La Gazette Drouot
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La Gazette de l'Hôtel Drouot - Top des enchères
Top des enchères
52 600 € frais compris.
Albert Bitran (né en 1929), Lumière d’automne dans l’atelier, 1963, huile sur toile, 194 x 130 cm.

Modernes et contemporains
Deux journées de ventes étaient consacrées, à l’Hôtel Marcel-Dassault, à l’art moderne et contemporain. Le total s’établissait à 3 097 781 € frais compris. Le premier jour, consacré à l’art moderne, cumulait 1 531 373 € frais compris. La plus haute enchère, 62 000 €, était prononcée dans la matinée. Elle récompensait une épreuve en bronze à la cire perdue à patine noir foncé par Clementi, de 1990, d’un Nu de femme cubofuturiste, 1926 de Katarzyna Kobro (voir ci-dessous). Albert Bitran réalisait pour sa part un joli doublé avec les 42 000 € récoltés – sur une estimation haute de 11 000 € – par l’huile sur toile de 1963 reproduite, Lumière d’automne dans l’atelier, et les 21 000 € enregistrés – sur une estimation haute de 9 000 € – par une huile sur toile de 1963, Début d’une nature morte. Né à Istanbul, Albert Bitran vient à Paris en 1949 pour suivre des études d’architecture, qu’il abandonne au profit de la peinture. Sa première exposition personnelle a lieu en 1951 à la galerie Arnaud, à Paris. Après avoir exploré les méandres de l’abstraction géométrique, il s’oriente vers une démarche plus personnelle en commençant à travailler le paysage. Plusieurs oeuvresu du peintre néo-impressioniste Léo Gausson (1860-1944) étaient proposées. Un résultat se détachait nettement, 24 000 € prononcés au double de l’estimation haute sur une huile sur toile de 1988 représentant une Maison. Dans la même veine, une huile sur toile d’Henri Person de 1913, Matin sur le port de Toulon, respectait à 17 500 € son estimation. En soirée, le programme était consacré à Pablo Picasso et Salvador Dalí. Débutons avec le Malaguène et les 26 500 € des 34 tomes du catalogue raisonné de l’œuvre de l’artiste par Christian Zervos (Cahiers d’art, 1932-1978). Les trois premiers volumes sont numérotés. L’épreuve du premier état de la linogravure, en noir et chocolat sur fond crème, numérotée 6/50, d’Après la pique, 1959, partait à 20 000 €. Pour Dalí, une surprise attendait à 24 000 € une technique mixte sur carton contenant notamment du papier d’aluminium collé, estimée pas plus de 8 000 €. Il s’agit d’une Composition d’oiseaux et de personnages dans le paysage de Port-Lligat, exécutée à l’hôtel Meurice le lundi 8 juillet 1981. Dans la journée de mercredi, l’art contemporain engrangeait 1 566 408 € frais compris. Deux artistes d’origine turque ayant fait leur carrière en France étaient particulièrement disputés. Selim Turan se trouvait comme à l’accoutumée très couru, 45 000 € revenant sur une estimation haute de 12 000 à une Composition violet-rose, 18 500 € - sur une estimation haute de 9 000 - allant à une huile sur toile de 1955, une Composition en noir et gris. Moins présent sur la scène des enchères, Albert Bitran réalisait pour sa part un joli doublé avec les 42 000 € récoltés – sur une estimation haute de 11 000 € – par l’huile sur toile de 1963 reproduite, Lumière d’automne dans l’atelier, et les 21 000 € enregistrés – sur une estimation haute de 9 000 € – par une huile sur toile de 1963, Début d’une nature morte. Né à Istanbul, Albert Bitran vient à Paris en 1949 pour suivre des études d’architecture, qu’il abandonne au profit de la peinture. Une section du catalogue était dévolue à l’art aborigène australien. La palme revenait, à 6 500 €, à un acrylique sur toile de Jagamarra Michael Nelson de 1987, Le Rêve du kangourou et de l’igname.
Mardi 3 et mercredi 4 novembre. Hôtel Marcel-Dassault.
Artcurial - Briest - Poulain - F. Tajan SVV.
77 400 € frais compris. Katarzyna Kobro (1898-1951), Nu de femme cubofuturiste, 1926, bronze à la cire perdue numéroté HC, fonte Clementi, 1990.

