La Gazette Drouot
Français English
La Gazette de l'Hôtel Drouot - Top des enchères
Top des enchères
252 000 € frais compris. Voltaire (1694-1778), La Pucelle d’Orléans, Londres, 1774. Exemplaire sur papier de Hollande avec la suite complète des 20 dessins de Gravelot (l'un ci-dessus) et un dessin de Marillier, in-8o en maroquin rouge à dentelle d’époque.
Bibliothèque Couppel du Lude
Le salon Rohan de l’hôtel du Louvre accueillait la dispersion de la bibliothèque du vicomte Jacques Couppel du Lude. Le succès était au rendez-vous, pas moins de 4 631 819 € frais compris étant récoltés. Rappelons que Jacques Couppel du Lude avait hérité de cet ensemble – qu’il a soigneusement conservé – de Pierre Foullon, son parrain. Cet industriel a constitué sa bibliothèque entre les années 1920 et 1965 auprès des grands libraires de la rive droite ainsi qu’en ventes publiques. Pas moins de 92 % des 260 lots décrits au catalogue trouvaient preneur. Sur les sept enchères qui franchissaient la barre des 100 000 €, six le faisait très au-dessus des estimations. Par ailleurs, 75 résultats à cinq chiffres étaient prononcés. Ouvrons le feu avec les 210 000 € obtenus, sur une estimation haute de 40 000, par l’exemplaire reproduit, joliment relié à l’époque, de La Pucelle d’Orléans de Voltaire. Cette édition de 1774 sur papier de Hollande contient la suite complète des vingt dessins originaux d’Hubert-François Bourguignon Gravelot réalisés pour l’édition originale de 1762, avec le dessin de Clément Pierre Marillier illustrant le chant supplémentaire, le vingt et unième, que contient notre édition. Ces sulfureux poèmes de Voltaire, traitant de manière ironique et érotique l’épopée de Jeanne d’Arc, ont fait scandale à l’époque, d’autant plus qu’entrepris vers 1730 ils ont été piratés et réécrits avec force détails graveleux dans des versions publiées dès 1755. Poursuivons à 160 000 €, estimation haute doublée, avec l’un des 12 exemplaires en grand papier vélin de format in-4o avec l’épître à l’adresse de l’Assemblée nationale des cinq volumes du Nouveau Testament en latin et français traduit par Sacy (Paris, Imprimerie de Didot le jeune, Saugrain, 1793-1798) illustré par Moreau le jeune et contenant la suite complète des 112 dessins de celui-ci, exécutés à la plume et au sépia. Ils sont joints aux trois états des figures : à l’eau-forte (sauf 6), avant la lettre (29 doubles) et avec la lettre (sauf 30). Les reliure en maroquin vert à long grain, au dos richement orné et mosaïqué, sont de Jean-Claude Bozerian qui a signé son ouvrage et daté de l’an III. À 140 000 € – estimation triplée –, ce sont 118 dessins du peintre, poète et graveur vénitien Pietro Antonio Novelli qui enrichissaient les deux volumes de l’un des 200 exemplaires sur vélin La Gerusalemme liberata (Paris, Didot l’aîné, 1784-1786) du Tasse. Ils ont servi à illustrer une édition vénitienne de 1760-1761 de cet ouvrage, 19 d’entre eux étant inédits. Quatre pages manuscrites du Tasse et de son entourage viennent parfaire cet ensemble, relié par Henry Walter à Londres en maroquin bleu nuit à long grain. Quittons le domaine des volumes accompagnés de leurs dessins pour nous intéresser aux livres du XVIe siècle richement reliés. Estimée 40 000 €, la foisonnante parure en veau fauve à décor « à répétition » aux armes du comte Pierre-Ernest de Mansfeld, recouvrant Le Fort inexpugnable de l’honneur du sexe femenin (Paris, Jean d’Allyer, 1555), était propulsée à 150 000 €. Cette provenance est de la plus extrême rareté, le seul autre volume répertorié étant chez Paul Getty junior. Pas plus de 22 reliures aux armes du comte sont aujourd’hui recensées. Elles ont été réalisées dans des ateliers parisiens durant sa captivité à Vincennes en 1555-1556.
