La Gazette Drouot
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La Gazette de l'Hôtel Drouot - Top des enchères
Top des enchères

558 570 € frais compris. Attribuée à Nicolas Sageot (1666-1731), époque Louis XIV, paire de bibliothèques en marqueterie Boulle en première partie et contreparties d’ébène, laiton,
écaille de tortue et corne teintée, ornée de bronzes dorés, 246 x 140,5 x 49 cm.

Attribuée à Nicolas Sageot

Cette paire de bibliothèques attribuée à Nicolas Sageot était prisée à hauteur de 430 000 €, une estimation respectée, par un acheteur russe. Dans l’ouvrage paru chez Somogy à l’occasion de l’exposition sur André-Charles Boulle à Francfort en 2009, un chapitre est consacré aux meubles en marqueterie Boulle conservés dans les collections de l’ancien Empire. La première marque d’un intérêt porté par un Russe à ce type de mobilier remonte à 1717. Cette année-là, le tsar Pierre Ier effectue un séjour de trois mois en France. Il visite les ateliers du Louvre et y achète des meubles "décorés de cuivres dorés", peut-être des productions de Boulle lui-même. Il faut ensuite attendre 1772 pour trouver la trace du goût Boulle en terre tsariste, cela dans un portrait de Dimitri Levitzky figurant le prince Alexandre Galitzine près d’une table inspirée de cet ébéniste. On le voit, l’acquéreur de nos bibliothèques s’inscrit dans une tradition fort ancienne ! Nos meubles ne sont pas attribués à celui qui donna son nom aux marqueteries de métal sur fond d’écaille ou d’ébène mais à l’un de ses contemporains, Nicolas Sageot. Cet ouvrier libre installé dès 1698 faubourg Saint-Antoine accède à la maîtrise en 1706. Il aura la particularité d’être parmi les premiers à estampiller ses meubles, comme le commande un arrêt du parlement de Paris du 5 décembre 1637, a priori bien peu respecté ! Son atelier jouira d’une grande réputation ainsi qu’en témoigne son chef-d’oeuvre, une spectaculaire armoire conservée au château de Versailles. Son pendant a appartenu aux princes Beloselsky-Belozersky et figure aujourd’hui dans une collection particulière. On estime que c’est dans le domaine des armoires, bibliothèques comprises, que Sageot fait preuve de la plus grande créativité. Comme Boulle, l’ébéniste préfère l’écaille brune à l’écaille rouge et goûte des effets donnés par les bronzes en relief. Si le marqueteur Toussaint Devoye travaille pour lui et d’autres confrères de l’époque, Sageot est propriétaire des cartons de ses marqueteries. D’abord redevable aux modèles de Berain, leur dessin s’en émancipera ensuite pour évoluer vers des compositions plus abstraites. La période d’activité de Sageot n’est pas très longue puisqu’il vend son atelier en 1720. Les meubles seront cédés au marchand-mercier Claude-Bernard Prieur pour un montant de 16 000 livres, les bibliothèques grillagées étant par exemple vendues 500 livres. Notre homme ne profitera pas longtemps de sa retraite… Il sombrera en effet dans la folie, au point d’être déclaré incapable et interné, en septembre 1725.

Mercredi 22 septembre, salle 5-6
Drouot-Richelieu. Europ Auction SVV. M. Bürgi.
 

86 803 € frais compris. Toshusai Sharaku (actif en 1794-1795), Arashi Ryuzo II dans le rôle de Yakko Ukiyo Matahei et Otani Hiroji III dans celui de Yakko Tosa Matahei, 1794, 37,1 x 25 cm.

