La Gazette Drouot
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La Gazette de l'Hôtel Drouot - Top des enchères
Top des enchères
172 200 € frais compris. Louis-Auguste (1814-1876) et Auguste-Rosalie (1826-1900) Bisson, Hôtel de ville d’Audenarde, photographie faisant partie d’un album de 59 tirages sur papier albuminé de vues de villes, vers 1858-1863, de 27 x 44 à 35 x 47 cm.
Photographes védutistes

L’album est certes défraîchi, ses pages souffrant de manques et de déchirures, mais les cinquante-neuf photographies qu’il contient s’avérent pour la plupart en parfait état de conservation. La photographie primitive étant toujours très courue, le résultat ne se faisait pas attendre, 140 000 € sur une estimation nettement inférieure, 40 000 €. Comme Nadar, Le Gray, Nègre ou Baldus, les frères Bisson ont reçu une formation de peintre auprès de leur père, spécialisé dans l’héraldique. Comme eux aussi, ils ont vulgarisé leurs travaux, les ont exposés largement, ont expérimenté plusieurs procédés et sont abondamment sortis de leur atelier, où l’on a pu compter jusqu’à trente employés, au cours de leur longue carrière, qui a duré au-delà de leur faillite déclarée en 1863. Commencé séparément dans les années 1840, leur parcours suivra à nouveau des chemins distincts des années 1865 à 1880. Membres de la Société française de photographie, les frères Bisson y exposent régulièrement entre 1854 et 1863. Notre album porte un numéro, le "3", qui pourrait indiquer qu’il s’agit d’un exemplaire de présentation ou d’un album personnel de référence. Son sujet permet de faire le tour de nombreuses villes, non seulement françaises, mais aussi belges, allemandes et suisses. Avant de réaliser ces images, les Bisson avaient entre 1854 et 1858 reproduit les plus beaux types d’architecture et de sculpture des principaux monuments historiques de France. Une expérience qui nourrit notre album où abondent les vues d’édifices allant de la cathédrale de Rouen au château d’Heidelberg.

Jeudi 8 juillet, salle 16 - Drouot-Richelieu.
Desbenoit Fierfort & Associés SVV.
 
18 300 € frais compris.
Attribué à Robert Levrac-Tournière (1667/68-1752), Portrait de Jacques-François de Chastenet de Puységur, maréchal de France, toile, 65 x 51 cm.
Tournière et Puységur

Ce fier militaire, Jacques-François de Chastenet de Puységur (1655-1743), était crédité de 15 000 €, une estimation doublée. Il est attribué à Robert Levrac, dit Tournière, un portrait du maréchal par ce peintre étant connu par une gravure. Le cadre porte quant à lui, dans un cartouche, une mention flatteuse : "Maréchal de Puységur par Largillière". Comme ce dernier, Tournière est avant tout un adepte des portraits. Après avoir étudié à Caen, sa ville natale, il vient à Paris, où il devient l’élève de Bon Boullogne. En 1702, il est reçu comme portraitiste à l’Académie. Il va aussi bien réaliser des portraits allégoriques mêlés à des fleurs, comme en possède le musée de Rouen, que de plus sévères portraits de famille ou individuels. Le marquis de Beauharnais a ainsi été fixé dans une toile de 1748, conservée au musée de Grenoble, le musée des Arts décoratifs de Paris ayant un portrait du chancelier d’Aguesseau et de sa femme, celui de Dijon s’enorgueillissant quant à lui de la figure du chancelier Pontchartrain. Le Dictionnaire de la peinture de Larousse note que le peintre fait "la part belle aux draperies frissonnantes et décoratives". Tacticien aux talents appréciés aussi bien par Louis XIV que sous la Régence ou Louis XV, notre militaire, fait maréchal en 1734, voit sa froide armure s’agrémenter de froufrous moirés…

Mercredi 7 juillet, salle 5 – Drouot-Richelieu.
Lasseron & Associés SVV. Cabinet Turquin.
 
130 116 € frais compris.
Sayed Haider Raza (né en 1922), Green Landscape, 1965, huile sur toile, 100 x 81 cm.
Sayed Haider Raza ou le sentiment de la nature

Cette huile sur toile de Sayed Haider Raza de 1965 était poussée jusqu’à 105 0000 €, à partir d’une estimation haute de 40 000 €. Rappelons que ce peintre indien s’est définitivement installé en France en 1950. Sa sensibilité le pousse à s’intéresser à la nature et au paysage, et dès ses débuts, il va en proposer des versions très personnelles. Dans un ouvrage d’Olivier Germain-Thomas paru en 2004 aux éditions Albin Michel, l’artiste décrit la première image dont il se souvienne : "Des arbres. Les forêts mystérieuses de la région du Madhya Pradesh où je suis né, où mon père travaillait. J’entends les oiseaux, j’admire les plantes naturelles qui poussaient presque partout." Il poursuit : "Cette nature, ce ciel, leur musique silencieuse ont marqué toute ma vie. Vous savez, la vie est une aventure extraordinaire ; au départ je l’ai vécue en communion avec des forces inexplicables." Notre paysage vert, abstrait et lyrique, relève de cette sensibilité particulière nourrie des souvenirs de l’enfance. Ces thèmes ressurgiront dans les années 1990, parallèlement à un retour aux sources orientales de son art.

