Ancien Régime. Cela a un prix… |
Vendredi 11 février, salle 1 – Drouot-Richelieu.
Claude Aguttes SVV. M. L’Herrou. |
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35 031 € frais compris. Bordeaux,
fin du XVIIIe siècle. Serrure de maîtrise et sa clef
en fer forgé, sculptées et découpées en ajours, serrure : 20,4 x 11,9 cm, clef : 15,9 cm. |
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Collection Michel Rullier troisième vente |
Le troisième volet de la dispersion de la collection d’objets en fer de Michel Rullier renouait avec un total millionnaire en cumulant très exactement 1 194 958 € frais compris.
Le premier opus, joué le 10 mars 2010, se targuait déjà en effet de 1 284 616 € frais compris (voir Gazette 2010 n° 11 page 55), le second se contentant – tout est relatif – de 937 150 € frais compris (voir Gazette 2010 n° 21 page 57). Le total provisoire de la dispersion de cette collection unique dans son genre s’établit à 3 416 724 € frais compris. Comme dans les précédentes éditions, les estimations étaient souvent largement dépassées, la barre des 10 000 € étant atteinte et plus fréquemment franchie à 18 reprises. La plus haute enchère, 28 000 €, revenait à la serrure de maîtrise virtuose reproduite, accompagnée de sa clef qui l’est tout autant. Ce travail bordelais de la fin du XVIIIe siècle, portant les initiales "A.D.T.", établit un score équivalent à une autre serrure de maîtrise et sa clef, mais d’époque Louis XIV celle-là, vendue dans la première vente. Si cette serrure possèdait un cache-entrée à secret, la nôtre affiche sans aucun souci de discrétion un portillon dont l’ouverture se déclenche grâce à un pêne à ressort actionné par une petite poignée bouton centrale. Dans les deux cas, les clefs sont de modèle dit "à lanterne". Pour une clef vendue seule, la palme revenait à 16 000 € à un exemplaire en fer forgé (l. 9,6 cm) également du type à lanterne, un travail français du XVIIIe siècle. Une clef "à chimères", ouvrage français du XVIIe siècle en fer forgé (l. 11,8 cm), partait à 13 000 €. Souples et élégantes, les créatures sont adossées et supportent un fronton ajouré sommé d’un bouton "tourné", le panneton en fer de hache avec museau en râteau, bouterolle et deux rouets, dont l’un en pleine croix. Une clef italienne du XVIe siècle dite "des doges", en fer forgé damasquiné (l. 13 cm), captait 12 000 €. L’anneau est orné de rinceaux animés de têtes d’animaux fantastiques sur une face et de rinceaux floraux sur l’autre. Un modèle proche était adjugé 19 000 € dans la première vente de notre collection, préempté par le musée Le Secq des Tournelles de Rouen. Pour les serrures, signalons encore les 12 000 € d’un exemplaire et sa gâche en fonte de fer ouvragé, un travail français du XVIIIe siècle à décor en bas relief, inspiré de scènes de la commedia dell’arte, d’après une oeuvre de Watteau gravée par Nicolas Cochin (9,3 x 25,7 cm). Le verrou de nuit est actionné par un bouton coulissant figurant un dragon ailé.
Les mortiers étaient dominés par les 26 000 € d’un exemplaire allemand du XVe siècle en bronze, à patine médaille (h. 18,5 cm), au corps souligné de deux filets et flanqué de cinq contreforts à larmiers. Sa prise est en étrier de section angulaire, la terrasse étant frappée de deux sceaux de fondeur. Accompagné de son pilon en tau, il s’agit du seul mortier allemand connu à décor de contreforts.
