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La Gazette de l'Hôtel Drouot - Top des enchères
Top des enchères
1 511 625 € frais compris. Hubert Robert (1733-1808), L’Incendie de l’Opéra vu d’une croisée de l’Académie de peinture, place du Louvre, 1781, toile, 173 x 124,5 cm.
Belle flambée !
Ce menu classique ponctué de bons résultats voyait les enchères s’enflammer, conformément à son sujet, sur cette toile d’Hubert Robert reproduite. Estimée 100 000 €, elle était poussée jusqu’à 1 250 000 €, décrochant au passage un record français pour l’artiste et la deuxième place de son palmarès mondial. Elle a été exposée au Salon de 1781 - année de l’incendie, le 8 juin, de l’Opéra, situé à l’époque dans les bâtiments du Palais-Royal - avec son pendant aujourd’hui conservé au Louvre, L’Intérieur de la salle le lendemain de l’incendie. Pour saisir la scène, Hubert Robert, alors logé dans les galeries du Louvre, justement, s’est installé dans la baie de la rotonde d’Apollon, partie du palais alors occupé par l’Académie de peinture. Il a brossé des études sur bois, maintenant conservées au musée de l’Opéra. La paire de toiles qu’il a ensuite exécutée sera acquise par un grand mécène et collectionneur, Jean Girardot de Marigny, avant même son exposition au Salon en août. Hubert Robert n’était pas le seul peintre à flamber dans cette vente. Estimée au plus haut 60 000 €, la toile d’Andrea Casali (1705-1784), Moïse sauvé des eaux, était poussée jusqu’à 150 000 €. Rappelons qu’il existe deux autres versions de ce tableau et qu’il a appartenu à la collection du conservateur anglais Horace Buttery. À 78 000 €, l’estimation était respectée pour une toile de l’école génoise vers 1640 représentant Le Christ et la femme adultère. Pour la peinture moderne, un résultat se détachait, les 75 000 € d’une huile sur toile de Félix Ziem, Gondoles près du Mole, Venise. Pour les dessins, signalons la préemption exercée à hauteur de 10 000 € par le musée de la Révolution, situé dans le château de Vizille, près de Grenoble, sur une Allégorie de la Liberté de Pierre-Paul Prud’Hon, exécutée à la plume et encre grise sur trait de crayon noir. Pour les meubles, un mobilier de salon d’époque Directoire estampillé de Georges Jacob, semblant sortir tout droit du recueil d’un ornemaniste, atteignait 53 000 €. Composé d’un canapé, une paire de marquises et une suite de six fauteuils, il est en acajou, placage d’acajou, ébène et bois noirci, les dossiers rectangulaires étant ajourés d’un losange incrusté d’un animal - griffon, cervidé, etc. Le bandeau du dossier est souligné par deux volutes affrontées encadrant une palmette, les pieds antérieurs étant fuselés, leur partie supérieure godronnée. La surprise allait toutefois, à 29 000 €, du côté des objets d'art, avec une étonnante cave à cigares vers 1870, attribuée à Charles-Guillaume Diehl, Jean Brandely et Emmanuel Frémiet. Son estimation était de 3 000 à 4 000 €. En bois fruitier, elle adopte la forme d’une curieuse architecture exotique trapézoïdale. Elle est surmontée d’un toit plat "pagode" dont le toupet sert de poignée pour hisser le caisson escamotable, abritant les quatre plateaux coulissants à cigares, plaqué sur deux côtés d’une fine marqueterie de ruines. Chaque face de la boîte reçoit, dans une arcature brisée, un haut-relief en bronze à sujet de salamandres ou de noeuds de serpents...
Vendredi 9 avril, salle 5-6 - Drouot-Richelieu. Mathias SVV, Baron - Ribeyre & Associés SVV, Farrando - Lemoine SVV. Mme Collignon, MM. de Bayser, Chanoit, Corpechot, Dubois, Froissart, Kassapian, Lefebvre, Lepic, Lorenzelli, Millet, Mourrier, Ottavi, Perpitch, Ricour-Dumas, cabinet Quéré-Blaise.
71 873 € frais compris.
Marie Louise Élisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842), Portrait d’une jeune musicienne, 1777, huile sur toile, 92 x 73 cm.
