La Gazette de l'Hôtel Drouot - Top des enchères
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| Top des enchères |
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201 600 € frais compris.
Pablo Picasso (1881-1973), Homme et femme, 31 janvier 1969, dessin au crayon et craies
de couleur, 34 x 24,5 cm. |
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| Picasso, Courbet et les autres... |
Deux catalogues étaient nécessaires pour décrire les numéros proposés dans cette vente, qui totalisait 2 494 032 € frais compris. Le premier était consacré à l’art moderne et contemporain et le second aux arts décoratifs du XXe siècle. Sur les trente-neuf enchères franchissant la barre des 10 000 €, seulement trois l’étaient dans la seconde spécialité. La première était donc la plus courue puisqu’y résonnaient également trois enchères à six chiffres. La plus élevée, 160 000 €, revenait cependant sous l’estimation au dessin de Picasso reproduit. On connaît la dimension érotique de l’oeuvre du Malaguène, qui ne se dément pas le temps passant comme en témoigne notre feuille, exécutée à l’orée des quatre dernières années de sa vie. L’oeil du spectateur est en priorité attiré par les couleurs qui soulignent la figure féminine. La deuxième enchère à six chiffres, 114 000 €, s’inscrivait sur l’huile sur toile d’Albert Marquet montrant, par-dessus les frondaisons des quais de la rive gauche, La Samaritaine (50 x 61 cm). 100 000 € tout rond s’affichaient sur une épreuve en bronze à patine brune de 1875 par la fonderie Louis Martin d’une figure allégorique de Gustave Courbet, L’Helvetia ou La Liberté, 1875 (h. 87 cm). L’artiste étant en exil en Suisse, c’est Jules-Antoine Castagnary, homme politique, critique et défenseur de l’artiste, qui a emporté le plâtre de ce buste à Paris pour le faire fondre. Restons en compagnie d’une grande figure historique, Joan Miró, avec une huile et technique mixte sur papier de 1960, Composition, peinture III/X (99 x 70 cm), vendue 91 000 €. Retour à la figuration avec, à 85 000 €, une estimation dépassée pour une huile sur toile de Gen Paul, Le Guitariste (116 x 88 cm). Plus classique, une huile sur toile d’Émile Schuffenecker, La Rencontre des deux mondes (112 x 139 cm) – entendez la classe bourgeoise et la classe ouvrière –, frôlait à 58 000 € son estimation haute.
Changeons de genre avec les 82 000 €, une estimation dépassée, d’une technique mixte sur papier de 1966 de Richard Lindner décrivant une plantureuse Leopard Lily (100 x 68 cm). Moyennant 40 000 €, un sein pointait New York dans l’un des vingt exemplaires de Bedroom Collage, 1974 (11,4 x 21,6 cm), de Tom Wesselmann, un Liquitex, tissu et collage sur toile montée sur Isorel. L’abstraction version Chu Teh-chun était saluée par deux fois, une première à 80 500 € pour une huile sur toile de 1989, Noyau de lumières A (130 x 97 cm), et la seconde à 79 500 € par Composition (65 x 81 cm), une huile sur toile portant au dos la date manuscrite de 1974. |
Lundi 28 juin, salle 5-6 - Drouot-Richelieu.
Millon & Associés SVV. Mmes Collignon,
Marzet, Ritzenthaler, M. Mostini. |
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220 911 € frais compris.
Pierre-Joseph Redouté (1759-1840), Les Roses, 169 planches gravées,
texte de Claude-Antoine Thory
(Paris, imprimerie Firmin-Didot, 1817-1824), trois volumes in-plano, reliure en demi-cuir de Russie à coins grenat. |
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| Redouté et Thory |
Il ne manque aux roses de Redouté que leur parfum… Une absence qui n’empêchait pas les enchérisseurs de batailler ferme pour pousser à 181 000 €, une estimation dépassée, les trois volumes du célèbre ouvrage de celui que l’on surnomma "le Raphaël des fleurs". Rappelons qu’une amoureuse inconditionnelle des rosiers, Joséphine, qui en a planté 250 variétés à la Malmaison, a donné au peintre l’idée de l’ouvrage. Celui-ci ne fait pas que flatter l’oeil… L’artiste en a confié les textes à un ami de longue date, l’écrivain et naturaliste Claude-Antoine Thory. En digne fils du siècle des Lumières, Redouté est sensible à la vérité scientifique. Or, en chassant les espèces les plus variées, il a pris conscience que tout jardinier n’a qu’une hâte, créer une variété inédite. Ainsi, comme pour la mode, une nouveauté en chasse une autre… L’ouvrage s’organise en trois divisions : les rosiers sauvages, les anciens et les contemporains. Elles permettent de suivre l’évolution et les variations des espèces, d’autant plus que Redouté a tenu à reproduire la fleur grandeur nature et dans son entier, feuilles et épines comprises. Le beau dans l’utile avant l’heure… |
Mercredi 30 juin, salle 11 - Drouot-Richelieu.