Lundi 23 novembre, Hôtel du Louvre, Alde SVV. Mme Bonafous-Murat, MM. de Bayser, Courvoisier.
684 105 € frais compris.
Art romain, fin du IIe siècle, bas-relief de sarcophage en marbre sur le thème des travaux d’Hercule, 97 x 169 cm.
Herculéen !
Au sein de ce programme qui totalisait 2 552 190 € frais compris, la part belle revenait à l’archéologie, qui trustait les cinq enchères à six chiffres de la vente. La plus élevée, 540 000 €, allait au-dessus de l’estimation au relief de sarcophage romain reproduit. Son sujet, les travaux d’Hercule, comme son traitement enlevé et dynamique sont à la hauteur de l’enchère atteinte. Rappelons que le thème de ce héros a inspiré de nombreux sculpteurs de l’époque des Antonins et des Sévères. Quittons la pierre pour le bronze avec les 200 000 € acquis par une statuette d’athlète gréco-romaine. Du Ier siècle av. J.-C. - Ier siècle de notre ère, elle est à patine noire et vert foncé, les yeux incrustés d’argent (h. 21,5 cm). La musculature est puissante et l’individu se tient debout, une étoffe drapée autour de ses avant-bras s’envolant au-dessus de sa tête. Une tête de femme à patine verte du IIe - IIIe siècle, le visage impassible cerné par une épaisse et longue étoffe plissée (h. 41,9 cm), respectait à 140 000 € son estimation. Intéressons-nous maintenant à l’art sudarabique en débutant avec les 75 000 € d’une statue de bouquetin en albâtre du milieu du Ier millénaire avant notre ère (h. 69,5 cm). Taillé dans un parallélépipède, l’animal est stylisé, sa masse étant dominée par l’enroulement de ses grandes cornes. Une table de libation du VIIe siècle av. J.-C., en albâtre elle aussi (68,5 x 49 x 9 cm), se négociait 55 000 €. La face avant comporte une alignée de sept bouquetins couchés, serrés les uns contre les autres, la tranche de la table étant gravée en sabéen de l’offrande faite par Sadiq, fils de Hamyat, au dieu Athar Ba’san durant le règne de Watar’il. Les arts de l’Islam étaient dominés par les 68 000 € d’une lionne seldjoukide du Kashan du XIIe-XIIIe siècle en céramique, à décor peint en noir sous glaçure turquoise (h. 38 cm). Elle porte deux gourdes sur ses flancs et un récipient à large col évasé sur sa croupe. Terminons avec la surprise qui attendait à 42 000 € un pichet iranien du XIIe siècle en verre (h. 16 cm), estimé pas plus de 5 000 €.
Vendredi 27 novembre, salle 4 - Drouot-Richelieu.
Boisgirard & Associés SVV. Mme Kevorkian.
370 000 € frais compris.
Edgar Degas (1834-1917), Jeune Fille appuyée au dossier d’un fauteuil, vers 1889, huile sur panneau parqueté, 70 x 50 cm.
Degas à l’huile
Vous aurez sans doute reconnu cette huile sur panneau de Degas vers 1889, adjugée très exactement 298 580 €. En décembre 1918, elle figurait dans la deuxième vente de l’atelier de l’artiste, où Ambroise Vollard l’achetait 6 800 F (soit 10 280 € en valeur réactualisée). Dans les années 1890, Vollard va supplanter Durand-Ruel comme marchand privilégié de Degas. La décennie précédente aura été celle de l’établissement de la notoriété de l’artiste, qui sait admirablement tirer parti des expositions impressionnistes. Sa participation à celle de 1881, où il montre sa célèbre Petite Danseuse de quatorze ans en cire, est particulièrement remarquée. Après 1886, Degas se fait désirer, refusant toute participation aux manifestations collectives, si prestigieuses soient-elles. Il est notamment absent du pavillon des arts de l’Exposition universelle de 1889. Aussi, dès qu’il présente chez un marchand des tableaux, la presse artistique parisienne souligne l’évènement. Durand-Ruel, qui possédera notre huile après Vollard, profite de cet engouement, mais doit de plus en plus partager ce privilège avec d’autres marchands. On le voit, Degas maîtrisait l’art du commerce pour faire monter ses prix...