Le Japon ancien en images

Cette vente fleuve - 1 852 numéros, quatre catalogues pour quatre jours de ventes - d’estampes, livres, dessins et peintures du Japon totalisait 2 867 441 € frais compris. L’essentiel, environ 1 300 numéros, provenait du stock de la galerie Berès, une centaine de la collection personnelle d’Huguette Berès et le reste, des livres et des dessins, d’une collection privée européenne constituée principalement auprès de la galerie. En nombre comme en valeur, les estampes dominaient cet ensemble. Au fil des ventes de la spécialité, Sharaku, artiste aussi rare que mystérieux, reste le plus recherché. Le samedi, en soirée, l’estampe reproduite récoltait la plus haute enchère, 70 000 €. Cette épreuve aux couleurs éclatantes et à fond micacé blanc porte les cachets des collections d’Huguette Berès et d’Henri Vever. Seulement cinq autres épreuves de cette oeuvre sont répertoriées, trois étant dans des collections publiques et deux dans des collections privées. Une épreuve micacée aux coloris frais d’Ichikawa Yaozo III (1747-1818) dans le rôle de Tanabe Bunzo (36,1 x 23,7 cm) se négociait 20 000 €. Les célèbres "Trente-Six Vues du mont Fuji" d’Hokusaï étaient représentées au plus haut par les 55 000 €, une estimation dépassée, d’une épreuve d’une variante, tirée en bleu plutôt qu’en brun rougeâtre, de la deuxième vue du volcan, Vent frais par matin clair (25,8 x 37,8 cm). 14 000 € allaient à une épreuve tardive de la troisième vue du volcan, Tempête sous la cime (25,2 x 38 cm), la même somme s’affichant sur une épreuve du premier tirage aux coloris frais du Fuji vu de Hodogaya sur la route de Tokaido (25 x 37,3 cm). Estimée pas plus de 2 000 €, une épreuve aux coloris très frais de Prunier en fleurs, vers 1845  (22 x 28,5 cm), d’Hiroshige, appartenant à une série au format en éventail, fusait quant à elle à 14 500 €. Penchons-nous maintenant sur les livres. Ceux illustrés par Utamaro étaient particulièrement courus. 28 000 € étaient prononcés sur les deux volumes complets de la première édition Des insectes choisis (Tsutaya Jyuzaburo, 1788). Les illustrations sont gravées sur bois en couleurs, certaines étant micacées et accompagnées de poèmes comiques. Les deux volumes complets des Cent et Mille Oiseaux (Ujitoyo, 1791 selon Hillier) s’envolaient à 22 000 €. Les couvertures et les étiquettes de titre sont d’origine.
Deux institutions, le musée Guimet et la Bibliothèque nationale, se révélaient actives et préemptaient en tout sept lots pour un total de 137 767 € frais compris. La seconde réalisait l’acquisition la plus onéreuse, 55 000 €, pour un album contenant quarante dessins originaux en accordéon vers 1840 d’Hiroshige, des vues de la route de Tokaido. Le musée Guimet apprécie lui aussi les dessins originaux, 40 000 € étant misés sur un album riche de quatorze compositions préparatoires d’Utamaro, vers 1794, pour les estampes de son album des Poèmes Kyoka sur l’île Mugwort. Les illustrations représentent les paysages et scènes de la vie quotidienne au fil des saisons et sont accompagnées de poèmes humoristiques. Elles seraient le seul exemple connu pour cet artiste de croquis destinés à des illustrations de livres ou d’estampes. Les institutions n’étaient pas les seules à s’intéresser aux oeuvres originales. À 21 000 €, l’estimation était décuplée pour une peinture sur soie (153 x 68,4 cm) de Shuho, d’époque Taisho (1912-1926), représentant une beauté accroupie tenant une lettre pliée dans ses mains. Incluant quarante-huit aquarelles, un makimono de la fin du XIXe siècle de l’Hyakuyo zu - Les Cent Fantômes était poussé jusqu’à 13 000 €, d’après une estimation quatre fois moindre. Il s’agit du corpus de tous les fantômes, spectres, revenants et monstres inventés par les Japonais au cours de leur histoire.

Du jeudi 16 au dimanche 19 septembre, Drouot-Montaigne.
Pierre Bergé & Associés SVV. M. Sawers.
 

62 880 € frais compris.
Angleterre, vers 1800, attribuée à Matthew Boulton, paire de vases en spathfluor montés en bronze doré, h. 32 cm.