Il a appartenu à la collection Charles Ratton. Pour les mortiers, retenons également les 12 000 € d’un exemplaire en bronze (h. 20 cm) de 1535, fondu à Innsbruck. Un bandeau en partie basse porte la date et le nom "Ludwig Enndorffer gros mich", la prise étant en forme de dauphin. L’une des envolées les plus spectaculaires récompensait à 10 000 €, sur une estimation de 600 €, un fermoir de ceinture de la seconde moitié du XVIe siècle en fer (l. 11,2 cm) et à décor bellifontain très finement sculpté. Il est formé de deux plaques chantournées à motifs de deux bustes affrontés – l’un masculin et l’autre féminin – issant chacun d’une corne d’abondance, avec en partie basse une tête d’angelot aux ailes rabattues et une urne dans la haute. |
Mercredi 9 février, salle 10 - Drouot-Richelieu.
Fraysse & Associés SVV. Mme Houze. |
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128 750 € frais compris.
Albert Gleizes (1881-1953), Les Arbres,
1910 ou 1912, huile sur toile, 41 x 27 cm. |
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Gleizes cubiste |
L’estimation de 15 000 € de ces arbres passés au prisme fragmentant du cubisme explosait littéralement sous les coups des enchères, 103 000 € étant finalement récoltés. Ils ont été peints en 1910 ou 1912 par Albert Gleize et se targuent d’avoir été exposés à plusieurs reprises, notamment en janvier 1912 au Stedelijk Museum ainsi qu’à l’une des expositions du "Valet de carreau" à Moscou. Au Salon des indépendants de 1911, Apollinaire décrivait "les paysages à grands plans, à teintes délicates, d’Albert Gleizes", formule taillée sur mesure pour notre toile. Dans cette manifestation qui propulse le cubisme sur le devant de la scène, la Femme au phlox exécutée l’année précédente apparaît comme le manifeste du peintre, alors sous forte emprise cézannienne. Devant le flot de critiques, les tenants du nouveau courant s’organisent et Gleizes s’avère l’un de ses plus ardents défenseurs, publiant en 1912 Du cubisme, coécrit avec Metzinger. Il assiste bien entendu aux réunions du groupe de Puteaux et va rapidement dépasser l’influence de Cézanne pour recevoir les exemples de Braque, Picasso, Léger, Delaunay ou encore Le Fauconnier. Au Salon de la Section d’or, il exposera son monumental Dépiquage des moissons qui montre le chemin parcouru. |
Mercredi 9 février, salle 2 – Drouot-Richelieu.
Boisgirard & Associés SVV. M. Willer. |
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204 468 € frais compris. Eugène Printz (1889-1948), meuble à hauteur d’appui en placage de palmier
sur bâti en chêne, piètement en acier oxydé à l’éponge, 120 x 227 x 42 cm. |
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Eugène Printz, lauréat d’honneur |
Deux ensembles de meubles d’Eugène Printz étaient proposés. En onze numéros, ils totalisaient 616 000 € frais compris. Ils sont de nature différente, le premier relevant de la grande tradition décorative de luxe attachée à l’art déco, le second, plus simple, composant le mobilier de la chambre à coucher d’une jeune fille, réalisé en 1938. D’un côté des essences de bois exotiques, palmier ou bois de placage, et de l’autre un bois indigène utilisé non pas en placage mais massif, le noyer. Les deux enchères à six chiffres récoltées revenaient bien entendu à deux meubles à hauteur d’appui du premier groupe, l’exemplaire reproduit battant, à 165 000 €, celui adjugé 135 000 €, dont les six portes étaient recouvertes de plaques de cuivre oxydé de Jean Dunand à décor de bouquetins (l. 173,5 cm). Ce meuble est plaqué de bois de violette, les portes situées aux extrémités habillant en réalité chacune un caisson ouvrant abritant un bar. Le meuble lauréat des enchères reproduit n’est pas équipé d’un raffinement comparable mais, plus grand, il est paré d’un placage de bois de palmier, qui constitue une véritable signature de Printz, tout comme la découpe de la ceinture inférieure, soulignée d’une lame d’acier patiné bondissante semblant être tracée d’un seul jet. Nos deux meubles étaient tous deux dotés de la même estimation, qui n’excédait pas 80 000 €. Le palmier était également mis en oeuvre sur deux tables bureau (l. 140 cm) parfaitement identiques, l’une empochant 45 000 € et l’autre 41 000 €. Leurs lignes simples et tendues sont agrémentées de sabots en métal oxydé à l’éponge particulièrement raffinés. Placés en décochement saillant, ils allègent la silhouette de ces meubles.
