La Gazette Drouot
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La Gazette de l'Hôtel Drouot - Top des enchères
58 560 € frais compris.
Époque Louis XIV, bureau mazarin marqueté sur trois faces, en cuivre et écaille rouge à décor dans le goût de Berain, 79 x 120 x 70 cm.
Mobilier Louis XIV et bronzes Louis XVI
Le programme classique de cette vente affichait des provenances flatteuses, dont les anciennes collections de la baronne de Montboissier ou encore un château de l’est de la France. Le mobilier Louis XIV récoltait quelques bons résultats, à commencer par les 48 000 € du bureau mazarin reproduit, marqueté sur trois faces. Une commode mazarine en placage d’ébène et bois noirci à décor de feuilles de laiton ajouré dans le goût de Berain (l. 112 cm) obtenait pour sa part 31 000 €. Elle ouvre par trois rangs de tiroirs, possède des montants en console terminés par des sabots et se distingue par le décor de son plateau, figurant un fumeur assis. Elle a appartenu au début du siècle précédent à la baronne Schickler, puis par descendance au comte Christian de Pourtalès-Schickler. À 19 000 €, l’estimation était pratiquement doublée pour une table de milieu à marqueterie florale sur fond de bois noirci, reposant sur des pieds gaines marquetés sommés de termes en bois doré, l’entretoise en "X" marquetée surmontée d’un pot fumant, également bois doré (l. 105 cm). Datant du début du XVIIIe siècle, un petit cabinet en bois laqué noir à décor polychrome de fleurs et vases fleuris (105 x 56 x 35 cm) quadruplait à 21 000 € son estimation. Reposant sur un piètement à montants balustre eux aussi entretoisés en "X", ses deux vantaux sertissent sur leur face intérieure des miroirs gravés et découvrent des petits tiroirs. Restons au début du XVIIIe siècle avec, à 20 500 €, une estimation pulvérisée pour une paire de porte-torchères en bois sculpté et relaqué blanc (h. 181 et 176 cm) en forme d’allégories de saisons drapées reposant sur des rochers. Pour les objets d’art, débutons avec les 17 000 € d’un encrier d’époque Louis XVI en bronze ciselé et doré. Rectangulaire, il repose sur quatre aigles aux ailes déployées et comprend un vase sur piédouche encadré d’un encrier et d’un sablier chiffré. Restons en compagnie de bronzes d’époque Louis XVI avec les 16 000 € d’une paire de chenets dorés surmontés chacun d’un lion et centrés d’un masque de Gorgone, ces deux éléments en bronze patiné.
Vendredi 13 mars, salle 1 - Drouot-Richelieu. Brissonneau SVV, Daguerre SVV. Mme de Saint-Marcq, MM. Derouineau, Dubois, Du Daffoy, Froissart, Millet, Portier, Tarantino, cabinet Turquin.
122 500 € frais compris.
Maurice Utrillo (1883-1955), La Rue Saint-Vincent à Montmartre et la maison au toit de chaume, huile sur carton marouflé sur panneau parqueté, 76 x 52 cm.
Rue Saint-Vincent
Les rues de Montmartre n’avaient aucun secret pour Maurice Utrillo. Cette vue de la rue Saint-Vincent en fournit la démonstration, assortie d’une adjudication de 98 000 €. L’endroit pouvait difficilement échapper au peintre, Le Lapin agile - le célèbre cabaret qu’il a maintes fois représenté - se trouvant à l’angle de la rue des Saules et de la rue Saint-Vincent. Cette dernière voisine également avec les vignes de Montmartre, fournissant un doux breuvage dont le peintre a, de manière notoire, un peu trop abusé. Les hauts murs de notre tableau cachent un jardin dont on aperçoit les frondaisons, rappelant qu’il n’y a pas si longtemps, Montmartre, c’était la campagne. Un jardin à l’aspect resté sauvage se cache encore de nos jours à cette adresse. Il est ouvert au public, mais uniquement le samedi. La rue Saint-Vincent a également été célébrée par les chansonniers, Aristide Bruant en tête, qui en 1903 devenait le propriétaire du Lapin agile. Un peu plus tard, Jean Renoir écrivait pour son film French Cancan (1955) une ritournelle, La Complainte de la Butte, qui nous intéresse au plus haut point, car "En haut de la rue St-Vincent / Un poète et une inconnue / S’aimèrent l’espace d’un instant / Mais il ne l’a jamais revue"...
Mercredi 11 mars, salle 7 - Drouot-Richelieu.
Massol SVV.
48 000 € frais compris.
Edgar Pierre Jacobs (1904-1987), planche 61 en deux strips de l’album Le Rayon "U", prépubliée en 1944, encre de Chine et aquarelle de couleur, 29,3 x 32,2 cm.
