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Premier Empire. Habit de grand uniforme du maréchal Davout, en drap bleu brodé en filé d’or au passé avec des paillettes, neuf boutons avec des bâtons à l’aigle, dix-huit avec des bâtons à fleur de lis, doublure en satin blanc cassé. Estimation : 80 000/120 000 €.

À la une : Un habit premier Empire
Avec l’Empire, l’uniforme se codifie. Le règlement du 1er vendémiaire de l’an XII (24 septembre 1803) accorde aux généraux un grand et un petit uniforme. Et, lors du rétablissement du maréchalat le 18 mai 1804, confirmé par le décret du 29 messidor (18 juillet) de la même année, les quatorze généraux nommés maréchaux d’Empire, dont Louis-Nicolas Davout, sont également concernés. L’habit du grand uniforme doit être de drap bleu national, sans revers, boutonné droit par neuf gros boutons ; le collet est montant et échancré. Il est orné d’une broderie à motif de branches de chêne avec ses feuilles et ses fruits, appliquée – distinction réservée aux maréchaux – au collet, le long des devants et des retroussis, sur les parements, au bas de la taille, sur et sous les poches et sur les coutures des manches et du dos. La broderie est réalisée en filé d’or avec paillettes et frisures de torsades. Ils devaient avoir fière allure, nos maréchaux en grand uniforme, habillés d’une culotte de peau blanche et coiffés d’un chapeau surmonté de plumes également blanches. Ces habits de prix sont très convoités, rares étant ceux conservés en mains privées. Le musée de l’Armée à Paris possède celui de Berthier, celui de Ney et trois pièces du maréchal Lannes, dont une de cour en velours. Notre habit a appartenu au maréchal Davout et a été porté également sous la Restauration, comme l’indiquent les boutons avec bâtons aux fleurs de lis. Il est apparu pour la première fois en ventes publiques, le samedi 24 octobre 1987, à Saint-Brieuc. Il arbore encore, sur le côté gauche, les lacets pour la fixation de ses décorations : grand-aigle de la Légion d’honneur, grand-croix du Christ du Portugal, etc. Louis-Nicolas Davout, issu d’une famille noble mais pauvre, entre comme pensionnaire du roi à l’école royale militaire d’Auxerre. Il complète cet enseignement par de nombreuses lectures, notamment celles de Montaigne, Voltaire et Rousseau - et se trouve vite gagné aux idées révolutionnaires. Mis en disponibilité, il rentre dans l’Yonne, sa région natale, pour organiser des bataillons de volontaires. Exclu de l’armée en 1793 à cause de son origine aristocratique, il est réintégré dans les cadres l’année suivante, et nommé général de brigade pendant le siège de Luxembourg. Il prend ensuite part à l’expédition d’Égypte, où il est le seul général à refuser de signer la capitulation du Caire. En 1806, il remporte la bataille d’Auerstaedt, face aux gros des troupes prussiennes. Sa participation à toutes les campagnes de Napoléon lui vaut d’être surnommé "le maréchal de fer", non seulement en raison de son courage, mais aussi de sa probité. Fidèle à l’Empereur, il devient ministre de la Guerre pendant les Cent-Jours. Après Waterloo, Davout se retire avec quelques régiments derrière la Loire, emportant les trésors du musée d’artillerie, les dessins topographiques et les plans en relief des places fortes.
Paris, Drouot-Richelieu, salle 1-7. Mercredi 18 novembre.
Thierry de Maigret SVV. M. Croissy.
Maître de la circoncision Schretlen, école andalouse, vers 1500-1520, Samuel prend un agneau de lait et l’offre en holocauste, panneau, 146 x 78 cm.
Estimation : 8 000/12 000 €.

Tiepolo, Drouais, Lepaute, Vandercruse dit Lacroix...