La pièce phare de la chambre de jeune fille était à 50 000 €, une commode en noyer (l. 120,5 cm) aux lignes droites, les montants latéraux découpés en arceaux pour former le piètement à base plaquée de cuivre oxydé à l’éponge. Elle ouvre par trois tiroirs, les poignées droites crantées étant également oxydées à l’éponge. Une table de bridge en noyer et plaque de laiton oxydé de la même manière atteignait pour sa part 34 000 €. Elle est du modèle typique de Printz, à double plateau, l’inférieur carré à pans coupés et côtés convexes, le supérieur étant circulaire et réversible, posé sur des ailettes. D’un modèle plus classiquement art déco, un secrétaire en placage de bois de violette (h. 116 - l. 146,5 cm) suscitait 20 000 €. Son corps central, ouvrant par un abattant et trois tiroirs, est encadré par deux caissons plus bas ouvrant chacun par une porte. La ceinture inférieure est découpée en arcs à gradins, les pieds gaine à sabot de cuivre oxydé à l’éponge, finition qui affecte également les prises latérales en arc de cercle des tiroirs. |
Mercredi 9 février, salle 5 - Drouot-Richelieu.
Beaussant - Lefèvre SVV, Binoche - De Maredsous Hôtel des Ventes Madeleine SVV. Cabinet Maury. |
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30 625 € frais compris. Boucheron, Paris,
vers 1930, pendentif articulé en or gris serti d’onyx calibrés et petits diamants retenant en pendentif un diamant poire, pesant 2,67 ct. |
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Boucheron désiré |
Bien connue des croqueuses de diamants et autres amateurs de bijoux, la maison Boucheron récoltait plusieurs bons résultats. Débutons avec deux bagues en platine, l’une sertie d’un diamant rond demi-taille (6,82 ct) entre six petits diamants étincelant jusqu’à 73 200 € et l’autre, avec un diamant rond demi-taille (4,3 ct) encadré de huit petits diamants, jusqu’à 30 500 €.
Le pendentif reproduit, vers 1930, atteignait 24 500 € sur une estimation haute de 8 000. Les accessoires étaient également recherchés, deux sacs du soir allant pour l’un en ors de plusieurs tons agrémenté de deux petits saphirs cabochon à 5 900 € et pour l’autre, également en ors différemment nuancés, à 5 250 €. Boucheron a soufflé ses 150 bougies en 2008. Frédéric Boucheron (1830-1902) ouvre sa première boutique en 1858, au Palais-Royal, l’installation au 26, place Vendôme dans l’hôtel particulier de la comtesse de Castiglione datant de 1893. La jeune maison, faute de pouvoir d’emblée fournir la cour, a commencé par embellir les courtisanes, grandes consommatrices de diamants, la Castiglione figurant bien entendu au rang de ses clientes. L’excellence de ses productions lui ouvrira les portes des grandes fortunes américaines, des maharadjas et des têtes couronnées. |
Jeudi 10 février, salle 8 – Drouot-Richelieu.
Boisgirard & Associés SVV. Cabinet Serret - Portier. |
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20 012 € frais compris.
Égypte, XVIIIe dynastie (1550-1295 av. J.-C.) ou début de l’époque ramesside (1295 - 1188 av. J.-C.).