Millon & Associés. M. Paolantonacci. |
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130 000 € frais compris.
Pavel Tchelitchew (1898-1957),
Composition, 1930, gouache sur papier contrecollé sur panneau, 65 x 50 cm. |
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| Tchelitchew et Schiap |
La rencontre du peintre Pavel Tchelitchew et de la couturière Elsa Schiaparelli permettait à cette étrange gouache de 1930 de littéralement pulvériser, à 104 000 €, son estimation. Amie de nombreux artistes, "Schiap" possédait une collection où figurait notre feuille, au milieu de créations de Picasso, Cocteau, Dalí, Modigliani ou Tanguy. La figure qui émerge derrière le paravent est peut-être Schiaparelli elle-même, l’ovale du visage et la coiffure crantée correspondant à son aspect dans ces années-là. En 1927, elle ouvre sa boutique au 4, rue de la Paix et lance en 1929 sa première grande collection. Cette même année, aux États-Unis, le célèbre guide des soeurs Bonney est illustré par une photographie des salons parisiens de la créatrice, où figure son portrait par Tchelitchew. Le jeune peintre d’origine russe installé à Paris en 1923 expose régulièrement depuis 1925, suscitant notamment l’intérêt d’une collectionneuse de renom, Gertrude Stein. Malgré ses compositions à forte tendance surréaliste, Tchelitchew, qui a pourtant illustré L’Esprit contre la raison de son ami René Crevel, ne fera jamais partie du mouvement créé par Breton. Les visages de deux figures féminines de notre gouache semblent peints sur des toiles, jouant des apparences dans un indésirable esprit surréaliste. |
Lundi 28 juin, salle 7 - Drouot-Richelieu.
Cornette de Saint Cyr maison de ventes SVV. |
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194 448 € frais compris.
Tsuguharu Léonard Foujita (1886-1968), Jeune Fille aux chats, 1955, huile sur toile, 36 x 28 cm. |
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| Tsuguharu Foujita |
Les amateurs de Foujita avaient le choix dans une même vente entre deux huiles sur toile peintes à la même époque. Conformément aux estimations, leur choix se portait d’abord sur la Jeune Fille aux chats reproduite, adjugée 160 000 €, pour ensuite se tourner, moyennant 125 000 €, vers la Jeune Fille assise devant la cheminée (36 x 28 cm), une huile sur toile vers 1955. Notre toile a l’avantage de réunir deux motifs privilégiés de l’artiste, une fraîche jeune fille et des chats. La période est riche en événements pour le peintre puisqu’il épouse en 1954 sa deuxième femme, Kimiyo, et obtient en février 1955 sa naturalisation française. Cette année est également généreuse en expositions de son oeuvre, deux se tenant à Tokyo – au musée Bridgestone et dans le quartier de Shibuya avec la collection Hirano –, André Romanet montrant à Alger des pièces récentes de l’artiste et une dernière étant organisée plus au nord, dans un musée de Rotterdam. Foujita est un peintre célébré qui sera également promu au grade d’officier de la Légion d’honneur en 1957. L’année précédente, nos deux toiles sont exposées aux côtés de quarante autres à la galerie Paul Pétridès, du 28 juin au 20 juillet. L’artiste a alors 70 ans mais peint encore comme un jeune homme ! |
Mercredi 30 juin, salle 5 – Drouot-Richelieu.
Jean-Marc Delvaux SVV. |
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69 614 € frais compris.