Provenant de la collection d’un grand amateur, deux tableaux de Guardi figurent notamment parmi des dessins des Tiepolo. Le père, Giovanni Battista, s’inspire de ses observations de la vie des Vénitiens pour créer des scènes tant mythologiques que bibliques pleines de charme, d’imagination et de vie. Un lavis de sépia et dessin à la plume et encre brune en fournit l’exemple. Le sujet est pourtant l’un des plus connus de la tradition picturale, L’Adoration de l’Enfant Jésus – auquel il apporte une nouvelle vision. Le geste est rapide, le lavis posé afin d’ordonner les masses, en particulier pour les figures du premier plan. Pour ce dessin, il faut prévoir au moins 20 000 €, estimation qui se reporte sur un dessin au lavis de sépia de son fils, Giovanni Domenico, Assemblée de personnages. Appartenant à divers amateurs, on remarque parmi les tableaux anciens une suite de quatre éléments de retable aux scènes tirées des Livres de Samuel et des Rois, du Maître de la circoncision Schretlen. Cet artiste actif à Séville au début du XVIe siècle, influencé par l’art flamand, est actuellement connu par trois panneaux, La Circoncision et un fragment de La Visitation de la collection du Dr Schretlen à Amsterdam, La Fuite en Égypte conservée au Museum of Fine Arts de Boston. Sans doute aussi a-t-il vu des oeuvres de Juan de Flandes, qui travailla à Burgos de 1496 à 1504, comme en témoigne la composition de notre panneau, aux personnages en premier plan d’un lointain paysage avec architectures. Un choix aussi visible dans La Résurrection de Lazare du peintre flamand, conservée au Palacio Real à Madrid. Nos quatre panneaux proviennent presque certainement du même retable, inspiré par l’histoire de David. Le prophète Samuel installa en effet le premier roi d’Israël, Saül, et prit la défense de David dans le conflit qui l’opposa à celui-ci. Un autre roi, mais de France et au XVIIIe siècle, Louis XV, s’est fait portraiturer par François Hubert Drouais, premier peintre du roi, tableau présenté au Salon de 1773 et désormais parmi les collections du château de Versailles. Une reprise est ici proposée en format ovale, assortie d’une estimation de 50 000 €. La sévérité des formes d'une commode de ce même siècle – estampillée R.V.L.C. pour Roger Vandercruse, dit Lacroix – est adoucie par la marqueterie des panneaux à treillis de bâtons rompus centré de quartefeuilles, une technique caractéristique de Martin Carlin, son beau-frère. Les deux portes s’ouvrent sur trois tiroirs sans traverse, marquetés de bois de rose dans des encadrements d’amarante. Les côtés présentent, en léger retrait, quatre casiers. Soit par changement du goût, soit pour réparer une marqueterie particulièrement fragile, ce meuble a subi d’anciennes transformations. Un meuble aujourd'hui estimé 40 000/50 000 €.
Mercredi 18 novembre, salle 5-6. Blanchet & Associés SVV. Mmes Papillon d’Alton, Mauduit, MM. de Bayser, Dubois, Ansas, Dillée, Kassapian.
Bassin inférieur du Sépik, Nouvelle-Guinée. Masque de flûte sacrée, bois, h. 30,5 cm. Estimation : 7 000/10 000 €.

Fernand Devèze, peintre et collectionneur
Certains prêtent leurs objets, d’autres vendent des pièces pour en acquérir d’autres. Léopold Bergognon, lui, a tout gardé. Tel un gardien du temple, notre homme, ancien ouvrier de la chaussure à Romans, a même aménagé les combles de sa maison comme un sanctuaire, construit lui-même des socles et veillé sur son trésor, pendant un demi-siècle. Aujourd’hui âgé et sans héritier, il a choisi de rendre la liberté à ses chers objets. 