Triplé Vigée Lebrun
Voici un tableau qui avait tout pour séduire et qui, de fait, dépassait largement, à 58 000 €, son estimation. Cette charmante jeune musicienne a été saisie par Élisabeth Vigée-Lebrun en 1777. Dans son journal, l’artiste cite six jeunes femmes et une jeune fille, "mademoiselle Dartois", dont elle fait le portrait cette année-là. La demoiselle est-elle une Artois ? Le mystère demeure mais ce qui est sûr, c’est que notre toile a appartenu à la collection du baron Arthur de Rothschild et à celle de James de Rothschild. Cette dernière était dispersée en décembre 1966 au palais Galliera et notre musicienne y décrochait 22 000 F (26 260 € en valeur réactualisée). Vigée-Lebrun était également à l’honneur dans notre vente avec deux autres oeuvres, tout d’abord une huile sur toile de son école signée Cherici, une reprise de son célèbre Autoportrait à la palette peignant la reine Marie-Antoinette, de 1790, conservé aux Offices à Florence. Estimée 2 000 €, elle en récoltait 7 000. Peinte par Alexis Nicolas Perignon, une huile sur toile exposée au Salon de 1859, Madame Le Brun chez la reine Marie Antoinette, quintuplait à 22 000 € son estimation. Réalisé d’après un épisode relaté dans les Souvenirs de l’artiste, on y voit la souveraine ramasser les pinceaux tombés sur le sol, car Élisabeth était enceinte.
Mercredi 7 avril, salle 8 - Drouot-Richelieu.
Deburaux Aponem SVV. M. Dubois.
434 258 € frais compris.
Tamara de Lempicka (1898-1980), Les Deux amies V, vers 1974, huile sur toile, 67,5 x 38 cm.
Lempicka, Bugatti, Maire...
Dans cette vente qui, en soixante-dix-sept numéros vendus, totalisait 2 003 777 € frais compris, l’art moderne récoltait trois enchères à six chiffres et pas moins de quarante et une à cinq chiffres. Débutons comme à l’accoutumée avec le résultat le plus glorieux, 350 000 € obtenus au-dessus de l’estimation par cette huile sur toile de Tamara de Lempicka. Exécutée vers 1974, elle appartient à la fin de la carrière de l’artiste. Celle-ci reste fidèle au vocabulaire et à la grammaire élaborés dans l’entre-deux-guerres, faisant d’elle la peintre art déco par excellence. Poursuivons avec une huile sur toile de 1930 de Mariano Andreu, Le Cirque, qui était également disputée puisqu’elle aussi dépassait, à 94 000 €, son estimation. La cote d’André Maire affiche également une santé resplendissante puisqu’une très décorative huile sur toile décrivant des Cornacs devant Hindh suscitait 50 000 €, nouveau record mondial pour l’artiste après celui obtenu il y a peu, le 17 mars à Drouot, dans une vente organisée par la SVV Néret-Minet Tessier. La sculpture était également à l’honneur, puisqu’elle générait deux des trois enchères à six chiffres enregistrées au cours de cette vacation. La première, 260 000 €, récompensait dans la fourchette basse de l’estimation le stabile mobile de 1974 de Calder. Rappelons son titre, Turkish Delight, et sa matière, des feuilles métalliques peintes en noir, rouge ou blanc. À 100 000 €, l’estimation était doublée pour une épreuve en bronze fondue par Hébrard et numérotée 4 de l’Éléphant de Rembrandt Bugatti. Le pachyderme est figuré la trompe tendue, prêt à s’agenouiller. Dans la section orientaliste, plusieurs résultats sont à noter. Tout d’abord les 73 000 € d’une huile sur toile de Germain Fabius Brest figurant le Village de Bebec sur les bords du Bosphore. Une Danse turque devant la baie du Bosphore immortalisée à l’huile sur toile par Joseph Warnia-Zarzecki charmait un enchérisseur à 70 000 €. Jacques Majorelle réalisait un joli doublé avec deux techniques mixtes, celle de 1951, Le Souk, Marrakech, empochant 52 000 € et celle de 1952, Femmes se promenant dans le souk à Marrakech, 50 000 €.
Vendredi 2 avril, salle 5-6 - Drouot-Richelieu.
Claude Aguttes SVV. M. Coissard.
40 105 € frais compris.
André Lasnier (reçu maître orfèvre en 1741), Laval, 1751-1752, plat à ragoût en argent, poids 1,595 kg, l. 43 cm.
