La Gazette Drouot
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La Gazette de l'Hôtel Drouot - Top des enchères
Top des enchères
1 406 000 € frais compris. Jean-Michel Basquiat (1960-1988), Cantasso, 1982, acrylique et collage sur toile, 151 x 153 cm.
L'art contemporain au sommet
L’art contemporain, qui totalisait ici 3 208 898 € frais compris, devait beaucoup à cet acrylique et collage sur toile de Jean-Michel Basquiat de 1982, adjugé 1 125 000 €. Acheté par un collectionneur européen, cet autoportrait rageur d’une provenance extérieure à la CEE supporte une taxe à l’importation de 5,5 %, qui explique son score frais compris. La surprise de la vente revenait cependant à un acrylique sur toile de 1966 de l’artiste suisse Peter Stämpfli intitulé Sport. À 98 000 €, il décrochait un record mondial pour le créateur, très loin du précédent, 17 700 € frais compris recueillis en Allemagne en mai 2006 par Road Lug, un crayon sur carton de 1972. Notre oeuvre montre la roue d’une voiture de sport rouge, quelque chose comme la légendaire Ford Mustang de 1966. La scène abstraite brillait grâce à Zao Wou-ki, dont une huile sur carton de 1954, Étoiles et cavaliers aux étoiles, triplait à 130 000 € son estimation, 80 000 € revenant au-dessus de celle-ci à une huile sur toile de 1968, Composition. À 70 000 €, on avait le choix entre un acrylique sur papier marouflé sur toile de Jean Dubuffet, Mire G 150, (boléro), 10 novembre 1983 , et une huile sur toile de 1986 de Karel Appel, Les Inconnus colorés. À 60 000 €, une huile et collage sur toile de 1985 de Mimmo Paladino, Mar del Nord, ne remplissait pas les espoirs promis par l’estimation, tandis qu’à 57 000 € ils étaient largement dépassés pour un nu de 2003 à huile sur toile de Philippe Pasqua, Isabelle. Une sculpture d’Edward Kienholz de 1961-1963, une installation intitulée Le Mariage comportant des ready-made – notamment un lampadaire – respectait à 40 000 € son estimation haute. Trois oeuvres de François Morellet étaient vendues à la suite et trouvaient toutes preneur, la palme revenant à 38 000 €, une estimation doublée, à une peinture sérigraphique sur bois de 1971, une pièce unique au titre technique : 6 trames 0° - 18° - 90° - 108° - 162°.
Lundi 7 décembre, Hôtel Marcel-Dassault.
Artcurial - Briest - Poulain - F. Tajan SVV.
359 900 € frais compris.
Kees Van Dongen (1877-1968), Bouquet de tulipes, vers 1908, huile sur toile, 73 x 60 cm.
Van Dongen, Matisse, Dufy et les autres
Cette dispersion d’art moderne, qui se déroulait en soirée, cumulait 2 560 631 € frais compris. Elle concluait les deux journées de ventes, totalisant 6 424 000 € frais compris, consacrés, à l’Hôtel Marcel-Dassault, à l’art moderne et contemporain (voir ci-dessus). Au cours de la soirée qui nous intéresse, quatre enchères dépassaient la fameuse barre des 100 000 €. La plus haute, 290 000 €, s’inscrivait sur cette huile sur toile de Kees Van Dongen (voir photo), un Bouquet de tulipes exécuté vers 1908, en plein déchaînement fauve. Le thème du bouquet de fleurs est alors plutôt rare chez Van Dongen, sa préférence allant aux portraits et aux figures du cirque, comme en témoignaient les oeuvres exposées chez Bernheim-Jeune en 1908. Notre toile figurait dans l’exposition organisée à la charnière des années 1908 et 1909 à la galerie Druet. L’étoffe et le coussin rouge, qui complètent sa composition, se retrouvent dans un Nu et femme en chemise contemporain, exposé à la fondation Pierre Gianadda en 2002. Après les fleurs de Van Dongen, la radicalité de Fernand Léger, illustrée par les 210 000 €, une estimation dépassée pour l’aquarelle sur papier de 1920, Composition cubiste (le garçon de café). Il s’agit de la plus haute enchère enregistrée dans cette vente par une oeuvre sur papier, grâce à un collectionneur français. Notre aquarelle est une étude préparatoire de la toile de 1920 portant le même titre. Elle présente des différences avec la composition finale, Léger mettant en oeuvre une réflexion sur la place des éléments accessoires dans le portrait, après un voyage en Italie où il a étudié les grands maîtres. Dans Le Garçon de café, le visage passe au second plan, les objets devenant le vrai sujet. Les deux autres enchères à six chiffres de la vente revenaient elles aussi à des œuvres sur papier. À 120 000 €, l’estimation était respectée pour une plume et encre de Chine d’Henri Matisse de 1947 décrivant Deux Personnages dans un intérieur. À cette époque, le peintre vit entre Paris et Vence. À la sortie de l’hiver 1947, le 25 avril, il a pris ses quartiers d’été dans la cité provençale et poursuit, outre ses papiers découpés, la série des "Intérieurs de Vence", pour laquelle il réalisera de nombreux dessins, dont le nôtre. Les couleurs et le traitement tout en hachures d’une aquarelle et mine de plomb de Raoul Dufy, Nature morte (48,9 x 64,1 cm), provoquaient 115 000 €. Le sujet principal se confond avec le paysage de bord de mer qui constitue le fond, inspiré de sa ville natale, Le Havre. Singnalons que ette feuille a appartenu à la collection de madame Otto Preminger.