260 exactement, tous issus de la collection de son oncle Fernand Devèze (1895-1962). C’est en effet ce dernier, peintre paysagiste qui exposa au Salon des indépendants et à celui des Tuileries tout en fréquentant le groupe des Treize, qui est à l’origine de notre ensemble consacré aux arts africain et océanien. Connu pour sa peinture et pour son amitié avec André Derain, Fernand Devèze s’est fait beaucoup plus discret en ce qui concerne sa quête de l’objet rare. Passionné, il fréquentait assidûment salles des ventes et marchands, au premier rang desquels Marie-Ange Ciolkowska, figure emblématique de la spécialité. Le "voyage" de Fernand Devèze durera de 1920 au milieu des années 1950, avant que la cécité ne l’empêche d’en profiter pleinement. À sa nièce, il a fait don de ses tableaux, à son neveu sont revenus masques, fétiches, statuettes, cimiers, objets domestiques ou rituels, du continent noir et, surtout, de Nouvelle-Guinée, des îles Vanuatu, Salomon, Nouvelle-Irlande, Marquises... Les amateurs de pedigree resteront sur leur faim - la mémoire des provenances ayant disparu avec Fernand Devèze -, ceux de pièces anciennes et "dans leur jus", en revanche, auront matière à se réjouir. Cerise sur le gâteau, nombre de pièces ont une "petite sœur" ou un "petit frère" entré à la fin du XIXe et au début du XXe siècle dans les collections des musées ethnographiques, un pendant dans les collections Guerre et Tzara. Une collection élaborée autant avec les yeux qu’avec le coeur, et emmenée par quelques objets phares : un masque de flûte sacrée du Sépik au long nez pointu (voir photo), un autre, de même provenance, aux larges yeux séparés par un court nez en crochet, orné d’une défense de porc (5 000/7 000 €). Sans oublier une sculpture féminine des îles de l’Amirauté, au corps ponctué de scarifications ou tatouages gravés de pigments blancs (3 000/5 000 €), ou encore deux masques "éléphant" baoulé, respectivement estimés 6 000 et 8 000/12 000€.
Vendredi 20 novembre, salle 3 - Drouot-Richelieu.
Claude Aguttes SVV. Mme Daffos, M. Estournel.
Jean-Baptiste Gros dit Baron Gros (1793-1870), Salon du baron Gros, vers 1854, daguerréotype, plaque entière, 19,3 x 14,8 cm. Estimation : 350 000/500 000 €.

Daguerréotype(s)
Jean-Baptiste Gros est diplomate, mais aussi peintre et photographe amateur. Il participe au salon de 1822 et, jusqu’au début des années 1840, peint et dessine à foison. Ses rares peintures de l’Amérique du Sud, réalisées lorsqu’il était chargé d‘affaires à Bogota entre 1838 et 1842, montrent déjà un souci "d’exactitude mathématique" de la représentation. Il se tourne alors vers la daguerréotypie, mieux à même de fournir ce réalisme recherché. Nommé à Athènes, Jean-Baptiste Gros en rapporte des plaques, où se révèle son talent. Ainsi, les daguerréotypes de l’Acropole lui assurent une renommée parmi les pionniers de la photographie. Ambassadeur à Londres entre 1852 et 1863, il effectue néanmoins un voyage diplomatique en Chine et au Japon - et signe, à Edo le 9 octobre 1858, le traité établissant des relations diplomatiques entre la France et le pays du Soleil-Levant. Notre homme est déjà un photographe amateur plus que réputé. Il écrit des articles et des opuscules techniques, dont Quelques notes sur la photographie sur plaques métalliques en 1850. L’oeuvre de ce membre fondateur de la Société héliographique, dont il assure la présidence en 1851, et de la Société française de photographie trois ans plus tard, compterait selon certaines sources environ 150 plaques. Une quinzaine dites "plaques entières" (la plus grande taille) sont connues, dont ce Salon du baron Gros, véritable daguerréotype de daguerréotypes, où, sur le chevalet, on reconnaît une vue de Trafalgar Square à Londres, des vues du Panthéon et de la place de la Concorde à Paris et des portraits...
Mercredi 18 novembre, salle 4 - Drouot-Richelieu.
Binoche - Renaud - Giquello SVV.
Ilse Bing (1899-1998), The Elevated and Me, New York (le métro aérien et moi), 1936, tirage sur papier mat, 18,8 x 28,2 cm.
Estimation : 2 000/3 000 €.