Made in England

Rien de tel qu’une attribution à Matthew Boulton pour faire flamber de simples vases en fluorine, un minéral connu dans l’industrie sous l’appellation de spathfluor. Estimée au plus haut 4 000 €, notre élégante paire était poussée jusqu’à 52 000 €. Boulton naît en 1728 doté d’un sens aigu des affaires. Avant de s’associer avec James Watt et d’obtenir du Parlement, en 1775, la prolongation de leur juteux monopole sur la fabrication des machines à vapeur, le Britannique va transformer la petite manufacture paternelle en entreprise à la pointe de la mode. Observant avec intérêt le succès remporté par les vases ornés de montures en bronze doré, une spécialité française, il se lance à son tour dans l’aventure. Après s’être essayé aux productions en céramique de son ami Josiah Wedgwood, il choisira la pierre, plus apte à supporter le lourd décor en bronze doré. En mars 1770, à l’occasion d’une visite à la famille royale, il vendra ainsi plusieurs de ses vases à l’épouse de George III, la reine Charlotte. Qui dit mieux 

Jeudi 23 septembre, salle 9 - Drouot-Richelieu. Farrando - Lemoine SVV, Mathias SVV, Baron - Ribeyre & Associés SVV. M. Blaise.
 

285 734 € frais compris. Louis Majorelle (1859-1926), mobilier de bureau "Aux nénuphars" comprenant un bureau plat, un fauteuil et une vitrine. Acajou, placage ou marqueterie de noyer, bronze doré.
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Majorelle ou Guimard

Le programme de cette vente était uniquement dédié à l’art nouveau. Louis Majorelle battait Hector Guimard en empochant 230 000 €, grâce à, il est vrai, un ensemble de trois meubles du modèle "Nénuphars" constituant une élégant mobilier de bureau (voir photo). Hier comme aujourd’hui, le modèle "Nénuphars" est l’un des grands succès de Louis Majorelle, comme en témoignent les 230 000 € obtenus par ce mobilier de bureau comprenant un bureau, un fauteuil et une vitrine. À l’Exposition universelle de 1900, où il est présenté pour la première fois sous la forme d’un cabinet de travail, ce modèle atteste d’un virage décisif dans la production mobilière de l’artiste, en assujettissant le décoratif au constructif. Sur le stand Majorelle figurait également une chambre à coucher offrant la proposition inverse. Sa riche ornementation, dont le leitmotiv est constitué par des pommes de pin, n’aura pas la postérité des nénuphars délicatement ourlés. Enchères à l’appui ! Avec un seul meuble, Guimard récoltait 75 000 €. Cette somme s’affichait sur une vitrine en chêne clair dont les deux tiers supérieurs sont ajourés et où dominent des montants en arc de cercle. Ouvrant par deux vantaux encadrés de deux étroits dormants, elle s’évase légèrement à la base et se trouve sommée d’un fronton galbé et délicatement ourlé. Les montants se terminent quant à eux par une volute ponctuée de baies tandis que des végétaux en bas relief soulignent la base des parties vitrées.

Jeudi 23 septembre, Espace Tajan.
Tajan SVV. M. Wattel
 

97 897 € frais compris.
Attribuée à Toussaint Dubreuil (1561-1602),
Léda et ses nymphes, huile sur toile, 150 x 201 cm
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Pour le Louvre

Dans une même vente, pas moins de deux préemptions étaient réalisées pour le musée du Louvre. La première concerne à 79 000 € le tableau attribué à Toussaint Dubreuil reproduit, la seconde s’affichant à 100 000 € sur une paire de panneaux (147 x 117,5 cm) de Juan Correa de Vivar (vers 1510-1566). Rappelons qu’ils représentent La Visitation et La Nativité avec l’Adoration des bergers et proviennent sans doute d’un retable peint pour un couvent de Salamanque. La toile attribuée à Dubreuil peut, pour sa part, être mise en relation avec un tableau du peintre conservé au Louvre, Angélique et Médor. Toussaint Dubreuil, formé à Fontainebleau auprès de Ruggiero de Ruggieri, est considéré comme le représentant le plus brillant de la transition entre le maniérisme de la première et celui de la seconde école de Fontainebleau.