Mardi 8 décembre, Hôtel Marcel-Dassault.
Artcurial - Briest - Poulain - F. Tajan SVV.
279 519 € frais compris.
Maurice Estève (1904-2001), La Chute de Lucifer, 1951, huile sur toile, 92 x 73 cm.
Collection Lescure et à divers...
L’animation était vive dans cette vente où le total vendu s’établissait à 2 020 322 € frais compris (96,5 % en valeur - 91,96 % en lots). La première partie du programme était réservée à la dispersion de la collection de Jean et Gilberte Lescure, à laquelle un catalogue était spécialement dédié. Les oeuvres qui dépendaient de cet ensemble cumulaient à elles seules 1 168 596 € frais compris, la presque totalité des 170 lots décrits trouvant preneur. Il faut d’emblée oublier les estimations, tant elles étaient en général largement dépassées. Jean Lescure ayant rédigé de nombreux livres, articles et préfaces sur ses amis artistes, qui ont également illustré ses poèmes, un grand nombre d’entre eux étaient représentés. Il avait suggéré à Maurice Estève des titres pour ses tableaux. Peut-être est-il à l’origine de celui de l’huile sur toile de 1951 reproduite, La Chute de Lucifer, adjugée 230 000 €. Si la seconde école de Paris était très présente, Alexandre Calder parvenait à se glisser dans le palmarès de la collection, tout d’abord avec les 142 000 € obtenus par la maquette, vers 1967 en métal peint, du stabile de la faculté de Jussieu, Cinq Ailes. Rappelons que Jean Lescure faisait partie de la commission ayant présidé au choix des œuvres destinées au nouveau campus. Calder réalisait également un Portrait de Jean Lescure quasi tribal, une encre et gouache de 1969 vendue 80 000 €. Charles Lapicque ensuite, dont une huile sur toile de 1952, Un dimanche aux régates, empochait 95 000 €. Jean Lescure admirait la façon dont Zao Wou-ki introduisait la sensibilité chinoise dans l’espace occidental. La preuve en était faite avec les 88 000 € d’une huile sur toile de 1965, Composition en bleu. La seconde partie de la vacation était quant à elle largement dominée par l’huile sur toile de 1894 de Hendrick Willem Mesdag, Soleil couchant sur les bateaux de pêche. À 125 000 €, elle dépassait tout juste son estimation haute. À 38 000 €, on avait le choix entre deux oeuvres de 1951 très différentes. La première est une toile attribuée à Youri Ivanovitch Pimenov, qui concernait l’activité de décorateur de théâtre de ce peintre russe, un Projet de décor pour la salle de réunion de la pièce de B. Izakov, "Sous le ciel étranger". La seconde, dynamique, éclate de lumière. Il s’agit d’une huile sur toile de Serge Charchoune, Pour un palais de la musique. Son estimation n’excédait pas 12 000 €.
Vendredi 11 décembre, salle 5-6 - Drouot-Richelieu. Beaussant - Lefèvre SVV. Mme Sevestre-Barbé, MM. Cahen, Lorenceau, de Louvencourt, Maury, Weill.
89 800 € frais compris.
Pablo Picasso (1881-1973), Femme au fauteuil no 1 (le manteau polonais), 1949, lithographie en noir numérotée 46/50.
Picasso et Françoise
À 72 000 €, cette épreuve de la Femme au fauteuil no 1 de Picasso doublait son estimation. Elle décrit Françoise Gilot vêtue d’un manteau rapporté par le Malaguène de Pologne, où il s’était rendu en 1948, au Congrès mondial des intellectuels pour la paix à Wroclaw, avec la délégation du Parti communiste français. Françoise Gilot, qui vit depuis 1945 avec Picasso et lui a déjà donné un fils, Claude, est enceinte de Paloma. Juste après la guerre, Picasso renoue avec une technique qu’il n’a plus utilisée depuis quinze ans, la lithographie, en se plongeant dans de nouvelles explorations qui aboutissent à la série des "Femmes au fauteuil". Déçu par le résultat d’une tentative de grand portrait lithographique en cinq couleurs, il va travailler, sur six plaques de zinc, l’image de sa muse d’autant de manières différentes. Françoise indiquera dans son livre publié en 1964 : "Je commençais à prendre un peu d’embonpoint, j’avais un charme de plus à ses yeux. Cette période fut heureuse et idyllique..." Les "Femmes au fauteuil" précèdent immédiatement La Colombe, lithographie qui allait être choisie par Aragon pour le Congrès de la paix de 1949 à Paris. Picasso apprendra la naissance de sa fille durant l’évènement. Une colombe est née...
Mardi 8 décembre, Hôtel Marcel-Dassault.