Orfèvrerie lavalloise
Ce large plat à ragoût était avidement désiré, montant à 33 000 € sur une estimation n’en excédant pas 20 000. Réalisé à Laval en 1751-1752 par André Lasnier, il est gravé d’armes d’alliances, probablement celles d’un membre de la famille Kergree, avocat à Rennes entre 1745 et 1778. Reçu maître orfèvre en 1741, Lasnier s’installe dans un atelier à Laval, en haut de la Grand-Rue. En 1780, cinq ans avant de mourir, il va s’associer avec son fils, Ambroise-Julien. La prospérité de la cité mayennaise, décisive pour la bonne marche d’un commerce d’orfèvrerie, est assurée par l’industrie de la toile de lin. C’est en effet au XIIIe siècle que Béatrix de Graves, l’épouse du comte de Laval, y fait venir des tisserands flamands. Exportée dans toute l’Europe, la toile de Laval va, à partir du XVIe siècle, trouver de nouveaux débouchés commerciaux via l’Espagne, vers le Nouveau Monde, favorisés par la navigabilité récente de la Mayenne jusqu’à Laval. C’est justement à cette époque que l’orfèvrerie lavalloise va connaître en essor notable dans la cité.
Vendredi 2 avril, salle 9 - Drouot-Richelieu.
Beaussant - Lefèvre SVV. Cabinet Serret & Portier.
352 620 € frais compris. Chine, XIXe siècle. Paire de vases tripodes couverts en bronze et émaux cloisonnés polychromes sur fond bleu, à décor aux huit emblèmes bouddhiques auspicieux, h. 140 cm.
De la Maison des bambous
Tout, dans ces vases, tend à la démesure : leur taille, leur forme, leur décor et leur prix, 300 000 €, obtenu sur une estimation haute de 80 000 €. Chinois, ils datent du XIXe siècle et compensent leur relative modernité temporelle par un pedigree conjugué au conditionnel. Ils auraient, en effet, été offerts par l’empereur Daoguang (1782-1850) au futur Napoléon III et fait partie du mobilier du château de Saint-Cloud. Une certitude, ils ont été acquis vers 1893 par la Maison des bambous. Fondée en 1872 par Ernest Vibert et Robert Perret, cette société de décoration a d’abord créé avec succès des pastiches du goût chinois avant de s’orienter, notamment sous l’impulsion du fils d’Ernest, Georges Vibert, vers le négoce d’antiquités d’Asie. En 1912, la Maison des bambous deviendra la galerie Perret-Vibert, fréquentée par tous les amateurs d’art asiatique, Debussy et Ravel en tête. Elle a fermé ses portes en 1994. Retour au coeur de notre vacation, où sur les cimaises, Jean-Baptiste Olive était particulièrement bien représenté. Il enregistrait un triplé d’enchères grâce à des huiles sur toile marines, 26 200 € allant à la Calanque d’En-Vau, 10 000 € à La Côte aux environs de Marseille, et pour changer d’horizon, 18 200 € au Gondolier sur le Grand Canal à Venise.
Vendredi 9 avril, salle 7 - Drouot-Richelieu.
Cabinet V.A.E.P. Marie-Françoise Robert & Franck Baille SVV. MM. Ansas, Portier T.
51 546 € frais compris.
René Lalique (1860-1945), Chasse, sac du soir en or et cuir, 17 x 18,5 cm.