Katarzyna Kobro
Cette épreuve à la cire perdue d’un nu de Katarzyna Kobro créé en 1926 faisait l’objet d’une querelle d’enchères digne de celles des avant-gardes, 62 000 € - sur une estimation haute de 12 000 - étant prononcés. L’artiste, polonaise, est née à Moscou et se forme dans le milieu des constructivistes russes. D’abord inspirée par Vladimir Tatlin, elle se tourne ensuite vers le suprématisme et son chef de file, Kasimir Malevitch. Puis elle va élaborer une conception de la sculpture tout à fait originale, visant, comme le souligne Andrzej Turowski, "à transformer une sculpture-volume en construction spatiale, abstraite et autonome, tout en posant la question de la place de la forme plastique dans la société". En 1921, Katarzyna s’installe en Pologne avec son mari, le peintre Wladislaw Strzeminski. Elle devient alors l’un des membres les plus actifs des différents groupe polonais d’avant-garde et élabore un travail théorique important. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle détruira une partie de ses oeuvres.
Mardi 3 novembre. Hôtel Marcel-Dassault.
Artcurial - Briest - Poulain - F. Tajan SVV.
48 000 € frais compris. Égypte, XXVIe-XXXe dynastie, cuillère représentant un canard troussé. Stéatite non glacée ou calcaire compact, 14,3 x 6 cm.

Un canard bien troussé
Voici une étonnante cuillère égyptienne qui suscitait un vif intérêt. Estimée pas plus de 9 000 €, elle était bataillée à hauteur de 40 000 €. Cette pièce a été réalisée quelque part entre la XXVIe dynastie (702-525 av. J.-C.), soit la fin de la Basse Époque, et la XXXe, qui s’achève en 343 av. J.-C. avec le règne de Necténabo II. Sa matière, la pierre, est qualifiée d’inusitée dans le catalogue. Il pourrait s’agir de stéatite non glacée ou d’un calcaire ayant la particularité d’être compact. En pleine anarchie politique, l’Égypte montre en tout cas sa capacité à produire des petits chefs-d’oeuvre pleins d’audace. Le hiératisme souvent austère de son art s’affaiblit notablement quand il s’agit de traduire les merveilles de la nature. Notre palmipède, décrit comme un canard, pourrait aussi être une oie. À Thèbes, le jars est consacré au dieu Amon. Il est souvent représenté les ailes liées, quand on l’apporte en offrande au défunt. Cette hypothèse permet de faire de notre cuillère un objet sacré, justifiant ainsi le soin apporté à sa confection.
Mercredi 4 novembre, salle 13 - Drouot-Richelieu.
Fraysse & Associés SVV. M. Roudillon.
30 279 € frais compris.
Louis Floutier (1882-1936), Scène de port, triptyque, huile sur toile, 90 x 30 cm.

Panorama basque
Le format panoramique et la localisation du port dûment identifiée par les enchérisseurs permettaient à ce triptyque de Louis Floutier de quintupler, à 24 000 €, son estimation. Il s’agit donc sans doute du port de pêche de Saint-Jean-de-Luz, le relief bleuté de l’arrière-plan présentant un profil similaire à celui du mont de la Rhune. Le port est en réalité situé sur les communes de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure, à l’embouchure de la Nivelle. Né à Toulouse et formé à Paris dans l’atelier de Cormon, Louis Floutier a épousé une Luzienne et a beaucoup peint la région, au point de devenir l’un des principaux représentants de l’école basque. Avec deux associés, l’ébéniste Étienne Vilotte et le tourneur Lukas, l’artiste a même fondé en 1919 la poterie de Ciboure. La bataille d’enchères s’avérait tout aussi vive sur une huile sur toile de 1944 d’Ammar Farhat, Marchand de fruits, poussée jusqu’à 13 000 € sur une estimation haute de 2 000. La vue est singulière, l’homme entrebâillant la porte de son échoppe, laissant entrer un rai de lumière qui permet d’apercevoir un visage. Plus traditionnelle, une huile sur toile d’Henri Duvieux (1855-1902) montrant le Palais des Doges quadruplait, à 7 000 €, son estimation.
Vendredi 30 octobre. salle 7 - Drouot-Richelieu.
Claude Aguttes SVV. M. Coissard.
42 500 € frais compris.
Clé et ornement de serrure, fer forgé par le roi Louis XVI, dans un cadre en argent signé "Touron" surmonté des armes de France sous couronne, provenant de la famille Cléry, 16,5 x 17,7 cm.