Avis de records mondiaux pour la bande dessinée !
Bonne nouvelle, la bande dessinée ne connaît pas la crise, cette vente récoltant 2 013 213 € frais compris. 70 % des 823 lots présentés ont changé de mains, le pourcentage montant à 90 % si l’on ne prend en compte que les oeuvres originales. Comme le claironne le communiqué de presse diffusé après la vente : "Pas de bulle spéculative sur la BD" ! Les grands gagnants de ces deux jours de ventes étaient encore une fois Hergé et son célèbre petit reporter, Tintin. Les enchères fusaient aussi bien sur les pièces originales que sur les albums. On se souvient du record mondial absolu pour la bande dessinée enregistré il y a un an, le 29 mars, par la même maison de ventes, avec les 650 000 € de l’encre de Chine et gouache de couleur réalisée en 1932 pour la couverture de Tintin en Amérique (éd. Le Petit Vingtième). Cette fois-ci, c’est un record mondial pour un dessin à l’encre de Chine d’un auteur de bande dessinée que récoltait le même Hergé avec les 310 000 € (372 000 € frais compris) de celui réalisé pour la couverture du Crabe aux pinces d’or (1942, Casterman). Ce jour-là, Hergé était particulièrement inspiré, puisque la composition qu’il a imaginée est toujours utilisée pour la couverture de l'album ! Ce dernier est considéré comme l’un des plus importants. On y voit apparaître le capitaine Haddock et, en raison des restrictions causées par la guerre, l’auteur dut modifier sa technique narrative, en relançant l’action en fin de chaque strip. En effet, le dessinateur ne dispose plus que d'un seul strip dans chaque numéro du Soir pour s’exprimer, et doit donc maintenir l’attention des lecteurs. Un record mondial pour un album de bande dessinée était aussi obtenu, avec les 85 000 € d’un des 5 exemplaires connus publiés en 1943 de L’Étoile mystérieuse (Casterman). Cette édition est dite "alternée", car imprimée en noir et blanc d’un seul côté en alternance avec deux pages blanches, cela pour éviter des problèmes douaniers concernant les envois de feuillets pour les journaux étrangers. Un record mondial était suscité – 60 000 € – pour Les Aventures de Tintin reporter du «Petit Vingtième» au Congo avec l’un des 500 exemplaires du tirage de tête numéroté de l’édition originale (1931). À peine dix exemplaires sont recensés. Intéressons-nous maintenant à Edgar Pierre Jacobs, dont les planches sont rarissimes sur le marché. Aussi les estimations étaient-elles dépassées pour deux d’entre-elles. Prépubliées en 1944 dans le journal Bravo, elles appartiennent au premier album de Jacobs, Le Rayon "U", qui ne sera réellement édité sous forme d’album classique qu’en 1974, chez Lombard-Dargaud. La planche 61 reproduite montait à 40 000 €, poursuivie à 35 000 € par la planche 51, où l’action ne se situe plus dans la mer, mais entre ciel et terre, les héros de l’aventure étant attaqués par une escadrille d’avions futuristes. Le Rayon "U" présente déjà l’ensemble des thèmes que l’on retrouvera dans la série culte de Jacobs, "Les aventures de Blake et Mortimer".
Vendredi 13 et samedi 14 mars, Hôtel Marcel-Dassault.
Artcurial-Briest-Poulain-F. Tajan SVV. M. Leroy.
40 894 € frais compris.
Ado Chale (né en 1928), vers 1970, table basse à plateau en bronze doré et double piètement tripode en métal laqué noir, 32 x 141,5 x 71,5 cm.
Ado Chale passion minérale
A priori rien de minéral dans cette sculpturale table basse, et pourtant... Adjugée 33 000 €, au double de son estimation, elle est l’oeuvre d’Ado Chale, un créateur belge qui s’est largement inspiré des merveilles géologiques de mère nature. La référence s’exprime ici par le traitement de la surface de l’épaisse dalle de bronze qui forme le plateau, à décor appelé "mosaïque minérale". Ferronnier de formation puis sérigraphiste publicitaire sur tole émaillée, Ado Chale découvre la minéralogie à l’occasion d’un voyage en Allemagne. De retour à Bruxelles, il ouvre en 1961 un magasin consacré à cette spécialité. Il va se mettre alors à créer des meubles, objets et luminaires incorporant des minéraux. Les plateaux de ses tables, qu’ils soient en résine incrustée de pierres ou en bronze, reposent très souvent, comme notre table, sur le même type de piètement tripode.
Mercredi 11 mars, salle 10 - Drouot-Richelieu.
Claude Aguttes SVV. M. Plaisance.