Mercredi 7 juillet, salle 6 – Drouot-Richelieu.
Drouot-Estimations SVV. Cabinet Ottavi.
 
81 100 € frais compris.
Pierre Roy (1881-1950),
Le Chou-Fleur, 1931,
huile sur toile, 60 x 73 cm.
Pierre Roy, un précurseur

Cette minutieuse nature morte de légumes signée de Pierre Roy était vendue 65 000 €, soit le meilleur score enregistré pour le peintre en France et le deuxième mondial (source : Artnet). Elle figurait dans l’exposition monographique consacrée à l’artiste par le musée des beaux-arts de Nantes en 1994. Dans le catalogue, Serge Fauchereau note concernant cette composition : "Même dans ses tableaux les moins troublants, ceux où il ne procède pas à des “rencontres inopinées”, il y a toujours quelque chose pour interloquer." Et de citer les oignons "crucifiés comme de mauvais larrons" tandis que les têtes d’ail "sont suspendues avec une faveur". Pierre Roy est un surréaliste de la première heure. En 1908, il devient un familier des peintres fauves et l’ami d’André Salmon, lequel le considère tout simplement comme le père du surréalisme. Il participe à la première exposition collective du groupe, a droit à une exposition personnelle chez Pierre Loeb en 1928 et fait, très vite, carrière aux États-Unis. Ses oeuvres sont ainsi présentées dès 1930 à la Brummer Gallery et en 1932 chez Julien Levy.

Mardi 6 juillet, Hôtel Marcel-Dassault.
Artcurial - Briest - Poulain - F. Tajan SVV.
 
22 306 € frais compris.
Fin XVIIe-début XVIIIe siècle, Assomption de la Vierge, sculpture en bois doré, h. 64 cm.
Au ciel !

Au sujet de cette sculpture de la fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle, l’Assomption de la Vierge, correspondait une envolée d’enchères à la hauteur. Estimée pas plus de 3 000 €, elle s’élevait en effet jusqu’à 18 000 €. Un souffle baroque évident souffle dans les voiles bouillonnants de la mère du Christ, debout sur des nuées d’où émergent des têtes d’angelot. Elle est accompagnée par un ange, peut-être l’archange Michel, à qui Jésus a confié l’âme maternelle. Il semble en tout cas faciliter son ascension, fêtée, faut-il le rappeler, le 15 août. Cette date est instaurée par l’empereur byzantin Maurice au VIe siècle, alors que l’événement célébré est d’abord une croyance populaire. Le premier à faire mention de l’assomption de la Vierge en Occident est Grégoire de Tours, à la fin du VIe siècle. L’évêque s’appuie sur un ensemble de textes, appelés Transitus Mariae, que Gélase Ier, en 495-496, incite à ne pas retenir car étant apocryphes. L’Église catholique ne voyant rien d’hérétique dans cette croyance, le concile de Mayence instaure, en 813, la fête du 15 août. En France, elle va prendre sous Louis XIII un éclat particulier. Pour avoir un héritier, le souverain consacre le royaume
à la Vierge Marie et demande à ses sujets de faire, chaque année à l’occasion de l’Ascension, une procession. C’est ainsi qu’en 1638 naît le futur Louis XIV…

Mercredi 7 juillet, salle 7 – Drouot-Richelieu.
Delorme, Collin du Bocage SVV.
 
37 200 € frais compris.
Line Vautrin (1913-1997),
miroir sorcière modèle
"roi mirror", talosel
et plaquettes de verre, 73 x 73 cm.
La sorcière soleil

Espérant une somme autour de 17 000 €, ce spectaculaire miroir suscitait de vifs éclats d’enchères entre la salle et plusieurs lignes de téléphone. Après une rude joute entre le négoce et divers particuliers, il part embellir la demeure d’un amateur français. Portant l’inscription "roi", il est un bel exemple des créations de Line Vautrin, réalisées en talosel, un matériau plastique à base d’acétone de cellulose. L'autre enchère à mettre en exergue concernait une arme. Annoncé autour de 5 000 €, un sabre oriental "à la mameluk", lame gravée et niellée à l’or, garde en argent gravée, doublait les estimations pour être acquis à 21 000 €. Présenté en très bon état, il est encore agrémenté de plaquettes corne fourreau à trois garnitures. Concernant les bijoux, une belle bague en or gris, ornée d’un rubis coussin sur un important dôme, étagé de diamants, taillés en brillant et en navette, partait orner le doigt d'une belle à 10 000 €.

Bordeaux, jeudi 8 juillet. Jean Dit Cazaux & Associés,
Jean Dit Cazaux, Sahuquet, Royère SVV. M. Roche.