Vendredi 24 septembre, salle 6 Drouot-Richelieu.
Boisgirard & Associés SVV. M. Bordes.
 

415 138 € frais compris.
Anne-Louis Girodet dit Girodet-Trioson (1767-1824), Étude de dragon, crayon noir et estompe, pastel et rehauts de blanc sur papier beige, 59,5 x 47 cm.

Record mondial pour Girodet

Présenté comme le lot phare de cette vente, ce pastel, estimé autour de 22 000 €, tenait toutes ses promesses. Provenant d’une succession paloise, il avait été longtemps conservé dans une cave à l’abri de la lumière. Inédit sur le marché, il était ferraillé ferme entre des musées, des particuliers et le négoce international. À 200 000 € étaient encore en lice une dizaine d’ardents enchérisseurs. Déclenchant une vive salve d’enchères entre la salle et plusieurs lignes de téléphone, notre pastel très abouti et de grandes dimensions pulvérisait les estimations. Sous les applaudissements de la salle, il était au final acheté par un courtier pour le compte d’un grand musée américain. Réalisé vers 1809-1810, notre dragon est l’une des études préparatoires de La Révolte du Caire, commandée par l’empereur Napoléon Ier à Girodet pour orner la galerie de Diane au palais des Tuileries. Évoquant la campagne d’Égypte, ce tableau sublime est aujourd’hui conservé au musée du château de Versailles. Arborant des couleurs éclatantes, la représentation est considérée par les historiens d’art comme l’acte de naissance de l’orientalisme. Placé au coeur du combat, notre dragon, en posture d’attaque, est scrupuleusement portraituré. Il révèle tout le talent de Girodet dessinateur. Transcrivant avec précision l’uniforme, celui-ci peint par exemple minutieusement le casque, recouvert d’une terrible peau de panthère. Saisi dans le vif de l’action, notre redoutable guerrier s’apprête à un assaut féroce… Chargez les dragons !

Pau, samedi 25 septembre.
Gestas - Carrere Enchères de Bourbon SVV. MM. de Bayser.
 

62 500 € frais compris.
Antonin Mercié (1845-1916), Gloria Victis, bronze à patine antique, signé "A. Mercié" et titré sur la terrasse, marque de fondeur :
"F. Barbedienne fondeur à Paris", h. 185 cm.

Hommage aux vaincus

Lors de cette vacation lyonnaise, notre glorieuse allégorie montait sur la plus haute marche du podium. Elle est l’oeuvre d’Antonin Mercié, un artiste d’origine toulousaine. Élève aux Beaux-Arts de Paris, auprès des sculpteurs Jouffroy et Falguières, il remporte en 1868 le grand prix de Rome avec un bronze représentant Thésée vainqueur du Minotaure. Après un séjour de cinq ans en Italie, le jeune homme revient à Paris, en 1874. Là, il expose au Salon un groupe patriotique spectaculaire. Sculpté en plâtre, il est titré Gloria Victis ou Gloire aux Vaincus : une jeune femme, allégorie de la Gloire, accompagne un guerrier défait, comme le symbolise l’épée brisée, vau ciel des honneurs. Le plâtre, réalisé en mémoire des vaincus du conflit franco-prussien de 1870, est aussitôt acheté par la Ville de Paris à dessein d’être édité en bronze. Haut de plus de trois mètres, il embellit aujourd’hui la cour d’honneur de l’Hôtel de Ville de Paris. Exaltant les sentiments patriotiques, la sculpture remporte un vif succès ; elle est aussitôt reproduite en exemplaires de tailles diverses par le fondeur Barbedienne. Des Gloria Victis orneront ainsi de nombreux monuments aux morts de la guerre de 1870, tels ceux de Niort, de Bordeaux, de Châlons-sur-Marne…. Quant à notre groupe, adjugé au-delà de la fourchette haute des estimations, il s’agit d’un des plus grands exemplaires que Barbedienne façonna en fonte. Faisant référence au modelé nerveux des grands maîtres de la Renaissance, il illustre l’art du sculpteur Antonin Mercié, entre réalisme expressif et classicisme moderne.