Lalique, Lépine, Jouve et Buchette
Le programme classique de cette vente voyait le thème cynégétique s’inviter sous une forme pour le moins inattendue, le sac à main reproduit de René Lalique. Assurément destinée à une élégante férue de chasse au sanglier, sa monture en or décrit de manière naturaliste une meute coursant et attrapant sa proie. L’enchère happée était à la mesure de l’originalité de ce lot, 42 000 €. Plus classique, un bonheur-du-jour ovale d’époque Transition vers 1775 estampillé de François-Henri Buchette faisait plus que tripler, à 32 500 €, son estimation. L’ébéniste fait la preuve de ses talents de marqueteur, toutes les faces du meuble étant en placage de bois de rose à marqueterie de plumes, vases, encriers et bouteille dans des encadrements. Il repose sur quatre pieds cambrés réunis par une tablette d’entrejambe et ouvre par un tiroir en ceinture, deux portes à secret et un petit tiroir dans le gradin. La mesure du temps occupait une place de choix grâce à deux enchères. 30 000 € s’affichaient sur un régulateur astronomique d’époque Restauration, en bronze ciselé et doré. Il se distingue notamment par deux colonnes dans lesquelles s’inscrivent des thermomètres, surmontées pour l’une d’une sphère armillaire et pour l’autre d’un globe terrestre, tournant tous deux sur eux-mêmes en vingt-quatre heures. Le mouvement - squelette pour la partie sonnerie - permet aux cadrans d’indiquer l’heure, les phases et l’âge de la Lune, la date, les jours de la semaine avec leurs symboles, les saisons par un disque peint, les mois étant soulignés de leur symbole zodiacal. Le balancier est compensé, et au dos, un anneau permet le réglage sur vingt-quatre heures du passage de la date. Moyennant 28 200 €, on bénéficiait d’un régulateur de parquet hebdomadaire vers 1850 de la maison Lépine. La caisse en bois abrite un mouvement de haute précision maintenu par quatre vis de calage ouvragées, permettant d’afficher à 6 h les heures, les secondes à midi et les minutes sur la périphérie du cadran argenté. Le balancier, compensé à cinq tiges - trois en acier, deux en zinc -, bat les secondes. Du côté des cimaises, quelques jolis résultats sont à relever. Estimé 8 000 €, un crayon et huile sur papier contrecollé sur carton de Paul Jouve décrivant deux placides Panthères noires était poussé jusqu’à 26 000 €. Il est accompagné d’une lettre autographe de l’artiste concernant l’achat de cette oeuvre par la fille d’un médecin.
Vendredi 9 avril, salle 4 - Drouot-Richelieu. Coutau-Bégarie SVV. MM. Angot, Corpechot, Flandrin, Godard-Desmarest, de Labretoigne, Louot, Maraval-Hutin, Millet, Thomasson.
49 568 € frais compris.
École anglaise de la fin du XVIIIe siècle, Modèle du H.M.S. Valiant 74 canons, toile, 53,5 x 86,5 cm.
Navire royal
Le Valiant, fier navire portant 74 canons, n’est pas représenté filant en haute mer toutes voiles dehors, mais sans accastillage, à l’état de maquette de chantier. Cette particularité valait à notre tableau de décupler à 40 000 € son estimation, aidé en cela par les informations données par un cartel fixé sur le cadre, de la maison Biggs & Sons. Il y est en effet précisé que la peinture a été exécutée pour le roi George III pour enseigner à son troisième fils, William, la construction d’un type de bâtiment appelé "Man’o’war" et qui correspond en France aux navires de haut-bord. Le Valiant est lancé en 1759 et servira en haute mer jusqu’en 1799. Le prince William (1765-1837), futur William IV surnommé justement "le roi marin", rejoint la Royal Navy à l’âge de 13 ans comme officier cadet. Il sera nommé lieutenant en 1785 puis capitaine l’année suivante, commandant en 1788 et enfin vice-amiral en 1789. La même année, il commande le Valiant, cette fois armé et prêt à imposer la supériorité maritime du royaume d’Angleterre sur les mers du globe !
Mercredi 7 avril, salle 1 - Drouot-Richelieu.
Ader SVV. M. Millet.
51 660 € frais compris.
Tristan Corbière (1845-1875), Les Amours jaunes, Paris, Librairie du XIXe siècle, 1873. L’un des neuf premiers exemplaires sur papier jonquille, in-12, reliure de Maylander en maroquin citron orné de filets dorés.
Elle était riche de vingt ans
Moi j'étais jeune de vingt francs... À 42 000 €, l’estimation était dépassée pour cet exemplaire des Amours jaunes de Tristan Corbière, l’un des neuf premiers sur papier jonquille, seul grand papier de l’édition originale de ce rarissime ouvrage. La gravure à l’eau-forte du frontispice est un autoportrait de Corbière, qui en dit long sur le poète maudit. Cet ouvrage, "unique recueil d’un homme jeune qu’affligeait sa laideur et que son ardeur de vivre avait épuisé", indique Le Nouveau Dictionnaire des oeuvres (Robert Laffont), fut publié aux frais du père de l’auteur, Édouard Corbière, lui-même romancier à succès. Tiré en tout à 490 exemplaires, il est passé totalement inaperçu et ne sera découvert qu’un peu plus tard, en 1882, par l’entourage de Paul Verlaine, ce dernier lui consacrant un article dans le numéro d’août 1883 de Lutèce. La seule ascendance reconnue des poèmes brutaux et sans concessions de Corbière est illustre, nul autre que François Villon. Mais restons en compagnie des poètes du XIXe siècle. Estimé au plus haut 5 000 €, l’un des 20 exemplaires sur hollande de La Bonne Chanson (Paris, Lemerre, 1870) de Paul Verlaine, celui de Paul Bourget, était bataillé jusqu’à 12 000 €. La reliure d’époque est à bradel parchemin. Une envolée similaire attendait à 10 000 € un exemplaire broché de la seconde édition, en partie originale pour 35 poèmes, des Fleurs du mal (Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1861) de Baudelaire.