William Merritt Chase (1849-1916),
Jeune Femme au châle blanc,
huile sur toile, 56 x 46 cm. . |
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| Impressionnisme américain |
Cette douce et élégante jeune fille immortalisée par William Merritt Chase doublait, à 57 000 €, son estimation. La bordure qui l’entoure porte l’étiquette d’un encadreur new-yorkais, notre peintre – comme sans doute son modèle – étant américain. Si sa touche est indubitablement influencée par les impressionnistes français, Chase a cependant reçu sa formation la plus décisive à l’école des Beaux-arts de Munich, qu’il intègre en 1872. Lorsqu'il rentre six ans plus tard dans son pays natal, c’est pour imposer l’art moderne contre le conservatisme ambiant. Son luxueux atelier va ainsi devenir le plus célèbre outre-Atlantique. Non content de figurer parmi les membres fondateurs de la Society of American Artists – qu’il préside pour dix ans à partir de 1880 –, il passe le plus clair de son temps à enseigner, donnant une impulsion décisive à la jeune génération de peintres de son pays. Cela lui laisse néanmoins le temps de se consacrer à son art puisque son corpus compte plus de 2 000 peintures. Les portraits vont prendre de plus en plus de place dans son oeuvre et lui permettre d’accéder à la célébrité. Peu à peu, de nombreuses personnalités vont vouloir poser pour cet artiste qui aime également représenter son entourage. Notre jeune fille en faisait-elle partie ? |
Mardi 29 juin, salle Rossini.
Rossini SVV. M. Maket. |
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| 144 143 € frais compris. Honoré de Balzac (1799-1850), Histoire intellectuelle de Louis Lambert, Paris, Charles Gosselin, 1833, in-18, exemplaire sur chine, reliure de Spachmann en velours vert émeraude, offert par Balzac à Zulma Carraud, présenté dans un coffret en marqueterie de bois précieux, réalisé à sa demande. |
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| Honoré et Zulma |
Le lot phare d’une dispersion de livres et manuscrits tenait toutes ses promesses en récoltant 118 000 €. Rappelons qu’il s’agit d’un des deux exemplaires sur papier de Chine, offert par Balzac à Zulma Carraud, de la première édition séparée, considérablement augmentée et en partie originale de l’Histoire intellectuelle de Louis Lambert. L’autre exemplaire a été offert à madame Hanska. Le coffret en marqueterie, aux initiales de la destinatrice de notre livre, a été réalisé à la demande de l’auteur. Suivre les Carraud, Zulma et son époux François-Michel, revient à voyager dans la Comédie humaine en reconnaissant aussi bien la source de personnages que de lieux balzaciens. Zulma est une amie de longue date de l’écrivain, rencontré au lycée de Vendôme alors qu’elle venait rendre visite à son cousin, lui aussi pensionnaire. L’Histoire intellectuelle de Louis Lambert, écrite en 1832, appartient à la section des "Études philosophiques" de la Comédie humaine. L’action débute dans le même lycée vendômois où étudie le jeune et brillant Lambert, que le narrateur retrouve fou quelques années plus tard. Sa femme a noté les pensées de Louis, éléments d’un Traité de volonté que celui-ci rêvait d’écrire… |
Mardi 29 juin, salle 16 - Drouot-Richelieu.
Pierre Bergé & Associés SVV. M. Laucournet. |
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42 133 € frais compris.
Bapst et Falize, XIXe siècle, bracelet rigide ouvrant en or gravé sur fond d’émail
en réserves alternées de motifs composés de diamants de taille ancienne,
le bord partiellement souligné de diamants sertis clos, également de taille ancienne, poids 86 g. |
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| Bapst et Falize |
La veine historiciste de ce bijou est servie par une réalisation impeccable qui lui permettait de pratiquement tripler, à 34 000 €, son estimation basse. Il porte un envoi composé des initiales "CD" et de la date du 15 mai 1887. Le décès de Paul-Alfred Bapst, en 1879, est à l’origine d’une scission familiale qui pousse son fils Germain à s’associer à Lucien Falize, créant ainsi la maison Bapst et Falize. Depuis le règne de Louis XV, le nom des Bapst règne sur la haute joaillerie parisienne. Le règne de Napoléon III a été particulièrement faste pour la famille, Paul-Alfred dessinant nombre de bijoux de l’impératrice, montés avec les joyaux de la couronne. La maison Falize est plus jeune, créée par le père de Lucien, Alexis. Fournisseur des plus grands joailliers, celui-ci excelle autant par ses dons de dessinateur inspiré de différentes époques de l’histoire de l’art que par les techniques qu’il met en oeuvre. Des qualités et un faible pour les émaux qui se retrouveront chez Lucien, lequel donnera à son nom ses lettres de noblesse. Notre bracelet porte incontestablement la marque de son talent. |
Vendredi 2 juillet, salle 3 – Drouot-Richelieu.
Drouot-Estimations SVV. Cabinet Serret-Portier. |
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155 000 € frais compris.