Les souvenirs historiques ont la cote
Qui parle de morosité ? Quand on aime, on ne compte pas. Les collectionneurs de l’Empire nous le prouvaient une fois encore ce dimanche. Particulièrement attendu, le tabouret attribué à Martin-Guillaume Biennais tenait ses promesses et même au-delà, dépassant son estimation pour être enlevé à 170 000 €. Ce modèle, dont le piètement est formé par deux sabres entrecroisés, est sans doute le troisième siège réalisé par Biennais pour les maréchaux devant s’asseoir près du trône de l’Empereur. Rappelons que les deux autres sont conservés au Musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau. Douze tabourets étaient initialement prévus, dont seulement trois furent réalisés. Non content de caracoler également sur le podium de tête avec une enchère à 150 000 €, l’ensemble de colonel du 4e régiment de cuirassiers du premier Empire peut s’enorgueillir de détenir désormais un record mondial. On n’en attendait pas moins de cet équipement composé d’un casque à cimier et d’une cuirasse de modèle 1804, destiné à protéger un cavalier d’élite rompu au combat. N’ayant affronté que la bataille des enchères, un sabre d’honneur donné par le Premier consul au chef de brigade Antoine Alexandre Rousseau, était pour sa part emporté pour 60 000 €. Quittons l’Empire pour évoquer des reliques de Louis XVI, emportées moyennant 34 000 €. Il s’agit d’une clé et d’un ornement de serrure en fer, forgé par le roi lui-même. Provenant de la famille Cléry, le fidèle valet de chambre du roi, elles faisaient chaque année l’objet d’un pèlerinage, le 21 janvier. Passons aux cimaises, avec le Portrait de l’empereur Napoléon en costume de sacre, une huile sur toile ovale de l’école du Baron Gérard, adjugée 51 000 €. Elle porte une ancienne inscription à l’encre sur le châssis : "Charles... À Sedan". Le succès attendait également une Vue de Constantinople avec la pointe du sérail depuis la rive de Galata. À noter également, deux œuvres préemptées par la Réunion des musées nationaux pour leur intérêt documentaire. Moyennant 20 000 €, la toile montrant Charles X remettant la médaille de bronze de l’exposition de 1827 à l’ébéniste François Baudry rejoindra ainsi les collections du musée des Arts décoratifs, déjà possesseur du lit représenté sur le tableau. Le château de Fontainebleau gagne quant à lui, pour 7 500 €, quatre études de frises pour le corps législatif – notre actuelle Assemblée nationale. Dessinés entre 1806 et 1811 par Alexandre Evariste Fragonard, ces projets de bas-reliefs en trompe l’œil ne seront jamais réalisés.
Fontainebleau, dimanche 8 novembre, Jean-Pierre Osenat Fontainebleau SVV. M. Dey, Mme Lamort, M. Nicolas, Cabinet Dillée, M. de Broglie, Mme Berthelot-Vinchon, M. Millet.
12 000 € frais compris.
Abbé Laurent Berlèse, Iconographie du genre Camellia (...) sous la direction de M. l’abbé Berlèse par M. J.-J. Jung, Paris, 1841, deux volumes in-folio, 201 planches d’illustrations en couleurs, reliure d’époque.

Dites-le avec des fleurs
Introduite en Europe en 1739, la plante dite camélia est ainsi appelée en souvenir du père jésuite Joseph Camelli, un botaniste qui a visité la Chine et le Japon. Passionné d’horticulture, l’abbé Laurent Berlèse cultive plus de 800 fleurs durant la première moitié du XIXe siècle. Notre religieux eut l’idée de lancer une souscription auprès des amateurs qui visitaient ses serres pour réaliser un précieux recueil : reproduisant les nombreuses variétés, il apparaît autant comme un ouvrage d’art qu’un traité scientifique. En dépit d’un troisième tome manquant, notre spécimen était vivement débattu entre le commerce international et divers bibliophiles. Au final, il va rejoindre la bibliothèque d’un client anglais, désireux de mieux connaître la fleur favorite de la courtisane Marie Duplessis, alias «la dame aux camélias» ! Cette étude lyonnaise dispersait aussi une importante collection d’images religieuses : 1 000 € s’inscrivaient par exemple sur une réunion de plus de 200 pièces des XVIIe, XVIIIe et XIXe ; rassemblées sous chemises transparentes dans un classeur, elles désignent les diverses passions de l’homme. On notait encore 5 200 € sur une collection d’environ 110 pièces réunissant des canivets pointillés, des tissus, des images bristol, imprimées sur vélin et parchemin, également XVIIIe, XIXe et XXe.
Lyon, jeudi 29 octobre.
Étienne de Baecque SVV. M. Ajasse.

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