Artcurial - Briest - Poulain - F. Tajan SVV. Mme Milsztein.
119 100 € frais compris.
Xu Beihong (1895-1953), Cheval debout, la tête tournée vers la droite, 1933, encre sur papier, 78 x 37,5 cm.
Xu Beihong
Ce fier destrier appartient à l’écurie de Xu Beihong, qui a l’habitude d’afficher sur les champs de courses d’enchères des cotes soutenues. Si son estimation, 10 000 à 15 000 €, le plaçait en position d’outsider, il franchissait la ligne d’arrivée en vainqueur grâce à un résultat de 98 000 €. Xu Beihong est considéré comme l’un des peintres chinois les plus importants du XXe siècle. Aussi bien par la peinture à l’huile que par ses encres sur papier, il a cherché à renouveler l’art de l’empire du Milieu, combinant des techniques nationales avec des modes de composition et de perspective issus du monde occidental. Son père, Xu Dazhang, était peintre. Il a d’abord enseigné à son fils, dès l’âge de six ans, les principes de la calligraphie, puis à partir de neuf ans, ceux de la peinture. En 1915, le jeune homme s’installe à Shanghai puis, deux ans plus tard, part étudier à Tokyo. Entre 1919 et 1927, il séjourne en Europe, suivant des cours aux Beaux-Arts de Paris et à Berlin. À son retour au pays, il cumule les postes officiels. Après l’avènement de la République populaire de Chine, Xu Beihong deviendra président de l’Académie centrale des Beaux-Arts.
Lundi 7 décembre, salle 4 - Drouot-Richelieu.
Pescheteau-Badin SVV. M. Portier.
205 006 € frais compris. Époque Empire, attribué à Jacob Desmalter (1803-1813), bureau plat en acajou et placage d’acajou, ouvrant par trois tiroirs en ceinture, ornementation de bronze doré. Plateau : 197 x 97,5 cm.
Fastes néoclassiques Gaetano Gandolfi
Le programme classique de cette vente, qui totalisait 2 195 534 € frais compris, était dominé par des meubles créés dans les premières années du XIXe siècle, provenant d’une même collection, celle de Monsieur T. 178 000 € s’inscrivaient tout d’abord, au ras de l’estimation haute, sur une paire de bibliothèques d’époque Empire estampillées de Jean-Augustin Arnoult. En acajou et placage d’acajou, elles ouvrent chacune par deux portes à très fins montants en bronze ciselé et doré, commandées par une serrure centrale à piston et encadrées de deux pilastres corinthiens. L’ornementation de bronze doré est abondante, d’une grande finesse et au programme varié : chapiteaux, allégories de la littérature et des arts, renommées ailées, masque de Zeus, centaures, rinceaux, rosaces... D’époque Empire toujours, notre bureau (voir photo) attribué à Jacob Desmalter, dépassait à 165 000 € son estimation. Le modèle à podium est original, les montants pleins à consoles à pieds griffe faisant écho à ceux d’une console néo-antique de Percier et Fontaine, figurant dans l’aménagement d’une chambre à coucher de leur Recueil de décoration intérieure (1812). L’enchère de 165 000 € se répétait, dans l’estimation cette fois, sur une table de milieu anglaise vers 1800-1810, d’après Thomas Hope. Recouverte d’un plateau romain de la fin du XVIIIe siècle en marqueterie de marbres et de pierres dures en damier, elle est en acajou, à montant plats, comme le bureau, mais ici en jarret à pieds griffe et griffons à ailes déployées, la ceinture à frise de palmettes. Tout l’effet de ce meuble repose sur sa riche sculpture. En début de programme, un ensemble de cinq esquisses peintes sur toile de Gaetano Gandolfi (1734-1802) totalisait 215 833 € frais compris. Retenons les 50 000 € de Samson et Dalila, les 44 000 € de Judith tendant la tête d’Holopherne à sa servante Abra et les 32 000 € de La Mort de Caton. Le premier numéro de la vente, un élément de retable peint à l’œuf sur panneau de bois à ornement gothique doré, par Louis Bréa (vers 1450 - 1521/1523), récoltait 45 000 €. Il représente Saint Laurent.
Mercredi 9 décembre, salle 5-6 - Drouot-Richelieu. Claude Aguttes SVV. MM. Estournel, L’Herrou, Lebeurrier, Portier, cabinets Dillée, Turquin.
79 401 € frais compris. Rudyard Kipling (1865-1936), La Chasse de Kaa, illustré de 124 compositions de Paul Jouve interprétées sur bois par Camille Beltrand. Paris, Javal & Bourdeaux, 1930, exemplaire sur japon impérial numéroté XVIII, grand in-4° relié par Semet et Plumelle en maroquin havane intégrant une laque de Jean Dunand, d’après un dessin de Jouve.