39 497 € frais compris. Ordre de la Légion d’honneur, époque Restauration, bijou de grand-croix du modèle dit «de Biennais», or et émail, 9,8 x 6,6 cm, poids 76,85 g.
Collection Schilder
Les 82 lots vendus de la collection Marcel Schilder (1897-1960) - qui constitua dans la première moitié du XXe siècle un ensemble de référence - totalisaient 165 355 € frais compris. Quatre lots se détachaient plus particulièrement. Tout d’abord, le bijou de grand-croix de la Légion d’honneur reproduit, adjugé 32 500 € sur une estimation haute de 10 000 €. D’époque Restauration, il est du modèle dit "de Biennais", le buste d’Henri IV représenté au centre étant signé de Michaut. Les trois cuillères à café en vermeil armoriées provenant du service de Napoléon Ier faisaient plus que doubler, à 13 500 €, leur estimation. Rappelons que deux d’entre-elles sont de Pierre-Benoît Lorillon et la troisième, de Biennais. Le premier Empire n’était pas l’unique centre d’intérêt de Marcel Schilder, une aigle de drapeau en aluminium fondu, cuivré et doré (h. 25 cm) datant du second Empire ou de la IIIe République étant propulsée à 12 500 €. Il s’agit, d’après le modèle 1860 dit "de Marion", de celui du 17e régiment d’artillerie. Terminons avec les 18 500 € d’un mousqueton Treuille de Beaulieu 1854 dit des "Cent-Gardes" à garnitures en fer et laiton, accompagné de son sabre-lance à monture en laiton, la lame droite marquée de la manufacture impériale de Châtellerault, avril 1854.
Mercredi 11 mars, salle 14 - Drouot-Richelieu.
Beaussant - Lefèvre SVV. MM. Dey, Palthey.
73 113 € frais compris.
Line Vautrin (1913-1997), Le soleil a rendez-vous avec la lune ou La Folie, 1958, miroir sorcière en talosel noir, 63 x 84 cm.
Talosel, bronze et vernis Grand Siècle
Si le contenu de cette vente était plutôt d’un classicisme de bon aloi, la meilleure enchère, 59 000 €, revenait au-dessus de l’estimation à une création du XXe siècle, le miroir de Line Vautrin reproduit. Il s’agit d’un des modèles les plus recherchés de la créatrice, ici uniquement décliné en talosel noir au lieu des flamboyances mordorées auxquelles nous a habitués Vautrin. Le rendez-vous du soleil avec la lune se fait donc ici sur une note plus sobre qu’à l’accoutumée. L’autre titre de ce miroir, La Folie, fait directement référence à l’inspiration qui a présidé à sa création : les coiffes des fous du roi tirées de l’imagerie populaire. Profitons-en pour sauter allègrement à la fin du règne de Louis XIV, où nous attend moyennant 53 000 € une commode à décor vernis polychrome et or sur fond noir de guirlandes de fleurs, vases fleuris, volatiles et rubans noués. Ouvrant par trois rangs de tiroirs, elle possède des montants antérieurs mouvementés et ajourés terminés par des sabots de bronze doré. Pour les commodes, signalons les 23 000 € d’un modèle plus classique de la même époque. Ouvrant par trois tiroirs, ses montants antérieurs à pans coupés étant à cannelures foncées de cuivre, elle est plaquée de palissandre à motifs géométriques et se pare d’une riche ornementation de bronzes dorés. Du début du XIXe siècle, une paire de girandoles en bronze doré à pampilles en cristal et cristal de roche était poussée jusqu’à 32 000 €. Chacune éclaire par quatre bras de lumière. Elles battaient une paire d’appliques en bronze ciselé et doré, travail parisien vers 1780 adjugé 28 000 €, juste sous son estimation. Ces dernières sont en forme de lyre suspendue par un noeud de ruban autour duquel s’enroule un serpent, le culot orné d’un masque de satyre laissant s’échapper deux branches avec fruits et feuilles qui rejoignent les enroulement des deux bras de lumière. Basculons franchement au XIXe siècle. Accompagné du pedigree de l’ancienne collection Gustave et Robert de Rothschild, un bureau plat de style Louis XVI vers 1850 enregistrait 45 000 €. Ouvrant par trois tiroirs en ceinture et deux tirettes latérales, il est plaqué d’amarante et de satiné dans des encadrements et filets de marqueterie de citronnier à décor de grecques et de rosaces, le tout relevé d’une luxueuse ornementation de bronze doré finement exécutée. Il repose sur des pieds gaines. À 36 000 €, la fourchette basse de l’estimation était respectée pour une huile sur toile de François Édouard Zier (1856-1924) décrivant un riche Banquet en costumes historiques.