Ilse Bing, une moderniste de la photo
Naissance à Francfort en 1899, décès à New York en 1998. Ces sèches données biographiques ne donnent évidemment pas idée de la vie d’Ilse Bing, de l’intégrité de son regard. Issue d’une famille bourgeoise d’origine juive, Ilse reçoit une éducation poussée et se montre naturellement apte aux sciences. Toutefois, elle poursuit en même temps que des études de physique et mathématiques un cursus en histoire de l’art. Son premier appareil photo, une boîte Kodak avec laquelle elle fixe le premier une longue série d’autoportraits, sera remplacé par un Voigtlander à plaques 9 x 12 cm. Elle s’astreint à en apprendre le maniement, puis s’intéresse à toutes les innovations techniques se rapportant à ce médium. En 1929, elle acquiert un Leica, son unique moyen d’expression pendant vingt ans. Les clichés pris lors d’un voyage en Suisse, sur le lac de Constance, lui révèlent les possibilités de spontanéité et de création artistique. Adieu doctorat, elle adopte une carrière de photographe. "Dans un sens c’était le mouvement d’une époque, expliquera-t-elle, où l’on commençait à voir avec des yeux neufs." Avec une grande attention prêtée à la lumière, au cadrage, ses vues de Paris où elle habite à partir de novembre 1930, ou de New York où elle séjourne pendant l’été 1936, sont à la fois nettes et dynamiques. Les années d’insouciance sont interrompues par la guerre, l’internement au camp de Gurs, dans les Pyrénées, puis avec son mari, à Marseille, enfin l’exil à New York. Elle se sent "lâchée dans le vide", se rappellera-t-elle dans une interview. "Le monde cessait de nous être donné comme un tout (...) La photographie mettait à nu ce que notre esprit avait conçu." Sa vision devient plus factuelle, comme détachée ; elle travaille désormais avec un Rolleiflex et adopte le flash, puis, en 1957, la couleur. Deux ans plus tard, elle tourne le dos à la photographie et s’exprime à travers la poésie, le dessin et les collages. Reconnue maintenant comme une grande dame de la photographie moderniste, déclarée "reine du Leica", Ilse Bing nous a laissé son regard aigu et tendre posé sur ce monde en mutation, faisant affleurer dans ses prises de vue une sensibilité extraordinaire aux choses et aux êtres... Une probité candide et lucide.
Lundi 16 novembre, Drouot-Montaigne, à 19 h. Millon & Associés SVV,
Cornette de Saint Cyr maison de ventes SVV. M. Goeury.
Kazuo Shiraga (1924-2007), T53, 1961, huile sur toile, 130 x 97 cm. Estimation :
180 000/200 000 €.

L’homme et la matière
Violentes, torturées, dynamiques, fulgurantes... Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire les oeuvres de Kazuo Shiraga. Une constante, semble-t-il : l’accueil extrêmement favorable que lui a réservé jusqu’à maintenant la place parisienne. Une cote en forme d’hommage pour cet artiste décédé le 8 avril 2008 au Japon. Élève aux beaux-arts de Kyoto, puis d’Osaka jusqu’en 1949, Shiraga adhère en 1955 au mouvement d’avant-garde Gutaï ("concret") et participe cette même année à la première exposition du groupe, à Tokyo. Rejetant les principes d’harmonie ou de représentation de la composition picturale, il considère la peinture comme un véritable corps à corps avec la couleur et travaille avec ses pieds, debout ou pendu à une corde. Parfois, il effectue même des simulations de combat dans la boue afin d’y laisser l’empreinte de son corps, ou attaque à la hache des troncs d’arbre peints en rouge, devenant ainsi l’un des pionniers de l’art performance. "Quand je peins avec les pieds, je ne regarde pas la toile. Donc, la spontanéité physique et l’émotion du sentiment peuvent s’exprimer avec franchise", expliquait-il. En 1971, il entre au monastère bouddhiste du temple Enryaku, sur le mont Hiei près de Kyoto, et se tourne dans les années 1980 vers la recherche monochrome. Une quête de sérénité chez un homme dont la jeunesse fut profondément marquée par l’expérience de la guerre et de la destruction.
Vendredi 20 novembre, salle 7 - Drouot-Richelieu.
Lombrail, Teucquam Maison de ventes SVV. M. Brimaud.
Pablo Gargallo (1881-1934), Bacchante, 1926, cuivre martelé à patine nuancée verte, pièce unique, 47 x 17,5 x 29 cm. Estimation :
150 000/200 000 €.