Mercredi 25 novembre, salle 7
Drouot-Richelieu. Blanchet & Associés. Cabinet Brame et Lorenceau.
241 734 € frais compris.
Hans Hartung (1904-1989), T. 1964-H 43, 1964, huile sur toile, 180 x 111 cm.
Hartung 1964
À 164 000 €, l’estimation était respectée pour cette huile sur toile d’Hans Hartung exécutée en 1964. À cette date, le peintre abstrait français d’origine allemande est largement reconnu. Lors de l’inauguration, la même année, de la fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence, il déclare : "Les oeuvres anciennes m’appartiennent pour la plupart. J’ai eu en effet la chance de les garder, chance que je jugeais malchance à l’époque où je ne vendais rien sauf à quelques amis. Aujourd’hui je ne les vends plus, je les conserve, me disant qu‘un jour, peut-être, je voudrai les rassembler, faire une fondation, je ne sais sous quelle forme ; en tout cas je ne les laisserai pas se disperser dans le commerce. C’est un bonheur pour un peintre que d’être maître de son oeuvre." Depuis 1994, son rêve a pris forme, une fondation portant son nom et celui de sa femme, Anna-Eva Bergman, étant installée dans leur splendide villa surplombant Antibes. Un signe supplémentaire de l’éclatante réussite d’Hartung, un des papes de l’abstraction. Les grattages qui parcourent le noir de notre oeuvre sont une technique initiée en 1961, proposant une nouvelle manière d’inscrire le geste sur la toile.
Mardi 24 novembre, Espace Tajan.
Tajan SVV.
163 256 € frais compris.
Auguste Rodin (1840-1917), La Main de Dieu, 1895, bronze à patine brun nuancé, Alexis Rudier fondeur à Paris, 32,5 x 27,8 x 29,5 cm.
La création par Rodin
Cette épreuve du modèle moyen de La Main de Dieu d’Auguste Rodin dépassait, à 135 000 €, son estimation. Il s’agit de la taille originale, telle qu’imaginée par le sculpteur en 1895. Les fontes d’Alexis Rudier de ce sujet datent de 1927, 1931 et 1945. Notre main divine pourrait par sa thématique être issue de La Porte de l’enfer. C’est pourtant vers les Bourgeois de Calais qu’il faut se tourner pour en trouver la genèse. Son point de départ est la main droite - celle de la création - de Pierre de Wissant, l’un des six bourgeois marchant avec son frère Jacques vers Édouard III d’Angleterre. Les mains expressives des deux hommes ont été source d’inspiration pour plusieurs autres oeuvres de Rodin. La Main de Dieu est la plus saisissante. "Elle tient le limon et là dessus crée Adam et Ève", déclarait-il à George Wyndham, un dandy anglais venu poser pour son buste. On ne saurait mieux dire !
Mercredi 25 novembre, salle 5 Drouot-Richelieu. Baron - Ribeyre & Associés SVV. Cabinet Perazzone-Brun.
36 647 € frais compris.
Léon-Paul Fargue (1876-1947), Banalité, Paris, Nouvelle Revue française, Gallimard, 1930, illustré de 16 réogrammes et recherches d’objets de Roger Parry (1905-1977) et Fabien Loris. Exemplaire sur japon impérial.