Lyon, lundi 20 septembre.
Claude Aguttes SVV.
 

12 000 € frais compris. Maurice Marinot (1882-1960), flacon facetté à la meule, verre soufflé transparent, décoré d’un zigzag circulaire à fond granité, signature à la pointe sur la base, 1928, h. 10,8 cm.

Pour le musée de Troyes

Industriel et grand collectionneur, Jacques Zoubaloff (1878-1941) fit également oeuvre de mécène, s’intéressant très tôt aux créations verrières de Maurice Marinot, peintre, sculpteur et maître verrier. On ne s’étonnera donc pas que tous les regards se tournaient lors de cette vente champenoise vers les six oeuvres de l’artiste, originaire de Troyes. Ce magicien du verre explore et combine tour à tour les techniques de la verrerie émaillée, de la gravure à l’acide, à la roue, des inclusions d’oxyde et du modelage à chaud. Artiste fécond, il invente ainsi des formes et des décors d’une variété et d’une richesse infinies. Proposés en bon état de conservation, nos six vases et flacons seront reproduits dans le catalogue raisonné de Maurice Marinot par Félix Marcilhac, publié en 2011 aux éditions de l’Amateur. Disputés entre la salle et plusieurs lignes de téléphone, ils étaient vivement débattus entre des musées, le commerce international et divers particuliers. Doublant les estimations, notre flacon recueillait l’enchère la plus haute de la vacation et entre dans les collections du musée d’art moderne de Troyes. Profondément creusé à l’acide, il illustre l’art de Maurice Marinot. L’artiste, figeant la matière fusible et transparente du verre, crée des oeuvres équilibrées, empreintes d’une pure poésie. À l’occasion du cinquantième anniversaire de la disparation de l’artiste, le musée d’art moderne de Troyes présente d’ailleurs jusqu’au 31 octobre une importante rétrospective intitulée "Maurice Marinot, penser en verre".

Troyes, samedi 25 septembre.
Boisseau-Pomez SVV.
 

7 660 € frais compris.
Marcel Proust (1871-1922), Les Plaisirs et les jours,
préface d’Anatole France et quatre pièces pour piano de Reynaldo Hahn, Paris, 1896, in-4°.

Le premier ouvrage de Proust

Un fervent public de bibliophiles animait cette vente nantaise, qui dispersait une importante bibliothèque régionale. Les livres illustrés se taillaient la part du roi, à l’exemple de notre ouvrage, adjugé à un collectionneur français. Paru en 1896, Les Plaisirs et les jours est le premier livre d’auteur de Marcel Proust, alors âgé de 25 ans. Animé de portraits et de nouvelles, le recueil contient également divers poèmes en prose. Ils sont illustrés par Madeleine Lemaire, une spécialiste des fleurs et des natures mortes. Le jeune homme, avec son ami le compositeur Reynaldo Hahn, fréquente assidûment le salon parisien du peintre surnommé par Anatole France, "L’impératrice des roses". À deux reprises, en 1893 et en 1895, Proust est invité au château de Réveillon, propriété de Madeleine Lemaire. Les Plaisirs et les jours décrit ainsi avec précision les sublimes marronniers du jardin à la française embellissant le château. L’ouvrage, qui fait référence au dandysme, est sévèrement accueilli par les critiques, tel Jean Lorrain dans le Journal. Marcel Proust, furieux, provoque Lorrain en duel au bois de Meudon. Tout se termine heureusement sans blessure. Cette critique assassine vaudra toutefois à Proust la réputation d’un mondain dilettante ; elle ne s’estompera qu’après la publication des premiers tomes d’À la recherche du Temps perdu. Notre exemplaire, habillé d’une reliure d’Alix, était enrichi d’une dédicace. Elle est adressée à Vincent Griffon, interne en médecine et ami de Robert Proust, frère cadet de Marcel : "Comme un témoignage de mon vif attachement / Son ami reconnaissant et dévoué. Marcel Proust".

Nantes, vendredi 24 et samedi 25 septembre.
Me Kaczorowski. M. Séguineau.