Le sculpteur et le mécène
Passé maître dans l’art du repoussé sur plaques de cuivre ou de fer, Pablo Gargallo a fait ses classes aux beaux-arts de Barcelone. Tordre, découper, assembler n’ont bientôt plus de secret pour lui. Installé rue de Vaugirard en 1933 après de nombreuses années partagées entre l’Espagne et Paris, qui lui ont permis de se lier avec Georges Braque, Juan Gris, Pablo Picasso, Guillaume Apollinaire et Pierre Reverdy, notre artiste connaît le succès tant à l’occasion de ses expositions qu’à travers des commandes. Le baron de Rothschild, Léonce Rosenberg, Maurice Raynal comptent parmi ses clients, de même que le docteur Jacques Soubiès (1880-1940) de la famille duquel notre pièce provient. Fils de l’avocat et critique musical Émile Jean Albert Soubiès, ce médecin fut l’un des mécènes de Chaïm Soutine mais aussi un grand collectionneur d’oeuvres modernes. Acheteur insatiable, notre homme ne possédait pas moins de vingt-trois huiles d’Henri Matisse et vingt-six de Soutine, mais aussi des toiles de Modigliani, Van Dongen, Braque, Picasso et Toulouse-Lautrec, Cézanne, Raoul Dufy. Impressionnant !
Vendredi 20 novembre, salle 5 - Drouot-Richelieu.
Daguerre SVV. M. Derouineau.
Giulio Minoletti (1910-1981), paire de fauteuils, 1953, piètement métallique doré, coque en bois thermoformé garni de mousse et tendu de velours bleu, plaque en aluminium avec n° de place, 103 x 71 x 73 cm.
Estimation : 10 000/15 000 €.

Pour Il Settebello
Moins présent dans les ventes de design que, par exemple, son confrère Gio Ponti, Giulio Minoletti fut pourtant un des grands architectes de la reconstruction italienne de l’après-guerre. Dès son diplôme de l’École polytechnique en poche, en 1931, il sort vainqueur du concours Falck pour les réalisations à structure d’acier. Cinq ans après, il participe à l’aménagement de la station balnéaire de Formia, puis à une villa privée sur les hauteurs de Côme. En 1947, il est appelé pour l’aménagement et le dessin d’objets d’ameublement du train électrique ETR 300 , aussi appelé le "Settebello", du nom de la carte fétiche d’un jeu très populaire, la scopa. Les chemins de fer italiens lance alors la nouvelle génération des trains de luxe. Lignes électrifiées et surtout, pour ce qui nous concerne, une attention particulière pour le confort des voyageurs. Le fauteuil qu’il conçoit pour les première classe est une invite au cocooning avant la lettre ! Une coque enveloppante et une large assise offrent stabilité, mais encore un nid aussi douillet qu’un ours en peluche géant. Le velours bleu d’origine est en adéquation avec la large vue qu’offrent les baies vitrées des wagons. Ils témoignent encore de l’importance du design industriel créé par quelques architectes visionnaires, et la qualité technique de la main-d’oeuvre des ateliers.
Mardi 17 novembre, espace Tajan, à 19 h.
Tajan SVV. M. Wattel.
Lovell Augustus Reeve, Conchologia iconica : or illustrations of the shell of molluscousanimals, Londres, 1843-1864. In-4°, reliure d’époque en demi-veau chamois. Estimation :
10 000/15 000 €.

Petits, mais costauds
Pas moins de quatorze volumes composent cette monumentale iconographie sur les mollusques, probablement la plus complète sur le sujet. Les animaux, regroupés par famille, sont reproduits en lithographie en couleurs et associés à leurs notices descriptives, en latin et en anglais. Aux huit premiers volumes, déjà conséquents, signés Lovell Augustus Reeve (1814-1865), sont venus s’en ajouter huit autres, de la main cette fois de George Brettingham Sowerby (1812-1884), soit un total de 1 898 planches. Lovell Augustus Reeve, éditeur londonien et auteur de plusieurs publications sur les coquillages, se fit une spécialité dans le domaine de l’histoire naturelle. À son catalogue figuraient plusieurs ouvrages sur la flore, notamment de l’explorateur et botaniste britannique, sir Joseph Dalton Hooker (1817-1911), mais aussi des livres destinés à des débutants. Ce qui ne semble pas le cas du nôtre... Petit rappel : si la conchyliologie est la branche de l’histoire naturelle consacrée à l’étude des mollusques à coquille, également appelés conchifères, la malacologie, elle, s’intéresse, à l’ensemble des mollusques, avec ou sans coquille. Bienvenue, donc, dans le monde des escargots, des pieuvres, des calmars, des limaces, des nautiles et autres bigorneaux...