Roger Parry
Cet exemplaire de l’édition de luxe du recueil de poèmes de Léon-Paul Fargue, Banalité, suscitait 30 000 €. L’édition de 1930 se différencie de l’originale de 1928 par le fait qu’elle est illustrée par Roger Parry. Il a réalisé 16 photographies, certaines reproduisant des dessins d’un de ses amis, Fabien Loris. L’initiative de la rencontre entre un poète symboliste et un jeune graphiste revient à André Malraux, alors directeur artistique chez Gallimard. Parry ne pratique la photographie que depuis un an, mais il travaille avec Maurice Tabard. Ensemble, ils expérimentent des procédés alternatifs, inspirés des travaux de Man Ray, comme la surimpression. Les montages photographiques que Parry réalise pour notre ouvrage sont si réussis qu’ils lancent sa carrière. Il va par ailleurs exceller dans les relations entre mise en image et mise en pages. Après la guerre, il se consacre presque exclusivement à l’édition des écrits et collections sur l’art d’André Malraux. Notre exemplaire de Banalité est l’un des 35 sur japon impérial, accompagné de 16 photogrammes en épreuve aux sels d’argent contrecollés sur papier.
Mercredi 25 novembre, salle 10 - Drouot-Richelieu.
Pierre Bergé & Associés SVV. M. Bakker.
76 830 € frais compris.
Italie, vers 1600-1650. Dôme en cristal taillé, bronze ciselé et doré et pierres dures, malachite ou agate, h. 49, diam. 24 cm.
Belle architecture
Cette glorieuse et précieuse architecture de bronze, pierre et cristal était vivement disputée puisque, à 62 000 €, elle faisait plus que doubler son estimation haute. Si son usage demeure mystérieux, on sait qu’elle a été réalisée vers 1600-1650 en Italie... pays où, de Filippo Brunelleschi pour le dôme de Florence à Baldassare Longhena, pour la Salute à Venise, les coupoles et leur lanterne ont mobilisé beaucoup d’énergie. Question vocabulaire, Viollet-le-Duc dans son Dictionnaire raisonné de l’architecture française définit ainsi “ dôme ” : "s’emploie (improprement) pour coupole. Duomo, en italien, s’entend pour cathédrale, église épiscopale ; comme beaucoup d’églises-cathédrales d’Italie sont surmontées d’une ou de plusieurs coupoles, on a pris la partie pour le tout..." Concernant le mot "coupole", l’architecte précise qu’il "n’est employé que depuis l’invasion de l’architecture italienne aux XVIe et XVIIe siècles ; c’est le mot italien cupola francisé". À la lueur de ces définitions, notre coupole ultramontaine pourrait appartenir à un dôme protégé par saint Martin. Au sommet de notre luxueux édifice, le saint homme découpe en effet son manteau pour le donner aux pauvres...
Lundi 23 novembre, salle 5-6 - Drouot-Richelieu. Pierre Cardin Auction Art Rémy Le Fur & Associés SVV. M. Dillée.
120 000 € frais compris. Égypte, Nectanébo II (359-343), statère, or, poids 8,23 g.
Monnaies antiques
Au cours de ces deux jours de ventes consacrées à la numismatique, les monnaies d’or antiques étaient les vedettes incontestées, une dizaine d’enchères les valorisant souvent bien au-delà de leurs estimations. C’était le cas du statère reproduit, qui se trouvait propulsé à 100 000 €, sur une estimation haute de 35 000. Il s’agit d’un des plus beaux exemplaires connus de ce type rarissime. En effet, il a été frappé durant le court règne de Nectanébo II, dernier pharaon de la XXXe dynastie et ultime souverain indépendant de la longue histoire égyptienne. Il a été vaincu par les Perses