Fragment de bas-relief gravé en creux,
quartzite rouge, h. 12, l. 16 cm. |
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L’Égypte par le fragment |
L’art égyptien n’a nul besoin d’une statuaire s’épanouissant dans l’espace pour générer des résultats significatifs. Le travail de la pierre taillée concerne également les bas-reliefs, ces derniers pouvant susciter un vif intérêt sans nécessairement décrire une scène précise. Quelques hiéroglyphes suffisent à enflammer les enchères, comme en témoigne le fragment de quartzite rouge reproduit, adjugé 17 500 € sur une estimation haute de 1 200. Il date de la fin de la XVIIIe dynastie ou du début de la période ramesside, un moment charnière qui voit le renforcement de la puissance égyptienne sous les XIXe et XXe dynasties. Notre morceau est gravé de hiéroglyphes signifiant "le roi de Haute et Basse-Égypte qui vit de la Maât, la fille du roi et son ventre". Le jonc (nysout) est le symbole de la Haute-Égypte, l’abeille (bity) étant celui de la Basse-Égypte… Nysout-bity désigne donc la titulature du roi des deux Égypte réunies. Une parcelle du décryptage de ce bas-relief qui doit beaucoup à un certain Champollion… |
Lundi 7 février, salle 7 – Drouot-Richelieu.
Me Digard. M. Tarantino. |
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464 078 € frais compris.
Claude-Joseph Vernet (1714-1789), Personnages débarquant sur le port, toile, 53,5 x 81,5 cm. |
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Escale méditerranéenne |
Ce spectaculaire tableau indiqué autour de 120 000 € tenait largement ses promesses. Vivement bataillé entre des musées, des particuliers et le négoce international, il triplait les estimations, décroché au final par un acheteur étranger. Proposé dans son jus, il fut peint à Rome par Joseph Vernet, protégé du marquis de Caumont et du comte de Quinson. Grâce à ces deux notables avignonnais, le jeune homme part en 1734, à l’âge de 20 ans, étudier l’art du paysage en Italie. Sensible à la peinture de Poussin, il admire aussi la manière ample et lumineuse de Claude Lorrain. Les tableaux de Pannini l’encouragent aussi à découvrir les grands sites archéologiques antiques. À la demande du duc de Saint-Aignan, le jeune artiste peint quatre tableaux de l’ Entrée solennelle de l’ambassadeur de France à Rome. En 1743, il est reçu à l’Accademia di San Luca. Deux ans plus tard, il épouse Virginia Cecilia Parker, la ravissante fille d’un capitaine de galère irlandais au service du Saint-Siège. Grâce à ce mariage, notre peintre va profiter de la clientèle de nobles britanniques, venus à Rome lors de leur Grand Tour. Pour ces amateurs qui lui seront fidèles jusqu’à sa mort, Vernet est le nouveau Claude. Avec Le Lorrain, il sera le peintre français le plus recherché outre-Manche. Voyageant dans plusieurs régions d’Italie, notre peintre représente divers sites pittoresques comme Vue du Golfe de Naples, de 1748, aujourd’hui conservé au Louvre. Réalisée la même année, notre toile déploie une vue d’une grande ampleur, quasi panoramique. D’une facture précise, la composition révèle une savante maîtrise de l’espace, procédant aussi à une sélection rigoureuse des éléments géographiques. Empreinte d’une atmosphère bucolique pleine de charme, elle mêle agréablement naturalisme et fantaisie. Avec brio, elle orchestre une synthèse entre un certain réalisme et l’exigence d’une transposition poétique. La lumière chaude et enveloppante du Sud, répandue par teintes claires et transparentes, produit un éclairage intense. Le jeu équilibré et serein des lignes verticales et horizontales démontre aussi un sens de l’ordonnance et de l’harmonie colorée, qui se rapproche de l’art d’un Claude Le Lorrain. Ce classicisme est toutefois tempéré par de fébriles personnages ; placés sur le devant de la scène, ils apportent tous les piments du pittoresque et de l’exotisme. Les pêcheurs acheminent leur butin à quai ; les marins embarquent pour des voyages lointains… L’éternel attrait de la Méditerranée ! |
Lille, dimanche 13 février.