De la bibliothèque Jean Bloch
Certains passionnés vendent pour pouvoir mieux acheter. Le bibliophile Jean Bloch, acteur incontournable du marché du livre, est de ceux-ci. Il a opéré une sélection serrée de 70 ouvrages, dont 52 trouvaient preneur, pour un total de 1 304 738 € frais compris. Elle a pour particularité d’associer de grands livres illustrés modernes aux figures majeures de la reliure du XXe siècle, notre amateur exigeant ayant pris soin de s’attacher le plus possible aux reliures contemporaines à la parution du livre qu’elles magnifient. La preuve par l’objet avec les 65 000 €, estimation dépassée, recueillis par l’exemplaire reproduit de La Chasse de Kaa de Kipling illustré par Paul Jouve, l’un des 60 exemplaires hors commerce sur japon impérial réservés à l’artiste. Sa reliure intègre une spectaculaire laque de Jean Dunand à la coquille d’œuf, exécutée en 1930 - l’année de parution du livre - et représentant un inquiétant python dessiné par Jouve lui-même. Cette laque est le pendant de celle qui recouvre l’exemplaire du Pélerin d’Angkor, de Pierre Loti, de l’ancienne collection Lignel. Elle a été exécutée dans un format plus modeste par Dunand, toujours en 1930, d’après un dessin de Jouve représentant un éléphant sacré. L’habillage est également de Semet et Plumelle. Si la reliure de l’un des 270 exemplaires sur vélin d’Arches du Jazz (Paris, Tériade, 1947) de Matisse, adjugé 140 000 €, n’est pas contemporaine de l’ouvrage, elle a en revanche été imaginée en 1983 par Renée Haas, qui réserve ses talents pour quelques collectionneurs seulement. Réalisée par Renaud Vernier et Claude Ribal, la reliure en box mosaïqué de couleurs vives dessine la lettre "Z" en intégrant des cercles au décor géométrique et dynamique. Rappelons que les vingt planches au pochoir composant cet ouvrage phare du XXe siècle ont été réalisées d’après les collages et découpages de Matisse. Ambroise Vollard commençait son aventure éditoriale en 1900 avec Parallèlement, de Paul Verlaine, illustré par Pierre Bonnard de 109 lithographies. L’un des 30 exemplaires sur chine empochait ce jour 60 000 €, une estimation dépassée. La reliure en maroquin gris à jeu de cercles concentriques en or et palladium est signée de Pierre Legrain. Pas plus de dix exemplaires reliés par ce dernier sont répertoriés. Le nôtre, qui ne fait pas partie des 10 premiers avec la suite supplémentaire des illustrations, est en outre truffé de la couverture et de la page de titre avec la mention "Imprimerie nationale", du feuillet de privilège, du second état de la page de titre et de la lithographie originale supplémentaire se substituant au feuillet de privilège...
Jeudi 10 décembre, Drouot-Montaigne.
Pierre Bergé & Associés SVV. MM. Meaudre.
43 750 € frais compris.
Camille Pernon (1753-1808), deux lés de lampas fond gros de Tours blanc broché de fleurs de soie et de feuillages d’or, tenture du meuble d’été de la chambre de Louis XVI à Versailles, 1785, l. 280 et 360 cm en 6 cm de largeur.
Étoffe royale
La première vente de la collection d’étoffes et de papiers peints de la manufacture Le Manach, à Tours, était dominée par les 36 000 € obtenus par deux lés à connotation royale. Ils étaient estimés pas plus de 1 500 €. Ce tissu a été réalisé en 1785 pour la tenture du meuble d’été de la chambre du roi à Versailles. Il a été tissé dans les ateliers du manufacturier lyonnais Camille Pernon, réputé pour avoir en son temps rénové le décor des soieries, avec le concours de Philippe de La Salle et Jean-Démostène Dugourc. Il fournira aussi bien la cour de France que celle de Catherine de Russie ou de Charles IV d’Espagne et participera au remeublement des palais nationaux ordonné par Napoléon. La manufacture a été créée en 1680 par Louis Pernon, l’arrière-grand-père de Camille. Succéderont à ce dernier ses neveux, les frères Grand. En 1864, la manufacture est rachetée par les familles Tassinari et Chatel. Elle existe encore de nos jours sous cette dernière appellation.
Mercredi 9 décembre, salle 10 - Drouot-Richelieu.
Thierry de Maigret SVV. Mme Experton-Dard.
483 288 € frais compris. Jacques-Émile Ruhlmann (1879-1933), bureau en placage d’ébène de Macassar, sur bâti de chêne à doubles caissons en pilastre, frises de bronze ciselé et doré, ouvre par deux vantaux et un tiroir coulissant, plateau gainé de maroquin. Plateau : 136,5 x 274,5 cm.