en 354. Le revers montre deux hiéroglyphes, un collier et un cœur avec trachées et artère. Le cheval de l’avers symbolisant le roi, le tout signifie "le bon or du roi". Celui-ci affiche une cote exceptionnelle, le prix au gramme du statère s’établissant, frais compris, à 14 581 €. Il provient de l’ancienne collection du numismate, également passionné d’archéologie, Félix-Bienaimé Feuardent (1819-1907). Le pedigree de ce collectionneur faisait à plusieurs reprise merveille dans notre vente. À 45 000 €, l’estimation était dépassée pour une monnaie romaine, un aureus sicilien (7,98 g - 42-40 av. J.-C.) de Sexte Pompée représenté tête nue, le seul portrait connu de l’imperator. Au revers, il a fait figurer face à face les portraits de son père, le grand Pompée, et de son frère décédé, Cnaeus. Il fait oeuvre de propagande pour la cause pompéienne. Un aureus (82-83 - 7,75 g) présentant d’une part le buste de Domitia et d’autre part la tête laurée de Domitien suscitait 20 000 €. Domitia était la nièce de Césonie, femme de Caligula. Quittons l’ancienne collection Feuardent. Un aureus (6,42 g) de Macrin (217-218) avec son buste lauré cuirassé et au revers Jupiter debout, tenant un foudre et un sceptre, filait à 28 000 €. Macrin, né en Afrique dans une famille modeste, a été proclamé empereur après la mort de Caracalla. Son avarice lui fera s’aliéner l’armée et il sera assassiné avec son fils Diaduménien. Terminons avec l’exception à la règle du « tout monnaie antique » avec les 23 000 € obtenus, à plus du double de l’estimation, par le 10 ducats d’or de Wladislas IV (1633-1648), frappé à Dantzig, en Pologne, en 1644.
Jeudi 26 et vendredi 27 novembre, salle 12 - Drouot-Richelieu. Fraysse & Associés SVV, Hôtel des ventes de Niort SVV. Mme Bourgey.
27 263 € frais compris.
Auguste Renoir (1841-1919), Le Chapeau épinglé, deuxième planche, vers 1898, lithographie imprimée en onze couleurs, épreuve sur vergé crème filigrané "MBM", Ambroise Vollard éditeur, 63 x 51 cm.
Renoir Julie et Paulette
Retrouvons une nouvelle fois Julie Manet, occupée à fixer le chapeau de sa jeune cousine Paulette Gobillard, un sujet immortalisé par Renoir. Cette lithographie est sans doute la plus célèbre de l’artiste. Rappelons qu’il a abordé tardivement le domaine de l’estampe, produisant entre 1890 et 1908 pas plus d’une soixantaine de sujets, la plupart commandés pour des livres ou des albums. La moitié sont des gravures et l’autre moitié des lithographies. Le Chapeau épinglé a d’abord été traité en 1893 au pastel et à l’huile, puis gravé à trois reprises en 1894. Notre épreuve, adjugée 22 000 €, appartient aux deux cents en couleurs réalisées à la demande d’Ambroise Vollard. Leur impression a été réalisée par Auguste Clot (1858-1936), qui a travaillé pour l’éditeur et galeriste à partir de 1896. À l’âge de onze ou douze ans, Clot a commencé un apprentissage dans le plus grand institut lithographique de Paris, l’imprimerie Lemercier. Il deviendra rapidement la référence pour les impressions en couleurs. En faisant appel aux meilleurs artisans et en utilisant également les plus beaux papiers et les meilleures encres, Ambroise voulait proposer aux collectionneurs une alternative plus abordable que les œuvres uniques. Un pari réussi.
Mardi 24 novembre, salle 9 -
Drouot-Richelieu. Ferri SVV. M. Lecomte.
160 000 €.
Georges Braque (1882-1963), Hermès, 1962, or, numéroté 1/8, h. 36 cm.