Jeudi 19 novembre, salle 8 - Drouot-Richelieu (13 h 30).
Piasa SVV. M. Lhermitte.
Époque premier Empire, 1806-1809. Sabre attribué à Louis Napoléon Bonaparte ou offert par lui, exécuté par Boutet, garde en vermeil, l. 100 cm. Estimation :
200 000/300 000 €.

Les ors d’une arme blanche
Il ne lui est qu’attribué, car on ne possède aucun document relatif à l’achat ou au don de ce sabre par Louis Napoléon Bonaparte. Mais certaines attributions ont valeur de certitude, ou presque, notamment quand il s’agit d’objets d’une telle qualité d’exécution. Deux autres sabres d’un modèle très proche sont répertoriés. L’un, probablement offert par l’Empereur au maréchal Jourdan, appartient au musée des Arts décoratifs de Paris, l’autre est en mains privées. Mais si leur qualité est comparable à celle du nôtre, un détail, toutefois, les distingue, le motif sur la croisière : une aigle aux ailes déployées pour les deux modèles cités, les armes de la Hollande pour celui proposé dans quelques jours. C’est donc à Louis Napoléon Bonaparte (1778-1846) qu’aurait été attribué ce sabre. La raison d’un tel présent ? Peut-être sa nomination comme roi de Hollande, le 24 mai 1806. Notre homme n’a que vingt-huit ans, mais une belle carrière militaire derrière lui, quand il accède au trône. Quatre ans plus tard, toutefois, le voilà contraint d’abdiquer, pour avoir osé résister aux exigences de son frère sur la question du blocus continental. Ce sabre lui a-t-il appartenu ? Mystère, un seul achat de "dix fusils simples en acier" à son nom étant attesté en 1808, de nombreux autres ayant été passés pour la Hollande au nom d’un certain Lefèvre, peut-être son intermédiaire. Une autre provenance est évoquée, celle d’un certain baron Jean-Antoine Collaert (1761-1816), né à Blehen près de Liège, actif en Autriche, en Allemagne. Récompensé à diverses reprises, il fut nommé colonel général des Gardes du roi Louis de Hollande le 8 mai 1808, et décédera des suites d’un blessure reçue à Waterloo ! Autre hypothèse, suggérée par l’expert : notre précieux objet pourrait avoir été offert à Louis Napoléon Bonaparte, qui à son tour en aurait fait présent au sieur Collaert. Une pratique curieuse, mais très à la mode à l’époque... Ce qui en revanche ne soulève aucun doute, c’est le nom de la manufacture de ce précieux sabre. Celle de Nicolas-Noël Boutet à Versailles, à qui l’on doit la plupart des armes de récompense, d’honneur et de luxe, aussi bien blanches qu’à feu. De quoi faire fuser les enchères !
Mercredi 18 novembre, salle 1-7 - Drouot-Richelieu (14 h).
Maigret (Thierry de) SVV. M. Croissy.
Hugo Pratt (1927-1995), Corto Maltese en Sibérie, encre de Chine, gouache noire et aquarelles de couleur pour la couverture de la première édition noir et blanc de cet album (1979, éditions Casterman), 64 x 49,5 cm.
Estimation : 90 000/120 000 €.