Les cannelures de Ruhlmann
À bureau monumental, enchère à sa mesure : 390 000 €. Celui-ci se présente comme une imposante architecture propre à intimider tout visiteur d’un personnage important. Ce meuble apparaît, par sa puissance et son évidente simplicité, comme un symbole de pouvoir, accentué par le référent classique de la cannelure. Ce motif semble apparaître chez Ruhlmann pour la première fois en 1923, sur une commode exposée au Salon des artistes décorateurs. Il existe cependant un croquis d’une commode cannelée dans un de ses carnets, conservé au musée des Arts décoratifs, daté 1913-1918. En 1925, dans le salon du célèbre hôtel du Collectionneur, Ruhlmann avait disposé un haut meuble dont les cannelures servaient d’écrin à une composition laquée de Dunant, d’après Lambert-Rucki. La vue du bureau d’Eugène Schueller, fondateur de L’Oréal, reproduite pages 156-157 de l’ouvrage de Florence Camard sur Ruhlmann, montre un petit meuble à cannelures, dont la plinthe semble présenter la même frise de bronze doré que notre bureau. Les meubles à cannelures du créateur ne semblent pas être légion sur le marché. On se souvient de celles qui scandaient un étonnant bar à liqueurs sur skis, vendu le 3 juillet 2008 à Drouot chez Thierry de Maigret. Une évocation austère des plaisirs de la glisse...
Lundi 7 décembre, salle 7 - Drouot-Richelieu.
Rieunier & Associés. Cabinet Maury.
334 584 € frais compris.
Diego Giacometti (1902-1985), La Promenade des amis, vers 1976, console en bronze à patine brun-vert, plateau rectangulaire en dalle de verre, 90,5 x 122 x 36,3 cm.
Bonne promenade !
Le mobilier de Diego Giacometti n’en finit pas de recevoir les honneurs des amateurs, une console La Promenade des amis étant cette fois-ci l’objet de leur attention. Estimée au plus haut 150 000 €, elle était poussée jusqu’à 270 000 €. Le thème décoratif de notre table n’est pas exempt d’humour. Diego expliquait à son sujet, dans l’ouvrage de Christian Boutonnet et Rafael Ortiz paru en 2003 : "C’était pour une cliente qui faisait des ventes pour la protection des animaux. Alors j’ai pensé à ça, La Promenade des amis: un cheval avec trois petits chiens dont un en train d’arroser l’arbre et un autre qui le flaire." Il ajoute "Il y a eu une cliente qui me l’a fait enlever. Ça la gênait". L’artiste lui a répondu "mais les chiens, ils sont tous les mêmes". Notre console est pour sa part complète de son joyeux bestiaire.
Mercredi 9 décembre, salle 14 - Drouot-Richelieu.
Camard & Associés SVV.
76 860 € frais compris.
Chantilly, vers 1735, vase en porcelaine tendre à décor dans le goût Kakiemon de scènes d’après une gravure de Jean-Antoine Fraisse, h. 24,5 cm.
Chantilly et Fraisse
Le vif succès remporté par la collection de porcelaines de Chantilly de Jean de Cayeux trouvait un point d’orgue avec les 61 000 € recueillis par ce vase vers 1735 à décor, dans le goût Kakiemon, tiré d’une gravure de Jean-Antoine Fraisse. À l’époque, l’attrait pour l’Extrême-Orient régne en maître absolu à Chantilly… Au point que le prince de Condé, Louis-Henry de Bourbon, fait venir de Grenoble un "peintre en toile", Jean-Antoine Fraisse, afin qu’il travaille à sa fabrique d’indiennes. Dans un souci de préserver les productions nationales, ces toiles imprimées sont interdites en France depuis 1686, mais le prince a créé un atelier destiné à son seul usage. En 1735, Fraisse publiera un recueil de gravures, le Livre de desseins chinois, tirés d’après des originaux de Perse, des Indes, de la Chine et du Japon..., dont seulement treize exemplaires sont aujourd’hui recensés. En effet, en 1737, l’artiste est accusé de vol et emprisonné, puis décède deux ans plus tard. Il aura sans doute trouvé dans les riches collections princières les modèles de ses gravures, qui inspireront les manufacture de porcelaine du prince, comme en témoigne notre vase. La scène de repas et celle des marchands proviennent d’une seule et même planche.
Mardi 8 décembre, salle 9 - Drouot-Richelieu.
Millon & Associés SVV, Cornette de Saint Cyr SVV. M. Peyre.
594 816 € frais compris.
Fin de l’époque Georges III (1760-1820), premier quart du XIXe siècle, atelier de Murshidabad d’après des dessins de Matthew Boulton et sir William Chambers, candélabre en ivoire, h. 83 cm, diam. 48 cm.
Architecture d’ivoire
Ce spectaculaire candélabre produisait une enchère à la hauteur de sa rareté, 480 000 €. Il était estimé pas plus de 120 000 €. Rappelons brièvement que cet ouvrage, exécuté en Inde à Murshidabad dans le premier quart du XIXe siècle, offre un intéressant mélange d’influences européennes et locales. En effet, si certains détails architecturaux ou décoratifs s’inspirent de dessins de William Chambers, Mathew Boulton ou encore Benjamin Vulliamy, d’autres sont typiquement indiens. Par exemple, l’un des trophées en bas relief situé au niveau des cariatides montre un turban et un sceptre en forme de main écrasant un serpent, symbole du pouvoir anéantissant le mal. De même, le motif rayonnant qui somme l’ensemble doit davantage à la tradition indienne qu’occidentale. Ce candélabre a la caractéristique d’être entièrement démontable, ses éléments étant montés à vis. Enfin, il affiche un pedigree flatteur, celui des princes de Polignac, l’objet ayant pu entrer dans la famille à la suite du mariage du troisième duc de Polignac avec une demoiselle Parkins, alors qu’il était ambassadeur de France en Angleterre.