Mercier & Cie SVV. M. Millet. |
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8 400 € frais compris.
Nicolas Restif de La Bretonne (1734-1806), Les Nuits de Paris ou le Spectateur nocturne, 16 volumes in-12, Londres et Paris,
1788, 1789 et 1793. |
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Nuits révolutionnaires |
Lors de la vente de cette bibliothèque parisienne, les livres de Nicolas Restif de La Bretonne se taillaient la part souveraine. La cinquantaine de lots dépassait les estimations, à l’exemple de notre ouvrage (4 000 €). À mi-chemin entre fiction et mémoires, il illustre l’oeuvre de Nicolas Restif de La Bretonne. Comme Diderot, cet écrivain évoque dans ses romans la réalité de façon pittoresque. Publiées en trois fois, Les Nuits de Paris font déambuler un curieux insomniaque, qui raconte ses diverses rencontres à la foire Saint-Laurent, dans les allées du Palais-Royal… Baudelaire, Nerval, puis les surréalistes en feront l’un de leurs livres de chevet. Tirées à 3 000 exemplaires, nos Nuits de Paris comportent dix-huit gravures hors texte et sont animées d’un frontispice : il représente l’auteur, drapé dans une cape enveloppante. Il porte un drôle de chapeau, surmonté d’un hibou-spectateur ! Nos Nuits bénéficient de la présence tout à fait rarissime d’un seizième volume daté 1794 ; il apporte aux historiens un témoignage précieux. Relatant la mort du roi, Restif écrit : " Louis parla ; le mot pardonne fut le seul qu’on entendit". Notre écrivain ajoute : "Je ne m’apitoye pas sur un Roi. Que les Rois plaignent les Rois. Je n’ai rien de commun avec ces gens-là ; ce n’est pas mon prochain…" |
Nantes, mardi 8 février.
Couton - Veyrac - Jamault SVV. M. Poulain. |
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12 000 € frais compris.
Charles Anfrie (1833-1905),
À Reichshoffen, bronze,
socle de marbre rouge, signé, 76 x 43 cm. |
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Cuirassiers héroïques |
En réponse à une clientèle férue de tableaux héroïques, de nombreux artistes renouent avec les sujets historiques du grand siècle. Tel est le cas de Charles Anfrie. Élève aux Beaux-Arts de Paris, il établit son atelier dans la capitale et, au début de la IIIe Répu-blique, expose régulièrement ses sculptures au Salon. On sait peu de choses de sa vie mais son oeuvre abondante est très prisée. Artiste fécond, Charles Anfrie réalise plusieurs médailles ; honorant des hommes célèbres, elles se distinguent par la finesse de leur exécution. Dans la veine de Mathurin Moreau, notre sculpteur se fait aussi chantre de la grâce féminine, portraiturant de charmantes jeunes filles comme Le Premier Prix, la Clé des champs. Avec autant de brio, il met en scène de touchants garçonnets, à l’exemple d’un Enfant à la toupie ou du Petit Fumeur. S’inspirant de l’actualité, Charles Anfrie va surtout faire de l’épopée militaire son cheval de bataille. Au lendemain de la défaite de 1870, il exalte les sentiments patriotiques dans diverses statuettes, à l’instar des Dernières Cartouches. Avec réalisme, notre sculpteur représente encore un Porte-Drapeau, un Capitaine de chasseur ou une Estafette, sculptée en plâtre et exposée au Salon de 1888. Quant à notre modèle, gagné au-delà de la fourchette haute des estimations, il rappelle la charge héroïque des cuirassiers lors de la bataille de Reichshoffen, au début de la guerre franco-allemande. Celle-ci est également évoquée dans la chanson C’était un soir la bataille de Reichshoffen. |
Roubaix, lundi 7 février.
May & Associés SVV. |
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