Braque pour la Croix-Rouge
Cette vente caritative réalisée au profit de la Croix-Rouge française totalisait 504 100 €. Elle était uniquement composée d’oeuvres appartenant à la célèbre série des "Métamorphoses" de Georges Braque, des sculptures et objets réalisés d’après des gouaches exécutées par le maître entre 1961 et 1963. L’un des huit exemplaires en or d’Hermès (voir photo) dominait, à 160 000 €, les débats. Pour l’un des huit exemplaires en bronze peint et doré des Oiseaux bleus. Hommage à Picasso (60 x 80 cm), une fonte Landowski, il fallait prévoir 100 000 €. Réalisée par Heïdi Mélano, une mosaïque (120 x 160 cm) issue de la gouache Pélias et Nélée récoltait 90 000 €. À 30 000 €, l’estimation était pratiquement doublée pour un des 75 exemplaires de la table basse Pélias et Nélée, un sujet qui a décidément la cote. Tithonos (100 x 100 cm), un panneau décoratif, lui aussi tiré à 75 exemplaires, suscitait 17 000 €. Pour la céramique, la palme revenait à 15 000 € à l’un des huit exemplaires or et argent de Thyria (47 x 38 cm). Pour les bijoux, 12 500 € étaient indifféremment frappés sur Héra, une broche en argent rhodié, or et saphirs, et Mésopotamia, un collier en or dont treize maillons présentent des cabochons de saphir. Le tirage de ces bijoux s’établit à huit exemplaires.
Mercredi 25 novembre. Drouot-Montaigne. Millon & Associés SVV, Cornette de Saint Cyr maison de ventes SVV.
34 636 € frais compris.
Vers 1900, broche trembleuse sertie de diamants de taille ancienne et diamants taillés en rose, les yeux ornés de petits saphirs cabochon. Dans son écrin d’origine, 8,3 x 10,5 cm, poids 46 g.
Un insecte éclatant de vie par Fontana
Cette broche trembleuse figurant un papillon aux ailes finement ajourées s’envolait à 28 500 €. Les diamants qui le parsèment, la virtuosité de son assemblage permettant le mouvement des ailes et l’élégance de son dessin ont participé à son succès. L’insecte se pose dans son écrin, signé de Charles Fontana à Paris. Cette joaillerie a été fondée en bordure du Palais Royal, rue du Baujolais, par un artisan d’origine suisse, Thomas Fontana (1813-1861). Durant la minorité de son fils Charles, la société est gérée par ses neveux, Joseph Fontana et Alexandre Templier. Charles prend la tête de la maison en 1871. Il lui donne son nom et, en 1896, l’installe à une adresse prestigieuse, au 13, rue Royale. Comme l’indique Marguerite de Clerval dans le Dictionnaire international du bijou, "La maison acquiert une réputation de qualité et du point de vue des formes, de classicisme". Notre papillon, réalisé vers 1900, est pour sa part relativement intemporel, en tout cas éloigné des grâces de l’art nouveau.
Jeudi 26 et vendredi 27 novembre, salle 8 - Drouot-Richelieu.
Beaussant - Lefèvre SVV. Cabinet Serret & Portier.
188 239 € frais compris.
Camille Pissarro (1830-1903), Le Marché aux poissons, Dieppe, gouache, 1901, 16 x 26 cm.
Pissarro à Dieppe
Présentée comme le lot phare de cette vente rouennaise, notre gouache annoncée autour de 135 000 € a tenu toutes ses promesses. Provenant de la collection de Mme veuve Pissarro, elle est répertoriée dans le catalogue Venturi, au tome I sous le numéro 1504. Proposée en bon état de conservation, elle a été exposée à diverses reprises, notamment au cours de la rétrospective organisée en 1930 à l’Orangerie pour le centenaire de la naissance de Camille Pissarro. Durant la guerre de 1870, notre artiste se réfugie à Londres et admire dans les musées anglais les œuvres de Turner qui le confortent dans ses recherches esthétiques : c’est l’atmosphère qui doit filtrer, distiller, faire vibrer la lumière. Au cours des décennies suivantes, Pissarro va chercher à transposer dans sa technique picturale les théories de la couleur énoncées par le chimiste Chevreul, comme l’illustre notre gouache. Datée 1901, elle dévoile aussi son attachement pour Dieppe, une station balnéaire normande mise à la mode par la duchesse de Berry sous la Restauration. Dans la Correspondance annotée par