Vendredi 11 décembre, salle 14 - Drouot-Richelieu.
Lafon Castandet - Maison de Ventes SVV. M. Dillée.
415 132 € frais compris.
Chine, époque Kanghi (1662-1722), brûle-parfum en bronze doré et émaux cloisonnés, marque gravée postérieure de Kanghi à six caractères, h. 70 cm.
La Chine tous azimuts
Si l’art asiatique totalisait ici 1 648 400 € frais compris, il le devait comme à l’accoutumée presque uniquement à la Chine pour les enchères les plus élevées. Les acheteurs qui permettaient l’établissement de ce total étaient européens et asiatiques. Différents chapitres de l’art de l’empire du Milieu étaient à l’honneur. Commençons avec les bronzes chatoyants d’émaux cloisonnés, où brillait la plus haute enchère, 335 000 € enregistrés sur notre brûle-parfum d’époque Kanghi, estimé pas plus de 60 0000 €. Comme d’autre objets vivement disputés, il provient de la succession de Madame X. Il porte une marque impériale à six caractères, mais elle est postérieure. Un exemplaire similaire à ce brûle-parfum est conservé au National Palace Museum - Gugong à Pékin. L’originalité du modèle réside dans son piètement en forme de têtes d‘éléphant richement parées, la prise du couvercle étant quant à elle ajourée d’un dragon pourchassant la perle sacrée. Le même thème était l’unique sujet du décor d’un vase "Tian Qiuping" du XVIIIe siècle, en bronze doré et émaux cloisonnés, dépendant lui aussi de la succession de Madame X. Estimé 11 000 €, il était catapulté à 70 000 €. Le corps du dragon représenté en rouge serpente et disparaît sous d’abondants nuages bleus laissant à peine entrevoir le fond blanc. Passons à la peinture chinoise, qui récoltait la seconde enchère à six chiffres de la vente, 102 000 € récoltés par une gouache sur papier collée sur cartonde Lin Fengmian, figurant deux danseuses de l’Opéra debout sur fond noir. L’estimation était doublée. Lin Fengmian est l’un des pionniers de la peinture chinoise moderne, réalisant la fusion entre la tradition de son pays et les influences occidentales. Beaucoup de ses œuvres ont été détruites, notamment au cours de la Seconde Guerre mondiale et durant la révolution culturelle.
Mercredi 9 décembre, salle 15 - Drouot-Richelieu.
Piasa SVV. Mme Bulhmann, M. Portier.
417 000 € frais compris.
Bague en or sertie d’un brillant encadré par deux diamants taper. Diamant principal : 7,92 ct - certificat CCIP, couleur E, pureté VVS2, sans traitement de type HPHT.
Diamant et tanzanite
Approche des fêtes de fin d’année oblige, les bijoux totalisaient 1 425 020 € au marteau. Le résultat le plus éclatant, 360 000 €, brillait à plus du double de l’estimation sur ce diamant (voir photo). Il affiche frais compris un prix au carat de 52 651,50 €. Le certificat qui accompagne cette pierre d’un poids respectable annonce une couleur et une pureté proches de la perfection. La seconde enchère à six chiffres de la vente, 175 000 €, s’inscrivait à l’estimation haute sur un diamant jonquille radiant (11,93 ct - GIA : jaune intense naturel, VS1) encadré, sur une bague en platine et or, de deux diamants triangulaires. Un autre diamant jonquille, de taille coussin (5,31 ct - GIA : jaune intense naturel, VS2), était proposé. Sur une bague en or et présenté dans un entourage octogonal pavé de brillants, les attaches serties de deux diamants demi-lune, il atteignait 50 000 €. Un rubis ensuite, à 90 000 €, une pierre ovale (7,02 ct - GRS : Birmanie, vivid red - sang de pigeon, sans traitement thermique) ornant une bague en ors épaulée de diamants princesse disposés en dégradé. 60 000 € s’affichaient sur un saphir coussin (17,77 ct - GRS : Vivid blue - bleu royal - sans traitement thermique) serti entre deux diamants taper sur une bague en ors. Une pierre plus rare, une tanzanite ovale de 22,48 ct d’un beau bleu, partait à 22 000 €. Elle orne une bague chevalière en or gris dont le corps ajouré est rehaussé d’une ligne de diamants, le chaton étant pavé de brillants. Cette gemme doit son nom à son gisement principal, qui se trouve au nord de la Tanzanie.
Lundi 7 décembre, salle 9 - Drouot-Richelieu.
Millon & Associés SVV, Cornette de Saint Cyr SVV.
72 500 € frais compris.
Friedrich Sarre & Friedrich Robert Martin, Die Austellung von Meisterwerken Muhammanisher kunst in München 1910, Munich, F. Bruckmann 1912.