Vendredi 9 avril, salle 2 - Drouot-Richelieu.
Binoche - Renaud - Giquello SVV. M. Courvoisier.
97 200 € frais compris.
Jean Prouvé (1901-1984), maison démontable du type "Maison des jours meilleurs", environ 52 m2.

Maison des jours meilleurs
Cinq mois après les 78 000 € frais compris recueillis sur un "Pavillon des réfugiés" , cette étude nancéienne proposait de nouveau une maison imaginée par l’architecte Jean Prouvé. Provenant de la région de Metz, elle avait été placée au milieu d’un terrain en friche. Habillée de rondins, elle servait de chalet de jardin aux propriétaires qui l’ont fait expertiser début janvier. En fait, il s’agit de l’un des trois exemplaires connus du prototype réalisé par Jean Prouvé pour l’abbé Pierre. Désireux de mettre la création artistique à la portée du plus grand nombre, notre architecte réalise ainsi, après la Seconde Guerre mondiale, huit cents maisons préfabriquées pour le ministère de la Reconstruction. Le concept des demeures éphémères est ensuite déclinée en maisons "Métropoles", "Coques" et "Tropicales". Suite à l’appel lancé à la TSF en février 1954 "une femme vient de mourir gelée cette nuit sur le trottoir", l’abbé Pierre demande à Jean Prouvé un type de logement économique ; produit en grand nombre, il doit être aussi lancé rapidement. En réponse, notre architecte conçoit un prototype intitulé "Maison des jours meilleurs". Il comprend deux chambres et une pièce plurifonctionnelle qui réunit un coin repas et un bloc sanitaire. Présentée en 1956, la maison type impressionne les Parisiens ; elle ne sera cependant jamais produite en série, ne respectant pas les règles sanitaires alors en vigueur. Vivement disputé entre divers amateurs français et étrangers, notre spécimen fut finalement acheté par un client français dans la fourchette des estimations.
Nancy, dimanche 11 avril. Anticthermal SVV.
60 320 € frais compris.
Nicolas Maire (1800-1878), archet d’alto, monté argent, 59,5 g sans garniture et mèche fine, très bon état.
Festival d’archets
L’un des principaux pôles d’attraction de cette vente normande était les instruments de musique. Proposés en très bon état, ils étaient fort disputés entre des amateurs présents en salle et plusieurs lignes de téléphone faisant vibrer haut les prix. Inédits, ils venaient d’une maison proche de Bayeux, qui avait appartenu au compositeur normand Sophie Harou-Romain-Danjon (1806-1877). Si l’enchère la plus forte, 116 000 €, revenait à un violon de Petrus Guarnerius fait à Venise vers 1735 - il porte une étiquette apocryphe de Stradivarius -, les archets étaient les véritables divas et donnaient le la. Raflant l’enchère la plus haute, notre élégant modèle enregistre, selon l’expert, un record mondial. Excellemment conservé, il est l’oeuvre de Nicolas Maire. Cet élève de Lafleur s’établit à Mirecourt en 1826 où il travaille pour des luthiers de renom tels Étienne Pajeot et Jean-Baptiste Vuillaume. Spécialisé dans les archets de l’école romantique, Nicolas Maire crée des oeuvres au fini soigné, à l’exemple de notre modèle harmonieusement dessiné. Adjugé au triple des estimations à un mélomane, il était talonné à 46 000 € par un autre archet de violon, monté argent, pesant 56 g. Présenté avec une mèche fine et une garniture originale, il était espéré autour de 20 000 €. Fortement ferraillé entre la salle et plusieurs téléphones, il inscrit également un record pour son auteur, Jean-Pierre Marie Persoit. Né vers 1783 et mort vers 1854, cet artiste crée pendant une vingtaine d’années des archets de qualité impeccable, à la demande du luthier Jean-Baptiste Vuillaume. Après une rixe d’enchères entre divers amateurs, il était finalement acquis par un musicien.
Bayeux, lundi 5 avril.
Bayeux Enchères SVV. M. Raffin.