L’étoffe des héros
"Celui qui poursuit un rêve n’en désire pas, au fond, la réalisation : il veut seulement pouvoir continuer à rêver», fait dire Hugo Pratt à son héros préféré, l’homme aux pommettes saillantes et aux yeux perçants, comme sa mère, à la bouche et à la mâchoire carrée de son père – Corto Maltese, bien sûr. Gageons que tout le monde ne sera pas de cet avis quand sera présenté le lot vedette de cet après-midi consacré à la BD, Corto Maltese - La Jeunesse. Non pas un exemplaire du tirage de tête de l’album, ni même une planche, mais l’ensemble des 131 strips à l’encre de Chine et au feutre noir, texte de la main de Pratt, en italien. Autant dire la genèse de cet album, le premier de la série, paru en 1983 aux éditions Casterman. L’histoire se déroule à la fin de la première guerre russo-japonaise (1904-1905). Notre homme, âgé de dix-sept ans, est à Moukden, en Mandchourie, près de la frontière coréenne. Il s’est lié d’amitié avec l’écrivain Jack London, correspondant de guerre pour The San Francisco Examiner. C’est ici qu’il fait la connaissance de Raspoutine, officier russe des troupes sibériennes en fuite refusant les ordres de cessez-le-feu, recherché par les Japonais. Ayant réellement couvert le conflit russo-japonais comme journaliste, le vrai London avait tout pour séduire Hugo Pratt. Une sorte d’alter ego, tant de Corto Maltese que de son créateur... Les perles rares n’ayant pas de prix, ou du moins "un certain prix", comptez entre 250 000 et 300 000 € pour espérer repartir avec celle-ci. Que les inconditionnels de notre héros se rassurent : deux autres rencontres au sommet sont annoncées un peu plus loin, sous forme de planches cette fois. Et pas des moindres, puisqu’elles servirent à des couvertures d’albums. La première est une feuille pour la première édition (1979) en noir et blanc de Corto Maltese en Sibérie. Ce 24e opus se déroule en six chapitres, du mois de novembre 1918 au mois d’avril 1920, au cœur de la Révolution russe. C’est entre 90 000 et 120 000 € qu’est espérée cette «pièce de musée» (voir photo). La seconde, destinée à l’édition française, représente notre homme se détachant devant un bataillon d’hommes en armes. Publié en 1986 (aux éditions Casterman), cette 26e aventure débute en décembre 1921 à Rhodes, pour se terminer en septembre 1922 à la frontière entre l’Afghanistan et les Indes. Pour celle-ci, 50 000/60 000 € seront à engager.
Samedi 21 novembre, hôtel Marcel-Dassault, 14 h. Artcurial - Briest - Poulain - F. Tajan SVV. M. Leroy.
Vierge de pitié, chêne ciré, traces de polychromie, seconde moitié du XVe siècle, h. 38 cm. Estimation :
9 500/13 000 €.

Un regard sur la Haute Époque
Les ventes de Haute Époque ont toutes un petit caractère historique qui fait leur charme et leur intérêt. Celle-ci ne déroge pas à la règle, bien au contraire, tant les pièces présentées jouent la qualité et souvent la rareté. Pour corroborer ce propos, on citera dans deux domaines très différents un peigne gothique en buis et une cuve de lavabo provenant d’une abbaye cistercienne. Le premier est un délicat travail du XVe-XVIe siècle. Gravé de la devise "per voq servir" et en état de conservation parfaite, il est estimé entre 4 800 et 6 000 €. Néanmoins, il n’a pu être très utile à nos moines, dont la tonsure est bien connue ! Quant à la cuve du XIIe-XIVe siècle en pierre calcaire, elle servait à leurs ablutions et s’orne, en partie basse et à l’orifice des canaux d’évacuation, de dix-huit têtes grotesques. Un modèle semblable se trouvait à l’abbaye provençale du Thoronet, ce qui justifie les 20 000 à 30 000 € demandés. La présentation ne serait pas complète sans les sculptures, et elles seront nombreuses. Le choix sera riche, allant de bois sculptés polychromes à des bronzes du XVIIIe, deux factures bien différentes. Les premiers affichent une sévérité encore toute médiévale, telle cette Vierge de pitié allemande en chêne ciré de la seconde partie du XVe siecle, dont le modèle est très proche de celui du Louvre, attribué au maître du retable de Rimini. Les autres jouent la carte de l’allégorie et de l’Antiquité revisitée, comme Le Printemps et L’Été, deux sculptures françaises du XVIIIe, un buste d’empereur romain – peut-être Aulus Vitellius – par un atelier de fondeurs italiens du XVIIe et un bel éphèbe représentant L’Antinoüs du Belvédère, d’après la copie romaine du célèbre original grec, trouvée vers 1540 à Rome et installée par la suite au palais du Belvédère.
Dijon, samedi 14 novembre.
Hôtel des ventes Victor Hugo SVV. MM. Raud, Commenchal.
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