Munich 1910
Trois volumes grand in-folio en feuilles sous chemise cartonnée, avec 257 planches. Tirage limité à 430 exemplaires, celui-ci étant le premier des 400 numérotés en chiffres arabes, édition originale. Une bonne documentation peut valoir de l’or. La preuve avec les 58 000 € recueillis par ce catalogue d’une exposition d’art de l’Islam, organisée à Munich en 1910. Son estimation n’excédait pas 15 000 €. Il figurait dans la vente de la bibliothèque d’art islamique de M.D. Zargar. L’ouvrage est d’une extrême rareté, ayant été tiré à seulement 430 exemplaires. Il concerne la plus grande exposition d’objets d’art de l’Islam jamais réunis en Occident. Elle est la deuxième organisée en Europe, après celle de Paris en 1903 au pavillon Marsan, au musée des Arts décoratifs. Sous la férule de Friedrich Sarre, conservateur du Kaiser Museum à Berlin, et avec la collaboration des plus grands spécialistes de l’époque, cette manifestation a rassemblé, outre des objets des principaux musées allemands, des pièces des premiers grands collectionneurs d’art musulman de l’époque. Plus de huit comptes-rendus ont été rédigés par des orientalistes et elle a même attiré des visiteurs arabes, dont Aly Bahgat Bey.
Jeudi 10 décembre, salle 12 - Drouot-Richelieu.
Gros & Delettrez SVV. M. Ghozzi.
76 958 € frais compris. Histoire scientifique et militaire de l’expédition française en Égypte, d’après les mémoires, matériaux, documents inédits. Dédié au roi, Paris, A.-J. Dénain, 1830-1836.
Voyage égyptien
10 volumes in-8o de texte, un volume grand in-8o de 161 portraits et 2 atlas in-4o oblong, demi-maroquin rouge à grain long d’époque au chiffre couronné de l’impératrice Marie-Louise. Les impeccables reliures rouges recouvrant cette collection complète des treize volumes de l’Histoire scientifique et militaire de l’expédition française en Égypte... ne sont pas totalement étrangères aux 63 000 € recueillis, sur une estimation qui ne dépassait pas 25 000 €. Le chiffre couronné qui orne les plats est en effet celui de l’impératrice Marie-Louise, la seconde épouse de Napoléon. Pas étonnant non plus de retrouver dans nos ouvrages l’ex-libris de la collection Calvin Bullock. Consacrée à la période de l’Empire, celle-ci était dispersée à Londres le 8 mai 1985. Marie-Louise ne pouvait qu’être intéressée par la relation de l’expédition d’Égypte, menée par son époux quand il n’était encore que Bonaparte. Cette publication vient compléter la Description de l’Égypte parue entre 1809 et 1826, tout en se voulant plus exacte et exhaustive. L’iconographie – 480 planches – est en grande partie due à Vivant Denon, qui a gravé lui-même ses compositions, les 161 portraits tirés sur chine appliqué étant de Dutertre.
Lundi 7 et mardi 8 décembre, salle 16 - Drouot-Richelieu.
Pierre Bergé & Associés SVV. M. Forgeot.
49 610 € frais compris.
Duché de Bretagne, Nantes, vers 1498, cadière d’or d’Anne de Bretagne, 3,42 g.
Anne de Bretagne
Cette monnaie est l’une des plus grandes raretés de la numismatique française. Selon la fiche du catalogue, elle est même la plus recherchée après le mythique écu d’or de Saint-Louis. Résultat ? Elle encaissait 41 000 €, une estimation dépassée. Anne de Bretagne sera trois fois reine de France. Le 8 avril 1498, elle se retrouve veuve de Charles VIII et décide, avant d’épouser Louis XII le 9 janvier 1499, de défendre l’indépendance de son duché. Elle rétablit la chancellerie de Bretagne, replace le siège de la chambre des comptes à Vannes et émet de nouvelles monnaies de cuivre et d’argent, sans oublier une prestigieuse monnaie d’or, la cadière. Cette appellation dérive, par l’ancien provençal, du latin cathedra signifiant "chaise", la duchesse étant en effet représentée assise sur un trône. À l’intérieur de la famille des cadières d’Anne de Bretagne, notre exemplaire appartient à la branche la plus rare. Le premier type - le plus fréquent - porte la date de 1498 au droit. Le second type, non millésimé, est subdivisé en deux variétés, l’une avec "FRAN" dans la légende de droit, et l’autre avec "FRANCORV". Cette dernière, la plus rare, est celle de notre monnaie. Un seul autre exemplaire est répertorié, celui de l’ancienne collection Fillon, conservé au cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale.
Vendredi 11 décembre, 17, rue de Provence.
Delorme, Collin du Bocage SVV. M. Sombart.
371 760 € frais compris.
Jean-Michel Atlan, Sans titre, 1957, huile sur toile, 146 x 89 cm.