Violoncelle de Jean-Baptiste Vuillaume
(1798-1875), fait à Paris en 1869, cassures
sur les éclisses et éclisse arrière décollée, joints de fond et de table décollés, l. 75,8 cm. |
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| En crescendo ! |
Estimé au plus haut 100 000 €, ce violoncelle de Jean-Baptiste Vuillaume de 1869 montait à 125 000 €. Vuillaume occupe une place de premier plan dans la lutherie française, étant tout à la fois un copiste de génie et un inventeur. Toute sa vie, il va tenter de percer les secrets des luthiers italiens de l’époque baroque, n’hésitant pas dans les années 1850 à acquérir la collection de violons anciens du marchand Luigi Tarisio. Son modèle absolu est, bien entendu, le grand Antonio Stradivari (1644-1737). Il n’hésite pas à confier les résultats de ses recherches à François-Joseph Fétis, historien de la musique qui publie, en 1856, un livre à la gloire du maître crémonais. Côté innovation, Vuillaume va notamment s’associer aux travaux de l’acousticien Félix Savart. Il déposera également des brevets d’invention, par exemple pour le perfectionnement des archets, et concevra des instruments comme la célèbre et gigantesque octobasse. |
Lundi 28 juin, salle 1 - Drouot-Richelieu.
Lucien-Paris SVV. M. Rampal. |
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32 500 € frais compris.
Alix haute couture, vers 1935.
Robe du soir en moire noire. |
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| Avant Grès |
Un vent violent soufflait sur cette robe du soir, lui permettant de s’envoler à 26 000 €, bien loin des 2 000 € de son estimation haute. Elle est signée d’Alix. Derrière la maison Alix Barton, créée en 1933, se cachent deux femmes : Germaine Krebs, la future madame Grès, et Julie Barton. Dès l’année suivante, la maison devient Alix tout court et se fait remarquer pour ses costumes de bain. En 1935, elle habille les acteurs de la pièce de Jean Giraudoux La guerre de Troie n’aura pas lieu. Germaine Krebs voulait être sculpteur. À côté des fluides plissés néo-antiquisants qui feront la gloire de madame Grès, elle imagine, comme en témoigne notre robe, des coupes nettement plus structurées. Grès sera créée en 1941, une anagramme du prénom du mari de Germaine Krebs, le peintre Serge Cezrefkov. L’ancienne maison Alix, rebatisée "Alix Marcelle Tizeau" et gérée par Robert Perrier, poursuivra son activité jusqu’à l’orée des années 1960. |
Vendredi 2 juillet, salle 5 – Drouot-Richelieu.
Cornette de Saint-Cyr SVV.
Cabinet Chombert - Sternbach. |
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| 50 400 € frais compris. Claude Michel, dit Clodion (1738-1814), Allégorie de l’Astronomie, bas-relief en terre cuite, signé en bas à gauche et daté au centre "AN XII", 44 x 35,5 cm. |
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| Un Clodion millésimé |
Inconnue sur le marché, notre séduisante allégorie faisait tourner bien des têtes lors de cette vente. Avancée autour de 15 000 €, elle déclenchait la passion des amateurs présents en salle et sur plusieurs lignes de téléphone. À 35 000 €, elle affolait encore quatre enchérisseurs. Ses atouts Datée 1804, notre terre cuite révèle une facette moins connue de son auteur, Clodion, surnommé le "Fragonard de la terre cuite". Concourant à plusieurs grands chantiers, notre sculpteur façonne au début du XIXe siècle une colossale statue néoclassique figurant Caton d’Utique, qui doit orner la salle des délibérations du Sénat. À cette même époque, il reçoit encore une commande d’un notable polonais, Joseph Jablonowski. Dans une lettre du 6 août 1803, celui-ci donne à Clodion des instructions précises concernant une statue en bronze de Nicolas Copernic, destinée à Torun, la ville natale du savant astronome. Inédit, notre bas-relief fait probablement référence à la statue, qui ne fut pas exécutée. Peut-être s’agit-il d’un projet d’ornement du piédestal Quoi qu’il en soit, notre sculpteur représente ici la muse Uranie patronnant l’Astronomie. Aimée d’Apollon, la jeune femme, un cadran solaire en mains, rayonne dans tout l’éclat de sa jeunesse. Typique de la dernière manière de Clodion, notre bas-relief dévoile la virtuosité accomplie du sculpteur, souverain dans l’art de la terre cuite. Adjugée au triple des estimations, notre gracieuse jeune femme repartait finalement au bras d’un client étranger. |
Mayenne, dimanche 4 juillet.
Pascal Blouet SVV. M. Froissart. |
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