Janine Bailly-Herzberg, Camille Pissarro la décrit comme "un endroit admirable pour un peintre qui aime la vie, le mouvement, la couleur". Comme Rouen, Dieppe se révèle effectivement l’une des meilleures sources d’inspiration pendant les dernières années de sa vie. Installé à l’hôtel, notre peintre réalise divers sujets et motifs figurant l’avant-port, le port Duquesne, le Pollet, "par la pluie, le soleil, les fumées, etc." Dans une autre lettre, il confie même : "C’est la foire en ce moment, chevaux de bois, musique de Gounod à vapeur et autres grands classiques !!! je n’en dors pas !!". Fasciné par l’activité du marché aux poissons, il le représente à plusieurs reprises dans des dessins, ainsi que dans des toiles. "Bâtie à petites touches patientes", notre composition transcrit à merveille la vivacité des commerçants et l’agitation d’une foule bigarrée faisant ses emplettes : employées à l’état pur, les couleurs – bleu, vert, rouge – sont juxtaposées en légères touches dansantes et scintillantes. Chaque note chromatique trouve son timbre accordé à celui des notes voisines. La gamme ainsi orchestrée met bien en valeur l’animation des quais dieppois. Camille Pissarro peint au total une scène de genre d’une réalité naturellement mouvante qui apparaît grâce au papillotement des tons unifiés par le mélange optique. L’impressionnisme pointilliste atteint ici, en illustrant la vive effervescence du port de Dieppe, un plaisant éclat presque jubilatoire.
Rouen, dimanche 29 novembre.
Bernard d’Anjou SVV. Mme Lhermite-King.
150 000 € frais compris.
École française, suiveur du Primatice (1504-1570), Le Jardin de Pomone, seconde moitié du XVIe siècle, toile, 144 x 188 cm.
Pomone bellifontaine
Lors de cette vente niçoise, ce spectaculaire tableau indiqué autour de 50 000 € transportait amateurs et collectionneurs au temps de François Ier, dans les jardins du château de Fontainebleau. Centre artistique alors en pleine effervescence, celui-ci mobilise une vaste équipe d’architectes, de sculpteurs, de peintres venus d’Italie, qui oeuvrent aux décors intérieur et extérieur. Au nord-ouest du jardin bellifontain, proche de la grotte des Pins, est ainsi bâti en 1533 le pavillon de Pomone. Fait rarissime, les deux fresques qui l’embellissent sont peintes par les deux principaux maîtres de l’école de Fontainebleau : Le Rosso représente Vertumne et Pomone et Le Primatice met en scène à droite Le Jardin de Pomone. Détruit malheureusement au milieu du XVIIIe siècle, il ne subsiste du dernier qu’un dessin préparatoire autographe conservé au département des Arts graphiques du Louvre et une eau-forte appartenant au cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale. C’est dire tout l’intérêt de notre tableau attribué à un élève du Primatice ! Il reprend la composition originale et témoigne du courant artistique bellifontain : conjuguant mythologie et volupté des sens, il représente de superbes nus féminins, telle Pomone, d’une remarquable beauté. La déesse des fruits, figurée au premier plan, est vénérée par toute une cour de jolies nymphes et de gracieux putti. Convoitée entre la salle, les musées et plusieurs lignes de téléphone, elle triplait les estimations. Après une vive joute d’enchères, elle repart finalement au bras d’un acheteur français.
Nice, samedi 28 novembre. Hôtel des ventes de Nice Riviéra SVV.
Mes Wetterwald & Rannou-Cassegrain. M. Millet.

Hors-série

Arts décoratifs
du XXème à nos jours

Un guide pour remonter aux origines du design et pénétrer le monde des enchères.
>>> en savoir plus


Des artistes en leur monde
Les ateliers d'artistes dans l'oeil de la photographe Marie-Paule Nègre.
>>> en savoir plus


Curiosité mode d'emploi
Tout savoir sur les petites collectons du marché de l'art.
>>> en savoir plus

Styles mode d'emploi
La grande aventure du meuble, du Moyen Âge à nos jours.
>>> en savoir plus


Édition Drouot
Chaque année, les prix des plus beaux tableaux, meubles et objets d'art vendus à Drouot.
>>> en savoir plus