Energie vitale
Entre violence et vitalité, une vigueur peu commune imprègne les œuvres de Jean-Michel Atlan. Les formes libres s’affranchissent par leur polychromie du noir qui les cerne de toutes parts, comme une revanche de l’artiste sur les expériences douloureuses qu’il a vécues. Natif de Constantine, Atlan commence à peindre en 1941, jusqu’à son emprisonnement pendant la Seconde Guerre mondiale. L’artiste ne devra son salut qu’à la folie, qu’il simule pour être interné à l’hôpital Sainte-Anne. Il reprend ses pinceaux à la Libération, mais doit affronter des années de vaches maigres. En 1957, date à laquelle il peint cette toile, l’eau a coulé sous les ponts. Un an plus tôt, ses œuvres ont fait l’objet d’une rétrospective à la galerie Bing, couronnement d’années de recherches, entre abstraction lyrique, mouvement Cobra et primitivisme. Désormais reconnu comme une figure incontournable de la seconde école de Paris, le peintre autodidacte bénéficie d’une aura internationale. Une consécration. Emblématique de la vigoureuse dualité exprimée par l’artiste, notre toile figure également parmi ses plus grands formats. Deux raisons qui justifient son succès, un des plus beaux de ces vingt dernières années de ventes publiques.
Versailles, dimanche 13 décembre.
Versailles Enchères SVV.
1 035 700 € frais compris. Bugatti type 37A grand prix, 1928.
Record mondial pour une Bugatti 37A de 1928
Le 14 avril 1929, la Bugatti type 37A courait le premier Grand Prix de Monaco et remportait la cinquième place au général et la première de sa catégorie, la classe 1500. Une autre date est désormais à inscrire à son palmarès : dimanche dernier à Fontainebleau s’établissait le record mondial pour ce modèle. Il est vrai que le pedigree de notre bolide est impressionnant. Outre sa place sur le podium de Monaco, il a été piloté par René Dreyfus, qui achète un an plus tôt cette version de course à quatre cylindres, produite à 78 exemplaires. C’est d’ailleurs la victoire de 1929 qui lancera la carrière du pilote automobile français et en fera l’un des plus grands de sa génération. Atout non négligeable, notre Bugatti – sauvée par l’amateur d’automobiles anciennes Louis Desbordes et conservée au sein de la même famille depuis 1958 – est toujours équipée de son châssis, de son moteur, de sa boîte et de son pont d’origine, ce qui est particulièrement rare pour une voiture de course. Son capot, sa carrosserie et sa sellerie sont également d’époque. Rien d’étonnant dans ces conditions à ce que les enchères, débutées à 400 000 €, se soient immédiatement emballées jusqu’à 910 000 €. Mais évoquons les autres réussites de la journée, la vacation totalisant un résultat global de 2,1 M€, bien que la Ferrari type 212 n’ait pas trouvé preneur. Témoins des premiers pas de l’automobile, les "ancêtres" confirmaient leur attrait, notamment auprès de la clientèle anglaise. La voiturette de Léon Bollée obtenait ainsi 65 000 €. Léger, bas, muni de deux places en tandem et équipé de deux roues avant directionnelles et d’une roue arrière motrice, le véhicule était l’un des plus fiables et des plus rapides de son époque.
Fontainebleau, dimanche 13 décembre.
Jean-Pierre Osenat Fontainebleau SVV. MM. Montanaro, Pluton.
183 600 € frais compris.
Deux cents pièces d’or du XVe au XVIIe siècle composant le trésor de Boucq en Lorraine.
Le trésor de Boucq
À Boucq, un bourg proche de Toul, deux retraités découvrent en 1997, à l’aide d’un détecteur de métaux, un petit vase en terre cuite. Enterré à environ 20 cm du sol, il contient plus de deux cents pièces d’or. Pressés par la peur des vols, des marchands qui partaient changer leur or à Metz les avaient probablement enfouies au bord d’un chemin. Comme la trouvaille s’est faite à proximité d’une aire de pique-nique, les auteurs de cette incroyable découverte avertissent par honnêteté le maire de Boucq. À la suite d’une longue procédure judiciaire, le trésor leur est finalement confisqué au profit entier de la commune parce que la découverte n’a pas eu lieu fortuitement. Mis aux enchères, le trésor a été ferraillé ferme entre la salle réunissant une centaine de personnes, dont divers numismates français et européens. Éclectique, il comprend un important ensemble de pièces d’or allant de la Renaissance au règne de Louis XIV. Les 148 lots, annoncés autour de 90 000 €, doublèrent, triplèrent, voire pour certains, quadruplèrent les estimations. L’effet galion s’est fait sentir : l’or des Incas est fondu aux XVIe et XVIIe siècles, puis transformé en doublons qui sont grossièrement frappés sur les navires mêmes qui les rapportaient en Europe. Pour obtenir le poids exact d’or, on les rognait, si bien que les exemplaires présentés sont plus octogonaux que ronds. Indiqué autour de 400 €, un ensemble de trois doublons espagnols datant de la fin du XVIe siècle était ainsi débattu jusqu’à 1 200 €. Un écu d’or des Dombes à l’effigie de Gaston d’Orléans triplait les estimations pour être empoché à 2 300 €. Le trésor recelait encore de très beaux spécimens d’écus Louis XIII et Louis XIV, comme les 1 900 € obtenus sur un superbe écu d’or à l’effigie de Louis XIII d’après Varin, très fin de qualité. La nouvelle municipalité a promis de destiner la somme récoltée à un équipement collectif. Happy end !
Nancy, samedi 12 décembre.
Anticthermal SVV.

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