Vendredi 13 mars, salle 5 et 6 - Drouot-Richelieu. Giafferi SVV. Mme Daniel, MM. Ansas, Burgi, Fravelles, Kassapian, Louot, Millet, Pomez, Remy, Schoeller, Vandermeersch, Vendôme Expertise.
60 165 € frais compris.
Table de nuit en gaine en acajou et placage d’acajou à décor de bronzes dorés, par Jacob Desmalter, époque premier Empire, 80 x 40 x 33 cm.
La fidélité au premier Empire
Un pedigree fameux, un artiste de premier plan... Toutes les conditions étaient réunies pour attiser la convoitise des amateurs ! Ils sont d’ailleurs venus nombreux assister à la dispersion de la collection d’Yves Jeanpierre, fidèle admirateur de Napoléon. Tout en haut du palmarès, notre table de chevet possède en effet bien des atouts. Le précieux meuble a fait partie des souvenirs chers à Louis-Antoine Fauvelet de Bourrienne, qui fut le secrétaire particulier de l’Empereur de 1797 à 1802. Tous deux avaient partagé les bancs de l’école de Brienne, en Champagne. Fauvelet de Bourienne suivit Bonaparte en Italie et, après ses bons offices dans l’intimité de l’Empereur, fut nommé chargé d’affaires à Hambourg, en 1804. Rallié aux Bourbons en 1814, il devint ministre d’État... Notre ravissant chevet provenait donc de la fameuse succession du diplomate, dispersée en 1975 à Honfleur, où notre collectionneur l’avait acquis pour la somme de 10 800 F, soit aujourd’hui quelque 7 000 €. Un meuble similaire, provenant du château de Rambouillet, orne actuellement les petits appartements de l’impératrice au musée national du château de Fontainebleau. À cette provenance quasi impériale, il faut ici ajouter la renommée de l’ébéniste, principal fournisseur du Garde-Meuble. Issu d’une illustre dynastie, Jacob Desmalter est en effet l’auteur de meubles raffinés parmi les plus fameux du premier Empire. L’album de Percier et Fontaine reproduit d’ailleurs le dessin d’un modèle similaire, où l’on retrouve les motifs des flambeaux, des boutons de pavots et du chien, fidèle à la gloire de son maître...
Saint-Germain-en-Laye, dimanche 15 mars.
Alain Schmitz - Frédéric Laurent SVV. M. Dey.
204 000 € frais compris.
Jacques Majorelle (1886-1962), Le Marché aux dattes, Marrakech, peinture à la détrempe sur toile, 59 x 72 cm.
Majorelle et Marrakech
Ce tableau haut en couleur, présenté comme la pièce phare de cette vente bretonne, tenait toutes ses promesses. Situé à Marrakech, il est l’oeuvre de Jacques Majorelle, un spécialiste du genre. D’origine nancéienne, le jeune homme est d’abord le témoin privilégié de l’école de Nancy, dont son père, Louis Majorelle, le célèbre ébéniste, est l’une des personnalités marquantes. En 1917, notre peintre âgé de 31 ans découvre le Maroc, Tanger, puis Marrakech, l’ancienne cité impériale où il s’établit. Prolongeant les découvertes artistiques faites en Égypte, Jacques Majorelle va élaborer une vision personnelle du Maroc. Intégré à la communauté européenne comme au milieu arabe, il est reçu par le pacha de Marrakech quelques mois après son arrivée. Subjugué par la lumière, les odeurs de la "ville rouge", il représente les habitants saisis au quotidien. Avec autant de virtuosité, il transcrit aussi le pittoresque des lieux, développant un jeu d’ombre et de lumière marqué de couleurs chatoyantes. Après avoir logé dans plusieurs résidences de l’ancienne cité impériale, Jacques Majorelle, devenu le "peintre de Marrakech", se fait construire, en 1923, une imposante villa de style mauresque dite Bou saf-saf, à la limite de la palmeraie. Avec son épouse Andrée Longueville, il installe derrière la villa de nombreux ateliers afin de favoriser les productions régionales. Carrefour commercial pour le Maroc, Marrakech développe effectivement de nombreux souks réputés et des marchés de toutes sortes, comme l’illustre notre tableau. Disputé avec ardeur entre divers amateurs, il gagne au final la collection d’un grand collectionneur marocain, bien au-delà des estimations.
Rennes, dimanche 15 mars.
Bretagne Enchères SVV. M. Maket.


La collection
YSL Bergé




La "vente du siècle" a tenu toutes ses promesses et même plus, célébrant l’oeil et le goût d’un couple de collectionneurs, qui entre dans la légende du marché de l’art.
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