Les Romains disaient « du pain et des spectacles », qu'il serait à désirer que tous les gens de lettres eussent le courage de dire : « du pain et de la liberté! » (D'Alembert, Essai sur la société des gens de lettres et des grands, sur la réputation, sur les mécènes, et sur les récompenses littéraires)
... il paraît que les grèves, ça ne se voit pas. Dans l'enseignement supérieur et dans la recherche, c'est un peu vrai. Par excès de conscience professionnelle, on fait quand même cours « pour ne pas nuire aux étudiants » ou, quand on cesse un cours, on double son travail de recherche à la même heure « pour rattraper le temps perdu », etc.
Résultat: on est des poires, ils se croient tout permis. Les services d'enseignement vont être à la tête du client. Les universités sont « autonomes » sans budget et seront donc bientôt contraintes de porter le chapeau en rendant les études payantes. Le contrat « unique » des doctorants est en fait un CPE: le thésard pourra être viré sans motif dans les 6 premiers mois, on pourra sans lui demander son avis le contraindre à être le boy gratos d'une boîte privée un jour par semaine (le rétablissement des corvées ?). La formation des maîtres est saccagée. Le CNRS est supprimé, les sujets de recherches doivent être approuvés par les énarques et le MEDEF. Les postes seront précaires à vie sauf pour quelques managers. On est jugés sur des critères ineptes: un volume des O.C. de D'Alembert, c'est 10 ans de travail et 0 point au classement de Shanghaï.
Et maintenant le plus haut personnage de l'Etat se permet de nous insulter, de nous traiter d'inutiles, de fainéants et de bons à rien, de nous menacer de pire. Au temps de la monarchie absolue, Louis XV, lui-même, autre chanoine honoraire de Saint-Jean-de-Latran, ne se serait jamais permis de parler ainsi au dernier des adjoints botanistes.
Alors, jusqu'à quand va-t-on continuer à supporter ça ? Oui, il faut que ça se voie ! Theuth a décidé de se débrancher, eh bien, faisons de même, envoyons une réponse automatique aux mels comme le font certains quand ils partent à l'étranger, débranchons les listes, les sites partout en remplaçant la page d'accueil par « grève ». Diffusons-leur les passages significatifs de l'Essai sur les gens de lettres et les grands, faisons connaître les projets de réforme de 1769 pour créer une égalité entre les académiciens et non cette hiérarchie stupide qui faisait élire les adjoints géomètres par les mandarins de médecine qui n'y connaissaient rien. Parlons de l'indépendance recherchée par notre savant préféré et cessons de nous faire manger la laine sur dos, comme disait Condorcet son disciple.